Tsiganes
de Jan Yoors

critiqué par Hexagone, le 20 septembre 2009
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Un gadjo chez les tsiganes.
Disons le tout net, les gens du voyage tels que les romanichels, les gitans, les yéniches, le sintis etc..., constituent une frange de l'humanité vivant à la marge. Point de sédentarisation, peu commun en Europe occidentale, essaimage sur toute la planète depuis un point de départ communément admis comme étant l'Inde. Ceci étant dit, à quoi nous invite " Les tsiganes ". A l'épopée merveilleuse d'un jeune adolescent qui attiré par l'observation d'un camp de gitans, se trouve partir en pérégrinations avec eux. Le récit se situe aux alentours des années 40. Le jeune Jan se fait adopter par une famille gitane, il disparaît de sa maisonnée pendant des mois avant de faire des allers-retours plus ou moins longs entre le camp itinérant et sa famille. Ses parents sont des artistes et semblent être très tolérants, la même situation à notre époque me semble impossible ! Au travers de ses voyages en roulottes, Jan Yoors nous dévoile avec pudeur les us et coutumes des tsiganes. La naissance, le mariage, la mort, les mésalliances entre gitans au gré des caravanes qui se font et se défont au fil des itinéraires distincts. On ressent la force et la faiblesse de cette population. Ses codes sont parcimonieusement délivrés aux Gadjé que nous sommes. L'auteur n'emploie pas la langue de bois envers cette communauté, il fait clairement état que les gitans rapinent pour subvenir aux besoins élémentaires, qu'ils savent faire alliance avec les gadjés dans un intérêt immédiat. Il évoque les diseuses de bonne aventure, la mendicité, les moeurs ambiguës dans les liens familiaux qui peuvent correspondre à la notion de famille élargie, les mariages arrangés, les codes d'impureté. Il reste un sentiment de liberté servile. Libre d'être tsigane, mais tout le temps pourchassé, vilipendé, dédaigné, une vie aléatoire, dépendant de la destinée. Pour ces hommes et femmes le vent aux semelles semble leur convenir, les satisfaire, les combler même, car notre mode de vie leur paraît impossible a assumer.
Un livre qui délivre une image vraie des tsiganes. Même si il retrace la vie des tsiganes dans les années 40, je ne pense pas que le fond ait vraiment changé. Remplaçons les chevaux par des voitures, les tentes et les roulottes par des caravanes et nous n'y verrons que du feu. Un bémol, le récit manque de relance et ne donne pas assez d'informations sur les tsiganes. J'ai eu le sentiment de rester en lisière du camp, de ne pouvoir observer que ce que l'on voulait bien me donner à regarder. Une invitation à aller plus loin sur la route des gitans.