La relieuse du gué
de Anne Delaflotte Mehdevi

critiqué par Ddh, le 10 octobre 2009
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
De la bibliophilie avec enquête
L’auteure, Anne Delaflotte Mehdevi, vit actuellement à Prague ; elle connaît le métier de relieur, le droit international et diplomatique. A quarante ans elle signe ce premier roman. Ce livre fait partie de la sélection du 22ème Festival du 1er roman de Chambéry. Par ce roman, le lecteur plonge dans le Périgord, ses forêts profondes et la vie au village avec ses artisans, son maire, une solidarité qui permet à tout un chacun de ne pas se sentir abandonné. L’héroïne, Mathilde, vient de s’installer à Montlaudun, un petit village de Dordogne. Elle est relieuse et sa boutique est proche du gué. Mathilde se trouve devant un grave problème pour elle. Elle a reçu une demande de restauration d’un livre avec des dessins qui représentent les ruines d’un temple gallo-romain au milieu d’une nature proche de son environnement. Le propriétaire du livre disparaît, renversé par une voiture. Il est sans papiers, rien qu’un reçu de Mathilde comme avance sur son travail. Mais l’inconnu la fascine, elle n’a plus qu’un but : retrouver la famille de son inconnu. Pas mal d’embûches entravent ses recherches. C’est aussi l’occasion d’une approche pointue du métier de relieur.
Quel plaisir pour le lecteur ! A chaque climax, le récit est ponctué de quelques réparties du Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand. Par une description fine, chacun visualise facilement les personnages. Les nombreux rebondissements titillent l’attention et relancent une enquête digne d’un policier. Il se dégage aussi une sensibilité, une humanité qui réconfortent le lecteur.
Relier, relie, re-lit ? 5 étoiles

Dans un village paisible de Dordogne, une jeune femme s'est décidé une nouvelle vie. Elle a quitté Paris, pour s'installer dans ce Périgord si touristique et à certains endroits si France profonde. Elle y est relieuse. Elle y débute, reproduisant ce que son grand-père lui a appris, ce grand art de le restauration, de la résurrection de vieux livres. Ces livres aux pages épaisses d'un papier qu'on ne fait plus, aux couvertures de cuir, aux dos marqués à l'or fin…ces beaux livres qui me sont interdits, ceux qui décorent les bibliothèques nationales ou de prestige. Ces trésors que l'on retrouve parfois dans de vieux greniers quand un parent décède. Ces livres dont font commerce les antiquaires, les bouquinistes et qui font la joie des collectionneurs, mais aussi plus sûrement celle de ceux pour qui le livre, l'objet, est un trésor.

Un inconnu débarque avant l'ouverture de l'atelier. Une rencontre improbable voit le jour, rapide, en peu de mots, il confie à notre héroïne un livre d'aquarelles. Aussitôt le charme agit sur la jeune femme, celui du livre et celui de l'inconnu…qui meurt quelques minutes après avoir quitté l'atelier de reliure.
L'histoire de ce livre c'est l'histoire d'un village, c'est l'histoire d'une famille, c'est l'histoire d'un homme, c'est l'histoire de gens qui sont connectés dans le temps et l'espace.

L'écriture est simple, sans fioritures, sans beaucoup de force, mais l'histoire est belle. Un livre de voyage, ceux dont on a besoin quand la concentration n'est pas forcément au rendez-vous, un livre de vacances.

Monito - - 52 ans - 24 février 2011