Le journal d'un fou
de Nicolas Gogol

critiqué par Pétoman, le 29 décembre 2001
(Tournai - 48 ans)


La note:  étoiles
Fou fou fou
Trois nouvelles font ce livre. "Le journal d'un fou", ca devait être assez original pour l'époque, mais quand on a lu Vian et Queneau, ça ne nous surprend plus guère. Du moins sait-on qu'il y en a un un qui a une étrange verrue sous le nez.
Je n'ai pas trouvé cette histoire incroyable mais peut-être était ce qu'en lisant ce livre, je découvrais les musiques de cinéma de Serge Gainsbourg et le génie de Serge a dû occulter celui de Gogol. Mais "le tableau", lui, m'a bien plus enthousiasmé... un peintre pauvre de génie, découvrant la gloire se rend compte que son talent se tarit à force de ne faire que ce qui plait au public. Enfin, moi, pour parler personnellement, comme je n'ai pas encore la gloire, je profite que mon génie ne s'est pas tari pour vous en donner un max jusqu'à ce que je sois une vedette. Un bon bouquin, quoi, mais qui n'est pas à la hauteur de son succès.
Où on déteste les chiens et les fonctionnaires 7 étoiles

Journal rédigé dans un morcellement progressif du socle de la conscience et de la relation au réel, délires et hallucinations au menu, amenant le personnage à dialoguer avec les chiens et s'imaginer Roi d'Espagne... Un conte saisissant pour l'époque, un style riche, des images fortes, et un univers à la fois mystérieux et métaphorique. Voilà ce qui constitue ce Journal d'un fou.

Ayant lui-même été fonctionnaire, Nikolai Gogol excelle dans l'art de dépeindre ce monde de castes où chacun vient jouer son rôle de façon impersonnelle, sans empiéter sur le "terrain" du voisin. Univers absurde où la folie semble finalement être une solution logique.

"Le journal d'un fou" ne dépasse certes pas la longueur d'une nouvelle donc mais sa portée est bien plus grande, laissant encore quelques échos et résonances dans notre époque "moderne".

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 18 août 2015


Vent de folie 9 étoiles

Des trois nouvelles qui composent ce recueil, "Le portrait" m'a particulièrement plu. Nicolas Gogol lui apporte un côté fantastique que j'ai beaucoup apprécié, et j'ai éprouvé de l'empathie pour ce jeune peintre sans le sou qui attend en vain que son talent soit reconnu.

"Le Journal d'un fou" nous emporte dans une véritable tourmente, donne le frisson quant à la folie qui touche cet homme subrepticement, dans un premier temps, puis de plein fouet.

"La Perspective Nevsky" ne manque pas de piquant. Cette avenue aux mille facettes offre ses charmes à qui veut bien l'emprunter, tantôt agréable, tantôt beaucoup moins, grisant ses passants et les livrant à la débauche...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 19 novembre 2013


Hallucinant ! 10 étoiles

Comme le personnage !
L'histoire commence par un journal du 3 octobre qui se termine le " Jo 34è ur Ms nnaéé février (à l'envers)349"
La descente aux enfers d'un tout petit fonctionnaire, qui ne comprend ni le sens de son travail, ni son rapport à la hiérarchie, terriblement seul et qui sombre, doucement, mais sûrement .....
Et qui tombe amoureux de qui il ne devrait pas !
Chaque jour est plus délirant que le précédent ! La construction de cette montée de folie au quotidien est fascinante !
Le personnage est attachant ! Il ne comprend pas le monde qui l'entoure, entretient un rapport privilégié et onirique avec les chiens et devient roi d'Espagne ....!
Ce livre est construit à partir de l'écrit au quotidien du héros (?) qu'on voit tomber dans une horrible déliquescence !
J'adore Gogol (le nez, le manteau, les âmes mortes..) mais le journal d'un fou est si poignant qu'il reste mon préféré !
Une nouvelle à découvrir, pour ceux qui ne connaissent pas, à relire pour les autres !

Et, pourtant, en règle générale, je n'aime pas les nouvelles !

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 18 novembre 2011


Pour une première je suis assez contente! 7 étoiles

Première fois que je lis cet auteur et j'ai trouvé cette histoire tout simplement géniale. J'aime beaucoup la façon dont elle est tournée, l'évolution du récit. Le personnage est très étrange et on se demande vraiment ce qui lui passe par la tête.

