L'Ecureuil noir
de Daniel Poliquin

critiqué par Leroymarko, le 16 novembre 2009
(Toronto - 51 ans)


La note:  étoiles
Un bon roman signé Poliquin
Calvin Winter a 40 ans. Il fait paraître une notice nécrologique annonçant sa mort. C’est pour en quelque sorte tracer une croix sur son passé et commencer une nouvelle vie. Tout au long du livre de Daniel Poliquin, le lecteur est invité à explorer ce passé et à lorgner vers l’avenir. Chemin faisant, Poliquin brosse un tableau de sa «petite capitale coloniale», Ottawa. En fait, dans les livres de Poliquin, Ottawa tient le rôle que Paris tiendrait dans les récits de certains auteurs français. Chemin faisant aussi, l’auteur effleure le sort réservé aux Canadiens-Français. Ceux qui ne vivent pas au Québec. Ceux qui, comme son ancêtre, ont été assimilés. Ainsi, Alexandre Ouinetaire est devenu Alexander Winter.

À travers les rencontres d’une vie, les maux de certains. Le locataire amérindien, par exemple. Ce qui ramène à Calvin le souvenir d’un copain de classe métis, Pierre Marquis. Métis d’origine française. Double souffrance. Daniel Poliquin, comme dans d’autres de ses romans, donne une bonne place aux persécutés du moment: autochtones, homosexuels, Canadiens-Français dont on déplore le parler… Il s’agit donc de l’histoire d’une vie, celle de Calvin Winter. Une vie qui n’est bien sûr pas terminée. Voilà pourquoi l’auteur parle d’«épilogue provisoire» à la toute fin. Une vie qui nous en fait connaître d’autres.

On reconnaît le style de l’auteur, ce va-et-vient entre le passé, le présent et l’avenir. Ces digressions pour nous présenter une quelconque cause sûrement chère à Poliquin. On aime ou on n'aime pas. En fait, on peut adorer un passage et le trouver insignifiant le lendemain. Dans l’ensemble, toutefois, cet ouvrage reste intéressant et donne envie de lire d’autres romans du même auteur. Pas étonnant que L’écureuil noir fut bien reçu par la critique.