La Tempête de neige et autres récits
de Léon Tolstoï

critiqué par Béatrice, le 11 septembre 2009
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
La clochette au son de framboise
Ce soir je vais m’endormir sous l’emprise de la clochette au son de framboise. L’attelage qui affronte la tempête de neige est pourvu de trois clochettes, « une grande au milieu, au son de framboise, et deux petites, accordées en tierce » (d’après les notes il s’agit d’une métaphore populaire pour désigner un son particulièrement doux). Voilà un texte étonnant par sa modernité. Malgré la quasi-absence d’intrigue, cette nouvelle qui ouvre le recueil nous tient en haleine sur cinquante pages.

Deux Hussards : une histoire de générations, portrait du père et du fils. Construction bâclée.

La Matinée d’un gentilhomme rural : caractère social et autobiographique, c’est plutôt un témoignage ou un manifeste. Le quotidien des paysans et l’impuissance de leur seigneur qui souhaite améliorer leur situation. Il se heurte à leur méfiance. Les réalités du terrain freinent un projet généreux. Troublant.

Lucerne : un tour de force, Tolstoï fait de la bonne littérature avec de bons sentiments. Emouvant portrait d’un pauvre musicien des rues.

Albert : un violoniste génial et alcoolique en train de sombrer.

Polikouchka : double portrait, un paysan pauvre et un paysan aisé. Le drame de l’un fait le bonheur de l’autre. Il lui manque je-ne-sais-pas-quoi pour en faire une grande nouvelle inoubliable. Tolstoï cherchait sa voix, il ne faut pas oublier que ces nouvelles datent d’avant ses deux chefs d’œuvre romanesques.

Le cheval : ça démarre très lentement. Oh, je ne savais pas qu’il y avait autant de mots pour désigner un cheval.

Préface et notes très complètes. Sur l’ensemble, double intérêt, littéraire et biographique. Imparfait mais séduisant. De ces sept récits, La tempête de neige « est sans doute le plus audacieux et le plus original », lit-on dans la préface. Tout à fait d’accord.