Mes illusions donnent sur la cour
de Sacha Sperling

critiqué par BONNEAU Brice, le 2 novembre 2009
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Beau comme douloureux
En période de rentrée littéraire, il est difficile de sortir du lot quand on publie son premier roman, et que la presse s’obstine dans les grandes largeurs à critiquer les titres des auteurs les plus attendus. Sacha Sperling, « fils de », voit pourtant son premier roman publié chez Fayard à tout juste dix-huit ans.

Plongé dans ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler la « jeunesse dorée » des beaux quartiers parisiens, le lecteur fera la connaissance de Sacha, un jeune adolescent d’à peine quatorze ans, étudiant en troisième dans un collège bien fréquenté.
Il rencontrera au hasard d’un voyage Augustin, un garçon de son collège un peu plus âgé que lui. Entre eux s’établira une complicité teintée d’admiration et de désir, qui deviendra plus qu’une simple amitié. Sacha est perdu, amoureux, sous l’emprise complète d’Augustin, et ne vit que lors de ses soirées en boîte où il découvre les filles, l’alcool et la cocaïne.

On pourrait voir dans ce roman « à l’américaine » une version française d’un Bret Easton Ellis, où se mélangent les corps, les sexualités et les abus chez une jeunesse s’ennuyant de la vie, baignant dans le confort et l’argent de parents trop occupés à ne pas s’occuper d’eux. Pourtant, j’y vois surtout l’histoire d’un adolescent éperdument amoureux d’un garçon mystérieux, sombre et sûr de lui, qui par amour se laisse emporter vers un monde qui ne lui convient pas, et finira par le détruire. Une histoire belle comme douloureuse, une plume qui sait transporter et émouvoir, et qu’on surveillera avec attention.
Cynique 3 étoiles

Rarement un livre m’aura procuré autant de sentiments contrastés. Parfois agréable à lire, parfois exaspérant, par moment touchant puis désagréable, agaçant, ennuyant, fatiguant, irritant… Bref une lecture très mitigée. En effet j’ai eu souvent l’impression de lire les états d’âme d’un enfant pourri gâté blasé de tout et dont les seuls refuges sont la drogue et le sexe. L’auteur semble se vouloir trash, essaie de choquer, de piquer le lecteur mais honnêtement je ne peux m’empêcher de penser que ses dires ne sont que foutaises. Çà sonne faux, tout simplement, du moins est ce mon ressenti.
Pourtant ce jeune auteur a quelque chose, son style bref, cinglant apporte du dynamisme à une histoire qui finalement ne décolle vraiment jamais.
Une lecture étrange, un peu angoissante dans le sens où elle met en évidence une jeunesse dorée mais désenchantée, en proie au mal être, blasée d’une vie qu’elle ne commence seulement qu’à appréhender et qui ne mesure pas la chance d’avoir 14 ans.
Par contre au-delà de ce tableau peu reluisant j’ai particulièrement apprécié les nombreuses références musicales qui apportent un plus au récit. Elles lui donnent un côté rock, jeune.
Bilan mitigé…

Sundernono - Nice - 40 ans - 23 septembre 2013


Garde de crier trop tôt au génie. 2 étoiles

Mais qu'a-t-on besoin d'écrire d'aussi méchants livres à un âge si précoce ? Le mérite de l'écrivain médiocre est de contenir, comme dirait Alceste, ses démangeaisons d'écriture, en attendant de toucher à cet âge, où la lecture, l'instruction, et l'expérience auront jeté, comme des graines, leur agrément dans le champs des réflexions. Je n'ai lu que quelques extraits ; les phrases hachées, rompues, et saccadées qui y foisonnent me sont difficile à lire. Pourquoi n'irait-il donc pas cultiver ce génie naissant, au lieu de se hâter à publier des petitesses, en se mettant en butte à ces critiques qui défont à jamais l'auteur ?

Chateaubriand93 - - 30 ans - 9 juin 2012


Se noyer dans les notes de l’ « Alcool » 7 étoiles

L. Pille, F. Beigbeder, des personnalités,
des livres puis des films, des histoires dans
lesquelles on croit se reconnaitre. Sasha Sperling,
un de plus dans la liste des écrivains de la new
Lost Generation, loin des Zelda et Scott Fitzgerald et autres Ernest Hemingway . Boire leurs paroles misanthropes,
les aimer, eux qui nous méprisent, recopier
leurs aphorismes cyniques, planer au son du
désespoir hystérique de leurs mots griffonnés. Une
campagne bien ficelée et fêtée, on devient Octave
Parango, une nuit trop agitée et payée, Hell.

Parce que des perles de vodka ruissèlent
parfois sur nos joues et que des inconnus passent
trop près de nos corps au cœur des nuits, que
l’on s’alanguit dans les bras inconnus que nous
tendent la nuit, nous croyons que ces lignes sont écrites pour nos âmes vagabondes.

Nous ne sommes pas notre travail, nous ne sommes
pas notre compte en banque, nous ne sommes
pas notre voiture, nous ne sommes pas notre
portefeuille, ni notre putain de jeans, nous
sommes les jeunes de ce monde prêt à croire et
espérer en tout.

Mes illusions donnent sur la cour de
S. Sperling, des illusions qui partent en fumées
interdites ou sont noyées dans des verres trop
remplis. En jeune hédoniste et mélancolique
latent, on sombrera dans ces pages, croyant être
les seuls à voir la laideur du monde, à vouloir des
paradis artificiels, à ne pas accepter les règles d’un
jeu truqué, injuste et inacceptable, puis retourner
dire oui à maman et bonjour au monsieur.

CharlotteKrauss - - 29 ans - 10 janvier 2012


Spleen branché 7 étoiles

Le portrait de l’adolescence moderne dépeint dans ce livre fera blanchir les cheveux de nombreux parents. À quatorze ans, les jeunes fument, boivent, sniffent de la cocaïne, baisent avec les deux sexes. Ils n’ont pas de repères ni de morales. Leurs géniteurs - tout autant confus – n’ont pas transmis de valeurs et sont incapables de stopper l’hémorragie.

Pourtant, il n’y a rien de vraiment nouveau. C’est la culture « Sex, drugs & Rock n’ Roll » en milieu aisé et précoce. Ça ressemble aux films de Larry Clark, dont le narrateur fait d’ailleurs référence.

L’écriture est celle de l’autofiction, souvent au ‘je’. Des phrases courtes dénuées de style, au rythme haché plutôt agaçant. Un mélange réussi de provocation et pudeur, traversé par une belle sensibilité. Un petit roman qui reste en surface, mais au moins elle brille.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 25 novembre 2009