Il y a des moments assez drôles et j'ai passé un bon moment de détente à écouter ce récit. Je compte en découvrir d'autres du même auteur.

(découvert en audiobook)

Lalie2548 - - 39 ans - 4 février 2011


Quel talent ! 8 étoiles

Vous êtes un pauvre fonctionnaire qui taille des plumes et vous tombez amoureux de la fille de votre patron... Il y a de quoi devenir fou. Non ? Regardez voir cela d'une autre manière: vous êtes en visite dans un asile et vous voyez dans sa cellule un pauvre bougre qui proclame à haute voix: "Ecrivez sur un papier , ça se lira !" Vous vous dites tout de même que ce type est complètement sonné et même comique! Et bien non, car vous avez lu Gogol et vous vous posez cette question: "Qu'est-ce qui s'est donc passé dans la vie de ce personnage pour qu'aujourd'hui il soit en train de dire que demain, la Terre se posera sur la Lune qui est peuplée de nez ?" N'est-ce pas ?

Zolien - - 58 ans - 25 avril 2006


La nouvelle "Le Journal d'un fou" 10 étoiles

Popritchine, petit conseiller titulaire, jalouse son supérieur et tombe amoureux de la fille de ce dernier, Sophie, qui doit malheureusement pour lui épouser un homme "gradé". Cette femme, c'est le diable, la tentation de l'occident qui impose son modèle à la Russie du début du 19ème siècle, n'épargnant pas Popritchine, jouant à ressembler au prétentieux occidental. Le désir charnel, c'est le diable qui l'a procuré, souvenez-vous, lors de la Traversée du désert par le Christ, cette offrande de l'eau si tentante qu'il acceptât, symbole de la chute de l'homme dans la matérialité, privé de son esprit...
L'amour impossible, prétexte à la soif de pouvoir, le mène progressivement à l'auto-destruction. Devenant fou, il se prend pour le roi d'Espagne et en oublie Sophie.
Gogol nous fait donc pénétrer implicitement dans la chute d'un monde traditionnel, perturbé par l'arrivée des Occidentaux, dont le héros est le pion.

Stéphanie B. - - 45 ans - 13 juin 2005


Décidemment ! 9 étoiles

Gogol ! Quel vitalité chez cet auteur !

Ce recueil de nouvelles est un vrai régal qui n'a d'égal que son roman "Les âmes mortes" ( Tarass Boulba m'a moins convaincu ) hélas inachevé...

Je le conseille chaleureusement !

Duncan - Liège - 43 ans - 22 février 2004


Rouski-parouski. 9 étoiles

"Le Journal d'un Fou " est une nouvelle incontournable de la Littérature. Encore plus agréable quand elle est lue à haute voix. Une descente vers la folie douce d'un fonctionnaire, qui, au pasage, nous décrit la différence des niveaux sociaux quasi comparable à ceux de l'Inde. On retrouve cette sorte d'obsession dans toute la littérature russe. Mais, au nom du Ciel ! pourquoi ces ânes bâtés ne reconnaissent pas que le narrateur n'est rien d'autre que : le Roi d'Espagne ? La dernière page est une pure merveille et la dernière phrase - comme le souligne Jules - nous rend le sourire : " Au fait, savez-vous que le bey d'Alger a une grosse verrue, juste sous le nez ? "
"La Perspective Nevsky " est également un bijou. A pointer, les avantages et les désavantages de la beauté féminine ( les misogynes se délecteront ) et la description de la mentalité allemande qui n'a pas changée d'un iota depuis un siècle et demi ( les anti-Teutons se régaleront itou ! ). Et que dire de tous ces personnages qui déambulent nonchalamment sur la Perspective Nevsky ? Que l'habit ne fait pas le moine ...

