Le manuscrit interdit, tome 1
de Roberto Ricci, Roberto Dal Prà (Scénario), Paolo Grella (Dessin)

critiqué par Shelton, le 1 septembre 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Pas mal du tout... A suivre !
Depuis quelques années, on sent bien que le filon ésotérique et mystique dans la bande dessinée est porteur. Tout le monde s’y essaye, tous les éditeurs en veulent, les lecteurs en redemandent même si, parfois, ils sont déçus par des contenus inégaux… C’est ainsi que je me suis retrouvé devant « Le manuscrit interdit », une série annoncée en trois volumes…
Dès la première lecture, je me suis dit que nous tenions là une histoire de bonne qualité mais qu’une fois de plus il semblait nécessaire de donner un conseil de portée générale : dans ce type de récit, la vérité reconnue et universelle est mélangée avec des vérités parcellaires, des vérités ambiguës, des approximations historiques et des parties de fiction sans aucun fondement ni historique ni religieux… Et c’est bien là le problème, celui qui n’a pas de connaissance particulière risque d’être perdu et d’avoir du mal à s‘y retrouver, à clarifier ses idées et, du coup, à profiter pleinement de cette bande dessinée… Pour les autres lecteurs, aucun souci, plongez derrière moi et profitons-en…
Tout commence dans un monastère tibétain, en 1950. Les moines semblent vivre paisiblement quand des soldats chinois font irruption avec une violence incroyable. La soldatesque maoïste n’a qu’un seul but : tuer tous ces moines témoins des croyances ancestrales…
« La religion est un poison qu’il faut extirper sans pitié ! »
Voilà la profondeur de la pensée du capitaine chinois qui ne réfléchit pas trop, du moins visiblement. Il aura à en payer le prix, le moment venu. En attendant, dans ce monastère, il y avait, aussi, un professeur d’anthropologie de l’université de Los Angeles, un certain Egon Bauer. Cet homme était là pour des recherches pointues sur les religions, les liens entre les religions… De toute évidence, il était sur le point de découvrir quelques liens entre un certain Jésus de Nazareth et la religion tibétaine… Oui, une découverte à faire dresser les cheveux d’un grand nombre d’exégètes des deux religions… Mais, lui, Egon Bauer, n’a pas de parti pris, il veut aller au bout de cette vérité et révéler au monde ce qu’il en est réellement quelles que soient les conséquences pour une religion ou une autre. Seule la vérité compte ! Le capitaine chinois le laissera pour mort dans le monastère en flammes… Mais que deviendra-t-il ? Aura-t-il le droit à la rencontre finale avec Jésus ? Bouddha ? Ou le néant ?
L’histoire débute alors réellement car la fille d’Egon va partir des Etats-Unis pour retrouver son père et le gouvernement chinois va désigner une certaine Zhang Ziyi, agent spécial aux pleins pouvoir, pour récupérer les documents sur lesquels travaillait Egon avant sa mort. Il se pourrait bien, en effet, que ces derniers permettent de porter un coup fatal au christianisme, voire à toutes les religions…
Nous rentrons alors dans une grande histoire avec ésotérisme, mysticisme, espionnage, politique, amour, violence, voyages… De la grande bande dessinée comme aux plus beaux jours !
La narration graphique est époustouflante et d’une force peu commune. J’attends avec impatience la suite de cette trilogie en espérant ne pas être déçu par la chute… Quand on en promet tant, il faut tenir parole et ce sera difficile… mais la qualité des auteurs semble nous garantir une suite à la hauteur de ce premier tome qu’il faut absolument lire !