La décade prodigieuse
de Ellery Queen

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 28 septembre 2009
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Le bonheur des uns fait le malheur des autres
Howard Van Horn souffre d’un mal mystérieux et handicapant : il lui arrive de se réveiller de périodes d’amnésie complètement désorienté, ne sachant rien du contenu de ces journées qui échappent à sa mémoire. Au réveil, il tente alors tant bien que mal de se situer dans l’espace et le temps et de réintégrer le bercail, en l’occurrence une superbe demeure qui appartient à son père, Diedrich. Le livre s’ouvre sur le récit absolument magistral d’un de ces retours à la réalité, où, sans aucun repère, Howard émerge d’une séquence de sa vie qui lui échappera à tout jamais. Ces premières pages valent vraiment le détour.

Ne sachant plus à quel saint se vouer (les médecins n’ont apporté aucune réponse satisfaisante à son état), Howard sollicite Ellery Queen, déjà croisé dans le passé : il lui demande de l’accompagner chez lui, de le surveiller et de le suivre lors de sa prochaine crise afin d’appréhender cette part obscure de son existence. Ellery, intrigué par les troubles psychologiques, accepte et se rend dès lors dans la somptueuse propriété du père d’Howard. La rencontre avec Diedrich, industriel richissime, se fait tout en douceur, en politesse et en raffinement. Raffinement auquel la seconde et très jeune épouse de Diedrich, Sally, n’est pas étrangère. Ah, la gracieuse, la séduisante Sally… Quant au quatrième habitant de cette vaste maison, le frère de Diedrich, il est à l’opposé du savoir-vivre dont font preuve les autres.

Ellery Queen recevra les confidences des uns et des autres, à commencer par Sally et Howard. Des lettres compromettantes ont été volées, lui confient-ils, et donnent lieu à un rude chantage. S’en suit un vol de bijoux et finalement, un meurtre. La situation semble échapper à tous, mais Ellery finira par résoudre cette énigme comme tant d’autres, même si cela prendra du temps. Eh oui, tout le monde peut se tromper…

Combien donner d’étoiles à ce livre ? La trame psychologique qui sous-tend le livre est drôlement bien imaginée et, je l’ai dit, le début du livre est admirable. Mais comme la fin est lourde ! Cet aboutissement, soit les quelques soixante dernières pages (c’est long), est complètement raté. L’auteur juge bon de développer la solution de l’énigme dans les moindres détails, revenant sur chaque élément de manière tellement explicite qu’on a l’impression qu’il s’adresse à des lecteurs qui n’auraient que trois neurones et demi ! On a tout compris depuis longtemps, mais il insiste, le bougre ! Du très bon et du très mauvais se côtoient ici, rendant la tâche des étoiles quasi impossible. Dans ce cas, va pour une moyenne…