James Bond 007 - Colonel Sun
de Robert Markham

critiqué par Lem, le 7 octobre 2009
( - 39 ans)


La note:  étoiles
Colonel Sun rayonne !
M est enlevé par des inconnus à son domicile. James Bond alors sur place se lance seul à leur poursuite en se jetant volontairement dans un piège préparé à l’avance par le mystérieux colonel Sun. James Bond se retrouve d’abord face à des hommes de main de Londres à Athènes, puis il est pris dans un étau en affrontant d’une part un colonel de la République Populaire de Chine assez sadique (le colonel Sun) et d’autre part un ancien SS.

Mais qui est donc l’auteur de cet alléchant programme ? Robert Markham qui est le pseudonyme de Kingsley Amis. Après la mort du créateur, l’éditeur a décidé de confier la rédaction de nouvelles aventures de James Bond à différents auteurs qui se feraient tous publier sous le pseudo de Robert Markham afin de simplifier la production. Mais Amis fut le seul, et reste à ce jour le seul, à avoir publié sous ce pseudo.
Colonel Sun date de 1968. Sean Connery est James Bond au cinéma et Fleming est mort depuis quelques années déjà. Logiquement l’histoire s’en ressent. On perçoit le récent apport du cinéma pour ce qui est de l’action-bagarres. Mais on sent aussi qu’Amis est admirateur des romans et s’inspire des classiques Dr No, Bons baisers de Russie et Opération Tonnerre (je ne ferais aucune référence pour ne pas gâcher le plaisir des fans). En fait Amis réussit à capter les codes de Fleming pour ce qui est du réalisme, des marques citées, des lieux exotiques ou encore les villes traversées mais tout en s’autorisant plus de fantaisie dans une intrigue surdimensionnée et plus cinématographique : James Bond doit empêcher un nouveau conflit mondial Est-Ouest (plus récurent pour 007).

Côté ambiance, Colonel Sun a des airs de Rien que pour vos yeux (le film) car l’intrigue se passe en Grèce et dans les îles proches. Bond se déplace notamment à bord de bateaux. L’enlèvement de M a clairement été repris dans Le monde ne suffit pas. Et l’espion qui m’aimait (le film) a aussi puisé une idée phare dans le tandem Bond-Bond girl. Encore plus probant, Meurs un autre jour affiche un méchant Nord Coréen dénommé Colonel Moon (Sun !) qui lui ressemble. Bref Colonel Sun apporte une mine d’idées qui ont été savamment dosées dans les différents films de la série.
Enfin côté romans, Colonel Sun fait surtout penser à Dr No pour son ambiance insulaire et le trio d’aventuriers que sont Bond, une jeune femme et un pêcheur local… Je n’en dis pas plus.

Colonel Sun démarre sur les chapeaux de roue avant de voir son rythme se ralentir vers le milieu où l’intrigue s’enlise un peu. Mais le dernier acte devient excellent lorsque tous les personnages se rencontrent et s’affrontent pour un final explosif. La scène de torture est digne de Casino Royale ou de Vivre et laisser mourir (roman) mais demeurre assez originale pour ne pas répéter une situation déjà inventée.

A noter qu’il est assez difficile de se procurer le roman en version française (épuisé depuis longtemps) ce qui est vraiment dommage car Colonel Sun vaut tout aussi bien qu’une aventure par Ian Fleming et on prend beaucoup de plaisir à se référer aux films qui en ont été inspirés. Une perle rare.