Au bonheur des larmes
de Marie-Aude Murail

critiqué par Mallollo, le 13 novembre 2009
( - 42 ans)


La note:  étoiles
Emilien, ado, moniteur de colo
Emilien, ado, moniteur de colo cet été. Ne sait pas pas fabriquer des marionnettes, des cabanes, faire la chandelle ou organiser une promenade sans se perdre. N'a aucune idée de ce que c'est qu'un "projet psychopédagogique" et se demande encore comment il va bien pouvoir "guider les enfants sur le chemin de l'autonomie", lui qui aurait parfois tellement envie de serrer un nounours - n'importe lequel - contre lui. Et pourtant: Emilien, moniteur de colo cet été.... ça promet!

Entouré d'une équipe de choc, prête à développer des trésors d'imagination pour occuper les gamins, Emilien semble tombé comme un cheveu dans la soupe. Il se rend vite compte de son inutilité au quotidien, essaye de rattraper le coup en prenant des initiatives.... hélas toutes aussi catastrophiques les unes que les autres, du moins selon la directrice de colo. Non, Emilien, on ne sort pas sous la pluie pour boire de l'eau, non on ne promène pas des "escagros" sur soi toute la journée pour finir par les installer dans le dortoir! Non, on ne joue pas au roquet enragé qui aboie après les petites filles! Non, on n'écrit pas sur la carte postale dictée par un marmot de 4 ans "Ze m'ennuie, ze mange pas et ze pleure tout le temps"! Ce n'est pas "pédagogique", Emilien, c'est complètement con, qu'elle t'a dit, la directrice de colo...

Jusqu'au jour où la tendance s'inverse: Emilien prend confiance en lui, s'affirme et se trouve des alliés: des moniteurs et surtout les enfants. Les enfants qui, à défaut de le trouver pédagogue et constructif le trouvent vrai, chouette, quoi. Emilien trouve petit à petit sa place dans cette colo, lui qui avait déjà du mal à trouver sa place en lui-même.

Marie-Aude Murail, ce sont ces thèmes à la fois universels et actuels, mais surtout une plume qui accroche l'oeil. Bon, une fois lu le 14e opus, je ne dis pas qu'on reste encore surpris de ses trouvailles, mais elles touchent à mon avis parfaitement leur cible. J'ai voulu sélectionner quelques extraits pour illustrer la patte de l'auteur, mais pas moyen de faire un choix, de s'arrêter avec une page ou deux...

"Au bonheur des larmes" s'adresse aux 9-12 ans, si on se fie à l'éditeur, mais je l'ai lu à 14 ans, en lecture scolaire imposée. Et je l'ai relu la semaine passée, avec autant de bonheur que la première fois (et toutes les suivantes). J'ai 27 ans et ce soir, je dors avec mon nounours tout contre moi, pour me rappeler...