Chute de vélo
de Étienne Davodeau

critiqué par Dirlandaise, le 16 septembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Une vieille photo jaunie, seul témoin d'un amour qui refuse de mourir.
Décidément, il a le don de m’émouvoir ce Monsieur Davodeau avec ses belles histoires en apparence toutes simples mais la vie est-elle jamais simple ? Les gens ordinaires sont souvent aux prises avec des problèmes compliqués et je crois que l’auteur l’a bien compris et c’est le message qu’il nous livre ici.

Une famille en vacances se rend à la vieille maison familiale des parents de Jeanne. La mère de Jeanne ne peut plus y habiter car elle perd la mémoire alors il faut tout nettoyer, tout vider, jeter ce qui ne sert plus et donner le reste. Il faut aussi débroussailler le jardin et la cour afin de rendre la propriété présentable pour la vente. Bien sûr, il y a Jeanne avec son mari, leurs deux jeunes enfants et un petit cousin. Le frère de Jeanne doit les rejoindre avec Irène, leur mère, pour un dernier séjour dans cette maison qui fut la sienne, où elle a élevé ses enfants mais qu’elle ne reconnaît plus. Le grand-père est mort depuis quelques années, renversé par une voiture alors qu’il faisait une balade en vélo. Le conducteur de la voiture a pris la fuite et on ne l’a jamais retrouvé. Donc, tout ce petit monde se retrouve pour la corvée du déménagement. Mais voilà qu’un ami de la famille s’amène aussi à l’improviste. Il s’agit de Toussaint, un gars plutôt paumé et que la famille aide afin de l’empêcher de sombrer complètement dans la dèche.

Voilà, tout est en place pour une douce histoire comme M. Davodeau a le talent et l’intelligence de nous concocter. Le lecteur est plongé dans le quotidien de cette réunion familiale sympathique et tendre. On s’aime dans cette famille, on s’entraide, on essaie de se comprendre et l’amitié, l’amour et la tendresse sont le pain quotidien de ces gens ordinaires qui font face à des situations parfois dramatiques, souvent comiques et parfois carrément rocambolesques. Je reconnais bien là la touche de l’auteur de « Lulu femme nue ». C’est remarquablement bien fait et bien amené. L’atmosphère campagnarde et rustique des vacances d’été imprègne cette bande dessinée, rendant le récit irrésistiblement émouvant et d’une humanité simple et belle. On a l’impression d’y être tellement les dessins servent bien le propos. Les couleurs sont toutes douces, délavées, dans les tons de jaune, de gris, de vert tendre et de bleu pâle. C’est très doux et d’un réalisme saisissant. J’ai beaucoup aimé et je ne peux que donner cinq étoiles à ce récit magnifiquement humain ayant pour thèmes la camaraderie, l’amitié, l’entraide, la déchéance, la vieillesse et la loyauté. Très beau !

« Madame, j’ai l’honneur de vous faire savoir que vous avez été radiée de la liste électorale de notre commune pour le motif suivant : décision de tutelle privative de la capacité électorale. — C’est quoi ça ? — C’est une conséquence de la mise en tutelle d’Irène. Elle n’est plus considérée apte à voter. Ça se passe comme ça… — Meeeerde… Même moi qui ne vote jamais, ça me fout un coup… — Notez bien, ça a aussi un bon côté… — Hein ? — La droite française vient de perdre une de ses plus farouches électrices. — HA HA HA HA HA HA HA !