Le Petit Prince (version BD)
de Antoine de Saint-Exupéry (Scénario), Joann Sfar (Scénario et dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 3 septembre 2009
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Le plus important est invisible...
J’écris cette critique encore sous le coup de l’émotion. Je viens tout juste de terminer de lire cet album merveilleux et d’une incroyable richesse narrative. Bien sûr, tout le monde connaît l’histoire du Petit Prince mais racontée en bande dessinée, c’est vraiment un must. Le début est très rigolo. Un aviateur est en panne dans le désert. Il doit absolument réparer son avion sinon la soif aura raison de lui tôt ou tard. Notre homme, qui ressemble étrangement à St-Exupéry, est installé dans le cockpit et fume doucement une cigarette… à moins que ce ne soit autre chose… La fumée adopte la forme d’un boa et notre homme converse avec lui philosophiquement. Il raconte à son ami fumeux l’époque où il a fait son premier dessin. Il demande au boa si son dessin lui fait peur. Le boa se demande bien pourquoi il aurait peur d’un chapeau ! Mais ce n’est pas un chapeau lui répond l’aviateur… Enfin, on connaît la suite. L’aviateur s’endort et au matin, un bel enfant avec des cheveux tout blonds et des yeux immenses se tient auprès de lui et veut un dessin de mouton… et c’est parti !

Je crois sincèrement que cette histoire est magnifiée par le biais de la bande dessinée. Et les dessins naïfs et enfantins de Joann Sfar conviennent parfaitement au propos. Ce sont des dessins vraiment amusants, avec une belle variété de couleurs vives. Les rouges, les bleus, les jaunes, les verts éclatent sous nos yeux et animent d’une façon incroyable ce conte. L’ensemble dégage une atmosphère surréaliste, folle, débridée, issue d’un imaginaire sans contraintes. C’est un beau voyage spatial mais aussi un voyage au pays du cœur et des émotions. Les personnages sont très attachants et la relation qui s’établit entre l’enfant et l’adulte est extrêmement touchante et d’une exceptionnelle tendresse. C’est parfois très gai, parfois triste, souvent lourd de sens. Et la fin si belle, si incroyablement riche en sentiments et en douces sensations. Un voyage au pays du rêve et du cœur. Un chef d’œuvre !

« Comme le petit prince s’endormait, je le pris dans mes bras et me remis en route. J’étais ému. Il me semblait porter un trésor fragile. Il me semblait même qu’il n’y eût rien de plus fragile sur la terre. Je regardais, à la lumière de la lune, le front pâle, ces yeux clos, ces mèches de cheveux qui tremblaient au vent. Et je me disais : « Ce que je vois là n’est qu’une écorce. Le plus important est invisible… » »

Ouf !
« S'il te plaît. Apprivoise-moi ! » 10 étoiles

C’est vraiment une belle oeuvre ! Fidèle à l’original. Étant donné que Le Petit Prince de Saint-Exupéry est LE livre que je préfère, c’était une grosse commande pour Joann Sfar de m’impressionner. J’avais des doutes, j’avais peur que ça ne pouvait pas tenir la comparaison, mais je suis tombée sous le charme. J’ai aimé ça différemment. Les personnages ont une chimie visible entre eux et sont très sympathiques. Aussi, les illustrations de Sfar sont superbes et renforcent l’intensité dramatique et poétique du récit.

« Je connais une fleur qui n'existe nulle part sauf sur ma planète. Elle n'existe qu'à un exemplaire dans les millions et les millions d'étoiles. Et quand je regarde le ciel je me dis "ma fleur est là quelque part". Et ça suffit pour que je sois heureux. Imagine si un mouton la mangeait sans faire exprès. Ça serait comme si d'un coup toutes les étoiles s'éteignaient. »

Nance - - - ans - 19 octobre 2009