La Divine Comédie - Le Paradis
de Dante Alighieri

critiqué par Ngc111, le 26 août 2009
( - 38 ans)


La note:  étoiles
Dire d'elle ce qui n'a jamais été dit d'aucune
"Le cœur du grand projet, c'est le Paradis".

Mais le Paradis de Dante n'est pas un ciel bleu chargé de nuages blancs sur lesquels se prélassent anges et âmes élues. Ici point de repos, de placidité, le système mis en place est basé sur le mouvement, la vitesse et le tout est insupportable. La lumière enveloppant les anges et esprits Saints est difficilement soutenable. Dante y perdra même momentanément la vue en voulant observer St Jean.
Son périple n'est d'ailleurs pas que contemplation ; en dehors de la mésaventure précédemment citée, il doit passer un examen pour expliquer et prouver sa foi, son espérance et sa charité (les trois vertus théologales).
Ces moments forts accompagnent le récit jusqu'à l'apothéose des derniers chants. La poésie de Dante atteint alors le sublime. A l'instar de la fin du Purgatoire, le génie de l'auteur italien devient évident. Son teint olivâtre laissait à penser qu'il avait réellement voyagé en Enfer? Son extase nous convainc qu'il a aussi connu le Paradis.
En tout cas est-on tenté de le croire!

Pour nous persuader, l'auteur n'hésite pas à interpeller le lecteur ; pour être précis il utilise des néologismes. Il joue avec le langage mais sans faute de goût, maniant le langage noble comme le langage "vulgaire" (au sens de "qui n'est pas noble").

L'ascension du Paradis est plus linéaire que ne l'ont été la traversée de l'Enfer et l'escalade du mont du Purgatoire.
Dix étapes le composent, sept planètes qui sont le Soleil, la Lune, Mercure, Jupiter, Mars, Saturne et Vénus auxquelles s'ajoutent le ciel des étoiles fixes, le Premier Mobile qui régit toute chose et l'Empyrée où figure la Rose Céleste. Bien entendu chaque étape (représentant différents degrés de béatitudes) est l'occasion d'un apprentissage (sur la création, le fonctionnement du Paradis, la déchéance de l'être humain au travers de la corruption...).
D'autant plus savoureux que Dante, dans ce dernier volet, ne perd pas de son mordant contre les personnages historiques et contemporains qui méritent selon lui un tel traitement.

Mais l'essentiel du Paradis, la finalité de la Divine Comédie, est de rendre grâce à son amie décédée quelques années plus tôt, Béatrice.
Au fil du récit n'a de cesse de croître, et la place que lui accorde Dante au Paradis prouve son estime et sa bienveillance envers elle.

"Du premier jour où je vis son visage en cette vie, jusqu'à cette vision, le cours de mon chant n'a pas été rompu ; mais il faut à présent que cesse ma poursuite derrière sa beauté, en poésie, comme tout artiste à sa limite."

Et la seul limite que Dante s'était fixée, son objectif plutôt, était de "dire d'elle ce qui n'a jamais été dit d'aucune."

Au final la Divine Comédie, bien au delà de ses aspects politiques et religieux, est la plus belle des preuves d'amour.
Extase dans un mouvement perpétuel 10 étoiles

Le paradis se mérite, même quand y est : le mouvement perpétuel, fait d'ascensions, de forte luminosité et de vitesse, constitue le programme, dont l'issue est l'extase.
Dante arrive à rendre grâce à la défunte Béatrice, de plus en plus belle, au fur et à mesure des ascensions dans les cieux des différents astres. Les méditations métaphysiques sont des démonstrations, et non des passives contemplations : la foi doit être prouvée, de manière active.
Les transcendances stylistiques et allégories font, en effet, légion.

Veneziano - Paris - 46 ans - 20 mars 2011