Une petite ville en Allemagne
de John le Carré

critiqué par Tanneguy, le 14 octobre 2009
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Un des premiers romans de J. Le Carré, heureusement réédité
C'est avec grand plaisir que j'ai relu ce roman, paru initialement en 1968, qui contribua aussi à établir la réputation du grand Le Carré. Le monde s'est considérablement transformé depuis cette époque et bien des faits évoqués sont parfois sortis de nos mémoires : par exemple les relations tendues entre Allemands et Britanniques alors que la Grande-Bretagne cherchait à entrer dans l'Union Européenne malgré l'opposition du général De Gaulle.

La petite ville, c'est Bonn où siège le gouvernement fédéral allemand, "souverain" depuis la fin de l'occupation militaire, du moins dans la partie occidentale de l'Allemagne. C'est dans l'ambassade britannique que se situe la majeure partie de l'intrigue : on vient de constater la disparition concomittante d'un employé "modèle" et subalterne et d'un nombre important de dossiers sensibles. Londres envoie rapidement un enquêteur, un personnage qu'affectionne particulièrement Le Carré : il bousculera les habitudes, les privilèges et parviendra à élucider le mystère, dans un sens que le lecteur n'aura peut-être pas prévu.

La présente édition est précédée d'un avant-propos de J. Le Carré, daté de 1991, tout à fait intéressant. L'auteur explique les conditions dans lesquelles il a réalisé son livre et les regrets qu'il formule 25 ans plus tard : il estime en effet avoir été injuste avec les Allemands. Ces derniers n'arrivaient pas à exister face aux "vainqueurs" et adoptaient des comportements parfois insupportables.

Une lecture passionnante et éclairante, même si l'auteur n'avait pas encore à l'époque atteint la plénitude de son talent.