L'homme qui m'aimait tout bas
de Éric Fottorino

critiqué par CC.RIDER, le 9 novembre 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Longue déclaration d'amour filial
Le 11 mars 2008, Michel Fottorino, kinésithérapeute d'origine tunisienne et beau-père de l'auteur, se suicide en se tirant un coup de fusil dans la bouche sur un parking proche de La Rochelle. Il a plus de soixante-dix ans et se débat dans de grandes difficultés financières et existentielles. Sans doute ne veut-il pas vivre une longue déchéance, un accident vasculaire lui ayant déjà fait tâter des risques du grand âge. L'auteur lui sera éternellement reconnaissant de l'avoir officiellement adopté alors qu'il avait dix ans et qu'il était issu d'une liaison que sa mère avait entretenue avec un étudiant juif marocain. Il revient sur les lieux du drame et se pose bien des questions et en particulier celle-ci : s'il s'était comporté différemment, aurait-il pu empêcher ce drame ?
Ce livre n'est pas un roman, mais une sorte de notice nécrologique, une longue déclaration d'amour filial qui aurait pu ne jamais quitter le cercle de famille si l'auteur n'avait été un écrivain reconnu, à l'oeuvre couronnée par de nombreux prix littéraires et surtout le directeur du prestigieux journal « Le Monde ». Interrogation sur l'amour qui transcende les liens du sang, la vie, la mort et le temps, ce texte peut, à travers cette histoire très personnelle, atteindre à une certaine forme d'universalité. Son père préférait toujours le silence aux paroles, lui est l'exact contraire. Nul doute que jeter cette tragédie humaine sur papier dut lui servir de thérapie...
« Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil », écrivit Montherlant.
admirable 10 étoiles

Éric Fottorino dans "L'homme qui m'aimait tout bas", raconte l'histoire de son père adoptif, ce masseur aux mains d'or…
Imaginez un peu ce qu'était la vie d'un petit garçon, bâtard d'une fille-mère, dans la province profonde des années 60. Quand un père se présente qui, non seulement épouse la mère, mais reconnaît l'enfant, âgé de dix ans, c'est une renaissance pour ce dernier. Il a enfin un nom, un père. Et quel père ! Qui le prend en affection profonde, fait avec lui des virées à bicyclette, lui fait prendre conscience qu'il ne sera jamais un champion cycliste, sans pour autant le décourager (quand pour la première fois, le fils adoptif dépasse le père dans une côte : « Petit salaud !» lui dit-il, mais avec quelle fierté, car il lui a tout appris, des secrets des pignons et des dérailleurs, des positions et de la prise au vent, et il sait qu'un jour, un père est dépassé par son fils). Éric a trouvé son «héros avec ses failles, d'autant plus attachant que rongé en secret par d'impénétrables démons.» Devenu écrivain, il lui apporte son premier livre, tout imprégné de lui. Et il faut le suicide de ce père adoré pour que le fils essaie de comprendre leur lien, de l'approfondir et ce par l'écriture : « Sans doute ai-je trop prêté à l'écriture. Par elle j'espérais descendre au fond de ton gouffre », avoue-t-il. "L'homme qui m'aimait tout bas" est un livre magnifiquement sensible, presque magique, où l'auteur a su retrouver les sentiments mélangés de l'enfance et de l'adolescence. Toutes proportions gardées, il est pour un père, aussi beau que, pour une mère, le fameux livre d'Albert Cohen, "Le livre de ma mère", que je recommande aussi vivement à ceux qui ne l'ont jamais lu.

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 20 juin 2013


Un témoignage touchant 8 étoiles

Un roman ou témoignage autobiographique, le livre que tout un chacun aurait aimé écrire sur son père, un bel hommage à celui-ci. Un constat, toutes les questions non abordées de son vivant resteront sans réponse à présent et le regret de n’avoir pu l’empêcher à faire le pire, le suicide. Une belle histoire d’amour entre ce fils et ce père d’adoption.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 27 janvier 2012


Hommage touchant 9 étoiles

Ce célèbre journaliste rend hommage à son beau-père, dont il a pris le nom, suite à son adoption,disparu brutalement, mais dont la mort est un peu à l'image de sa vie gouailleuse, solaire et sans prétention.
C'est par l'anecdote qu'il livre l'essentiel, par une suite de cas révélateurs de sa révélateurs, et il choisit de livrer par bribes les éléments prépondérants de son existence, de leur vie commune et des sentiments tacites mais sûrs qui les liaient.
C'est juste un beau livre émouvant, relatant d'une vie à la fois simple et originale.

Veneziano - Paris - 46 ans - 20 septembre 2011


Le nom du père 9 étoiles

Tout ayant été dit -ou presque- par CC.RIDER et Ddh, je préfère laisser la parole à Eric Fottorino : «Je suis né quand j'ai pu un jour le ceinturer de mes bras et l'appeler Papa sans qu'il ne fasse rien d'autre que me passer sa main dans les cheveux» et, plus loin «Tu m'aimais tout bas, sans effusion comme on murmure pour ne pas troubler l'ordre des choses. Tu m'aimais tout bas sans le dire, sans éprouver le besoin d'élever la voix» Et puis, beaucoup plus tard «Je revois son sourire, son émerveillement de gosse quand il lut pour la première fois mon nom, le sien, dans le Monde en novembre 1981»
Ce livre hommage envers un père adoptif qui, un jour lui donna son nom pour un autre jour se donner la mort, a été pour l'auteur le préliminaire indispensable à sa réconciliation ultime avec son père de sang dans «Questions à mon père».

Isis - Chaville - 79 ans - 25 novembre 2010


Hommage filial 8 étoiles

L’auteur, Eric Fottorino, se livre et essaie de comprendre le geste fatal de son père. Un sujet délicat mais abordé avec beaucoup de pudeur. Une occasion pour l’auteur de réfléchir sur sa vie avec son père adoptif.
Eric Fottorino, directeur du journal Le Monde, a obtenu le Prix du roman France Télévisions 2004 avec Korsakov. Baiser de cinéma lui valut le Fémina en 2007. Il nous revient avec L’homme qui m’aimait tout bas, un émouvant hommage à son père masseur kinésithérapeute.
Michel Fottorino, masseur kinésithérapeute. Voilà ce que l’on pouvait lire sur la plaque cuivrée de la façade de son père. Un père adoptif qui l’aima, à sa manière, toute de discrétion mais combien présente… tout bas. Dès les premières lignes, on lit un compte-rendu des circonstances tragiques de la mort de son père, un suicide d’un coup de fusil. Pourquoi ce geste ? Terrible interrogation qui hante la mémoire d’Eric. La vie avec son père lui revient en flashes, souvenirs heureux, souvenirs d’un père aussi grand-père de ses enfants, souvenirs de la vie de son grand-père en Tunisie, de son père à Tlemcen, souvenirs de la fin de vie de son père, plus difficile tant pécuniairement que physiquement.
Eric revoit son père et son géniteur à son mariage. Eric revoit sa tante Zoune, son enfance, son adolescence, toute sa vie d’adulte avec une présence trop furtive et occasionnelle de son père. Des vies parallèles…
Eric partage ses interrogations avec le lecteur, sans pathos mais en communion avec lui. Il ravit le lecteur avec une écriture fluide mais toujours en recherche d’expressions qui frappent, de pirouettes imagées.

Ddh - Mouscron - 83 ans - 16 mars 2010