Poésies
de Michel Houellebecq

critiqué par Bastien N., le 26 octobre 2009
( - 33 ans)


La note:  étoiles
Moderne, agréable et accessible.
J'ai longtemps été imperméable à la poésie... Jusqu'à ce que je découvre le recueil de Houellebecq. Son écriture est à la fois grave et légère, recherchée et accessible. On y retrouve des sujets récurrents dans l'œuvre de Houellebecq, comme la misère sexuelle, particulièrement rependue dans notre société, mais largement sous-traité en littérature. Alors écrire dessus! Quelle provocation!

Je recommande ce livre aux amoureux de la poésie et à ses détracteurs, tant il est bien écrit et tout-public. En revanche, je le déconseille aux âmes sensibles, qui pourrait être heurtées par la noirceur des propos tenus. Vous voilà prévenus!
un recueil qui capture l'esprit du siècle 8 étoiles

Ce recueil, curieusement publié chez "J'ai lu" qui n'est pas vraiment connu comme un éditeur de poésie, réunit les courts recueils publiés chez Flammarion. Il est important de savoir que Michel Houellebecq, dont chaque roman déchaîne la verve des critiques littéraires, est d'abord un poète, même si son premier livre important est une biographie de Lovecraft. Sa poésie est essentiellement narrative et descriptive, et ne contient pas de réflexion sur elle-même ou sur le rapport au langage qui est la marque des plus grands poètes du XXème siècle. Elle est néanmoins l'aveu d'un rapport au monde, nihiliste et désabusé, qui fait sa valeur et marque le lecteur par sa gravité cynique, parfois caustique. Il y a en effet, dans la plupart des poèmes, l'acuité d'un regard froidement posé sur le monde urbain (fait à l'image de l'homme et d'une rassurante artificialité) et la nature (dégoûtante et hostile), et des images poétiques qui suscitent un sentiment d'inquiétante étrangeté. A ce titre, la poésie de Houellebecq restera sans doute comme une poésie emblématique de la fin du XXème siècle, car elle cristallise l'indifférence, la froideur, l’égoïsme, la misère sentimentale, l'inquiétude existentielle et le sentiment d'absurdité qui caractérisent l'époque. Houellebec est souvent vilipendé pour son inhumanité ; je pense qu'il est simplement un témoin trop lucide de l'état de la société...

Eric Eliès - - 49 ans - 19 janvier 2012