Catinus - Liège - 73 ans - 15 novembre 2003


merci l'éducation nationale 9 étoiles

C'est bizarre personnellement j'ai compris ce que Pétoman a voulu dire même si c'est un peu tordu...
Les nouvelles de Petersbourg: drôle d'ambiance dans la ville, ça donne envie d'aller y faire un tour. La folie, Gogol connaît bien parce qu'il a mené son existence constamment entre deux mondes, et ça se sent. Ces nouvelles sont vraiment géniales et je conseille à ceux qui souhaitent les lire de le faire un jour pourri du mois de décembre, froid et sec, après avoir été plongé deux semaines dans une solitude bien glauque... ou mieux encore: de les lire sous une grosse fièvre hivernale, mais c'est un coup à devenir dément, attention. J'ai découvert ces nouvelles grâce au lycée et la même année y'avait les fleurs bleues de Queneau et La règle du jeu de Jean Renoir, alors je dis bien haut et fort : merci l'éducation nationale!

Nevermore - Rennes - 42 ans - 3 juin 2002


Tout a fait d'accord avec Jules 10 étoiles

J'ai beaucoup aimé ces nouvelles moi aussi et j'ai beaucoup apprécié le journal d'un fou en particulier. et moi non plus je ne comprends pas vraiment ce qu'a voulu dire Pétoman avec sa critique "gainsbourg vs Gogol" !!!

Tophiv - Reignier (Fr) - 49 ans - 3 janvier 2002


Merci Librio de m'avoir fait découvrir cet auteur! 9 étoiles

Le journal d'un fou de Nicolas Gogol, rien que le titre et l'auteur m'ont donné l'envie de dévorer ce bouquin et je n'ai pas du tout été déçu!
C'est aussi "le portrait" qui m'a le plus impressionné dans ces nouvelles. Mais plutôt que d'acheter ce volume chez Librio, je conseillerais d'approfondir avec l'édition folio "Nouvelles de Pétersbourg", qui reprend les mêmes mais est plus complète, avec un ajout non négligeable au portrait notamment. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur avant d'ouvrir ce livre, apprenant que cet auteur est renommé, je me dit que ce n'est certainement pas volé! Quelqu'un aurait il lu "les âmes mortes" de lui? En passant, chez librio après avoir découvert Gogol j'ai pu poursuivre mon exploration de la littérature russe avec Anton Tchekov, le recueil "la salle n¡6" (pas sûr que ce soit le titre exact, est lui aussi excellent.

Virgile - Spy - 45 ans - 1 janvier 2002


Je ne comprends pas très bien... 8 étoiles

Tu lis Gogol et en même temps tu écoutes Gainsbourg ?... Et tu conclus que "Le journal d'un fou" ne mérite pas sa réputation... Et pourquoi pas que le musique de Gainsbourg n'est pas si terrible ?... J'adore Gainsbourg aussi. Gogol, pas à sa juste place ?... Pour pouvoir dire cela tu aurais dû le lire sans Gainsbourg ! Quand Gogol décrit la ville, dans "Perpective Nevski" et écrit: "L'extraordinaire bigarrure de cette foule le décontenança totalement; il lui semblait que quelque démon avait émietté le monde en une multitude de fragments et brassé tous ces fragments à l'aveuglette, à tort et à travers"... Et quand il parle de la beauté et de la débauche: "De fait, jamais la pitié ne s'empare aussi fortement de nous qu'au spectacle de la beauté atteinte par le souffle délétère de la débauche. Que celle-ci s'allie à la laideur, passe encore, mais la beauté, la tendre beauté... elle ne s'accorde dans nos pensées qu'à la chasteté et à la pureté."... Dans "Le portrait" il nous montre bien qu'il s'y connaît en art et qu'un artiste qui se réfugie derrière les règles, c'est parce qu'il se sent fini. Il n'y a plus d'art quand on ne viole plus les règles. Toutes les plus grandes oeuvres se créent en opposition. Quant à la verrue sur le nez, on aurait pu en dire bien des choses...
Et "Le manteau"... La quatrième phrase nous en donne déjà un aperçu: "A l'heure actuelle, chaque particulier croit que si l'on touche à sa personne, toute la société en est offensée." Non, vraiment ! Tu as lu Gainsbourg et écouté Gogol, ce n'est pas possible autrement !... Mais après tout à chacun son droit. Par contre, ce que je ne comprends pas du tout, c'est que tu dise "pas conforme à sa réputation" mais que tu lui donnes cinq étoiles... Là je ne suis vraiment plus !... Tu lui en aurais mis combien s'il avait été à la hauteur de sa réputation ? Mon but n'est pas du tout de t'ennuyer, mais j'ai beaucoup aimé ces nouvelles, alors je les défends.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 31 décembre 2001