Ennemis publics
de Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy

critiqué par NQuint, le 8 septembre 2009
(Charbonnieres les Bains - 52 ans)


La note:  étoiles
Coup d'édition mais bon livre quand même
Voila un bouquin qui sentait à plein nez le coup d'édition (croisé Grasset / Flammarion), on prend 2 auteurs "controversés", on les fait à peine bosser, on ficèle le tout avec un beau bandeau rouge et à nous les pépètes.
Et le pire c'est que ça marche, moi comme un âne, fan de Houellebecq et ne trouvant pas BHL désagréable non plus dans ses dernières publications sur les US ou Daniel Pearl, je l'achète en ayant la désagréable impression de me faire avoir.
Je démarre le livre et en fait non je l'ai dévalé avec un plaisir évident, plus encore sur la partie Houellebecquienne que la partie BHLienne. Mais ça, c'est la préférence pour le style Houellebecquien, pour ce miroir sans fard qu'il tend sur notre humanité, sur ce style qui apparaît détaché et cynique mais attendrit parfois (souvent ?) pour ses envolées et sa façon triviale de dire qu'untel est un gros con.
L'ensemble passe un peu du coq à l'âne, c'est une correspondance mais ça ne manque pas de corps. Beaucoup d'échanges sur la machinerie littéraire, sur la meute des journalistes lâchée sur les compères, sur le sens de la vie et de la mort aussi.
On regrettera quand même une complaisance un peu appuyée dans l'art de la citation chez BHL et une parano anti-critiques un peu lourdingue chez Houellebecq (bon je vais quand même le défendre, c'était au moment de la sortie médiatique de son hystérique de génitrice donc ceci peut explique cela ...)
Mais un très bon moment quand même !
Derrière le marketing... 6 étoiles

Passons le phénomène marketing évident que constitue cette correspondance entre deux écrivains plus ou moins maudits, bien vendus mais souvent incompris ou vilipendés à chacune de leurs sorties médiatiques. Passons les premières pages où ces deux faux-filous jouent le jeu des têtes de turc poursuivis par la « meute ». La, ils s’apitoient à mon sens beaucoup trop sur leur sort. À force de jouer le jeu médiatique,…
Mais passé ce triste préambule, cet échange épistolaire devient prenant, notamment lorsque chacun évoque sa jeunesse ou ce qui les a poussé à écrire. Ils deviennent tout à fait sincères lorsqu’ils évoquent tous deux leurs maîtres à penser littéraires : Schopenhauer, Baudelaire, Comte et la poésie pour Houellebecq ; Spinoza, Flaubert, Sartre, Aragon et Lévinas pour le second. D’ennemis publics, les épistoliers passent ainsi à amis publics des livres. Et pour peu, ils vous donneraient l’envie d’aller ouvrir toutes ces pages.
Il n’en reste pas moins qu’il faut connaître l’œuvre de ces deux auteurs pour ne pas passer complètement à côté de cet échange.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 18 février 2011