Une simple suite de petites phrases… voici tout ce qui compose ce livre, pourtant majeur, de l’un des plus grands philosophes Français du XXe siècle…
Des phrases comme : «Un livre qui, après avoir tout démoli, ne se démolit pas lui-même, nous aura exaspérés en vain.», ou «L’endurance des Allemands ne connaît pas de limites ; et ce jusque dans la folie : Nietzsche supporta la sienne onze ans, Hölderlin quarante.» ou bien encore «Mystère,- mot dont nous nous servons pour tromper les autres, pour leur faire croire que nous sommes plus profonds qu’eux»…
En effet, Emile CIORAN c’est la philo avec un langage qui sait être en même temps simple («Être moderne, c’est bricoler dans l’incurable»), beau («Chaque pensée devrait rappeler la ruine d’un sourire»), recherché («L’avantage qu’il y a à se pencher sur la vie et la mort, c’est de pouvoir en dire n’importe quoi») ciselé («Le tort de la philosophie est d’être trop supportable») , sculpté («Je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoirs»), et «sans se prendre la tête» («Le bonheur est tellement rare parce-qu’on n’y accède qu’après la vieillesse, dans la sénilité, faveur dévolue à bien peu de mortels»)…
Mais attention, «sans se prendre la tête», ne signifie pas ici sans nous faire réfléchir, sans nous faire régir, sans faire naître «quelque chose» en nous… D’autant plus que ce philosophe n’hésite pas à être très provocateur… notamment quand il parle de la religion («Si je croyais en Dieu, ma fatuité n’aurait pas de bornes : je me promènerais tout nu dans les rues…»), de la musique classique («La musique est le refuge des âmes ulcérées par le bonheur»), ou encore l’histoire de l’occident («Par la barbarie, Hitler a essayé de sauver toute une civilisation. Son entreprise fut un échec ;- elle n’en est pas moins la dernière initiative de l’Occident. Sans doute, ce continent aurait mérité mieux. À qui la faute s’il n’a pas su produire un monstre d’une autre qualité ?»)…
Car n’oublions pas avant tout qu’il s’agit là du philosophe du pessimisme («A chaque idée qui naît en nous, quelque chose en nous pourrit»), de l’ennui (S’ennuyer c’est chiquer du temps»), du nihilisme («La leucémie est le jardin où fleurit Dieu»), de la tristesse («Si une seule fois tu fus triste sans motifs, tu l’as été toute ta vie sans le savoir»), du suicide («Je ne vis que parce qu’il est en mon pouvoir de mourir quand bon me semblera : sans l’idée du suicide, je me serais tué depuis toujours»), de la solitude («Nul ne peut veiller sur sa solitude s’il ne sait se rendre odieux»), de la mélancolie («Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter»)…
Et oui, c’est tout cela Emile CIORAN… tout cela et bien d’autres choses encore… que je vous laisse découvrir, dans ce tout petit livre, à tout petit prix, car si je n’irais pas jusqu’à dire qu’il met la philosophie «à la portée de tout le monde» et tout cas il met la philosophie à portée du plus grand nombre…
A lire donc, à doses… homéopathiques!
Septularisen - - - ans - 2 février 2009 |