Le Labyrinthe du temps
de Maxence Fermine

critiqué par Fanyoun06, le 22 novembre 2009
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Conte philosophique magnifique
XIXème siècle : En Russie, sous le règne d'Alexandre 1er, un moine archimandrite Vassili Evangelisto décide de partir prêcher la parole de Dieu aux peuples non chrétiens et d'évangéliser les arabes. Le voyage en bateau s'achève par un naufrage dont il sera le seul rescapé. Son périple le fait échouer sur une île nommée Labyrinthe. Ile bien mystérieuse qui ne figure sur aucune carte et d'où il est impossible de repartir.

Les habitants sont également bien étranges, sous l'envoûtement d'une drôle d'horloge nommée Clepsydre, qui qui fait retentir son tic-tac ou au contraire s'arrête de fonctionner. Sous l'emprise d'un sortilège, la vie de ces habitants est rythmée par des évènements qui frôlent le paranormal tels que des nuées de papillons bleus, porteurs de bonnes ou mauvaises nouvelles. Ce peuple vit simplement, se laissant porter au gré du temps qui passe et répète inlassablement leurs habitudes, leurs manières de vivre sans surprise, sans envie de changer cela, il vit.

Et il y a un coffret que Vassili Evangelisto a emporté avec lui. Un mystérieux coffret en bois. Un des trois coffrets existants dans le monde, l'un en bois d'olivier, le deuxième en cèdre et le troisième en ébène, qui une fois réunis et combinaison trouvée, sont censés donner accès à la Vérité.

Ce roman est magnifiquement et ressemble davantage à un conte philosophique. Il nous invite à réfléchir sur notre propre existence, sur l'existence de manière générale que nous ne pouvons contrôler. Il m'a interpellé et a été l'objet de multiples réflexions, symbolisme aidant. A lire.
Ambivalence 6 étoiles

L’archimandrite Vassili Evangelisto annonce au tsar par un froid glacial son départ pour l’orient afin d’évangéliser les Arabes. En chemin il achète un coffre bien mystérieux. Avec deux autres coffres, un en cèdre, un en ébène, il est loisible d’espérer accéder au trésor de vérité de Tahar le Sage. Le bateau sur lequel voyage Evangelisto est attaqué par les arabes et lui seul rescapé de ce naufrage échoue sur une ile jamais répertoriée sur aucune carte. Débarquant sur la crique du diable, il délivrera la population d’une léthargie profonde, sera nommé par décret occulte gouverneur et sera au centre d’une fabuleuse machinerie qui fera se rencontrer en un même lieu les détenteurs des trois coffres dont la trace semblait perdue à jamais.
J’éprouve une certaine ambivalence face à ce livre. A un premier degré il m’a plu. Le récit est même à certains moments envoûtant. L’ile est bien mystérieuse. L’étrangeté est à son maximum. Les énigmatiques nuées de papillons bleus qui annoncent tantôt un évènement heureux ou malheureux, les dérèglements de la clepsydre qui plongent tantôt les habitants dans un la torpeur ou un temps effréné, l’inexpliqué quasi coma de Vassili Evangelisto, l’impossibilité de s’échapper de l’ile… On ne peut s’empêcher à l’approche de certains indices de penser à la recherche du fameux codex du Da Vinci Code de Dan Brown. Mais à un deuxième degré il y a comme quelque chose qui ne cadre pas. Ce mélange de réalisme et de merveilleux ne font pas toujours bon ménage de sorte que l’on assiste à une mise en espace où le fantastique ne prend pas entièrement. Il y a un décalage en noir et blanc entre ces deux pôles. Et on reste sur sa faim. Ce fabuleux trésor de vérité n’est rien d’autre que la sentence de vivre l’instant présent. Alors certes c’est une excellente idée que de dire qu’à l’image de Mendoza ceux qui sont entièrement tournés vers le passé sont autant à côté de la vie que ceux qui à l’image de Parga sont tout entiers tournés vers le futur. C’est bien sûr un thème universel qui interpelle tous. Mais je trouve que le noyau de cette philosophie ne demandait pas le déploiement d’un tel récit ; à l’image des protagonistes on a l’impression d’être parachuté sur cette ile ou on ne voit pas toujours très bien où l’auteur veut en venir. Si la clepsydre est symbolique de la fuite du temps ou de l’arrêt, on ne perçoit pas l’aspect de celle-ci sur l’âme des habitants. Les insulaires semblent vivre leur vie comme s’ils étaient des cartons pâtes à grands coups de pinceau et leur psychologie manque d’épaisseur.

Hibou - - 49 ans - 14 mai 2010