Fujisan
de Akira Sasō

critiqué par Shelton, le 4 septembre 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Un manga atypique ! ?
Au Japon, les livres illustrés nommés «mangas» ne sont pas considérés comme une catégorie pour enfants. Il y en a pour tous les goûts, tous les âges, pour les deux sexes… Akira Sasô est un mangaka qui s’est fait connaitre dans une revue de qualité, Ikki, qui avait pour cible un lectorat de trentenaires. Il a commencé son travail en 2000 et il s’affirme comme un grand de la bande dessinée japonaise contemporaine. Les éditions Casterman, par l’intermédiaire de leur label manga Sakka, nous proposent le premier recueil de nouvelles d’Akira Sasô en langue française et en sens de lecture traditionnel des mangas (oui, pour les non-spécialistes, rappelons qu’il s’agit, en quelque sorte de lire le livre à l’envers).

Le personnage principal de ces nouvelles semble être le mont Fuji, Fujisan, mais cette montagne volcanique est si emblématique et sacrée dans ce pays que l’on pourrait dire, sans trop se tromper, que le centre des récits est le mystère, le spirituel, le sacré, l’absolu… Oui, dans ces courtes histoires dessinées n’allez pas chercher réalisme et reportage, vie quotidienne et analyse de société. C’est le fond de l’être humain qui est là et très rapidement vous ne serez plus au Japon ou en Asie mais bien au cœur de l’humanité et c’est ce qui donne à ce livre une valeur indiscutablement universelle…

On va donc parler suicide, à travers le regard d’un jeune conducteur de transport en commun de Tokyo ou de celle qui pleure son conjoint trop tôt disparu... La maladie fera son apparition avec le cancer qui n’est pas incompatible avec une dernière grande randonnée sur le Fujisan… On fera quelques pas en compagnie d’une jeune femme qui est persuadée de promener son enfant, mais un enfant que personne ne voit…

C’est du manga, c’est certain, mais les lecteurs habituels de cette littérature seront surpris tandis que des néophytes pourraient se dire que les mangas sont décidément des livres d’une profondeur insoupçonnée… En fait, les deux auraient raison : les mangas sont des livres qui peuvent aborder tous les sujets de la vie, de la fiction la plus saugrenue à la vie quotidienne la plus banale ! Qu’on se le dise !

Fujisan est donc un ouvrage touchant, parfois bouleversant, qui peut réconcilier avec la bande dessinée et les mangas, mais qui doit être lu comme toute littérature, c’est à dire pour ce qu’il raconte… dans le cas présent, la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus tragique, de plus difficile, de plus humain, tout simplement…