Tout va bien
de Arno Geiger

critiqué par Alma, le 23 août 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
Une famille autrichienne dans le siècle
4e de couverture « La maison de sa grand-mère dans un faubourg de Vienne constitue un héritage encombrant pour Philipp Erlach. Il aurait voulu échapper à l'histoire familiale, mais avec cette grande demeure dont il ne sait que faire, elle semble le rattraper : Richard et Alma, ses grands-parents, qui ne veulent pas jouer le jeu des nazis au moment de l'Anschluss ; sa mère Ingrid, née juste avant la guerre, qui s'éprend de Peter, enrôlé dans les jeunesses hitlériennes pendant les derniers jours de la débâcle, dans Vienne en ruine. La fin tragique de leur mariage laissera Philipp seul avec sa soeur Sissi et un père un peu farfelu... »

Des personnages attachants, saisis dans leur quotidien , à des moments cruciaux de leurs rapports familiaux , quand les générations s’affrontent ou que la vieillesse se fait sentir, et pris dans les événements historiques qui ont marqué l’Autriche depuis l’Anschluss jusqu'à notre époque .

TOUT VA BIEN : un titre qui renvoie à la réponse de Ingrid, mère de Philipp peu de temps avant l’accident qui va lui coûter la vie , mais qui, rattaché à l’ensemble du roman, a quelque chose d’ironique et traduit la volonté des personnages de se protéger du malheur, d’en masquer l’importance

La saga d 'une famille autrichienne qui s’étend sur trois générations dans un constant aller-retour entre le présent et le passé . Si le roman s’ouvre et se clôt sur 200I, la vingtaine d’autres chapitres , précisément datés et consacrés à une journée importante, ballottent le lecteur sans souci chronologique et d’une manière qui m’a semblé aléatoire et anarchique entre 2001 et 1938.

SI j’ai été un peu agacée par cette déconstruction chronologique qui semble provenir plus d’une volonté de sacrifier à une mode que d’un désir d’éclairer sur les personnages ou les situations, et par les fréquentes parenthèses présentes surtout dans la première moitié de l’œuvre et qui constituent un vrai tic d’écriture, je suis restée accrochée au roman par la profonde humanité des personnages , dont l’auteur ne cache pas les faiblesses .
Un peu perdue.. 8 étoiles

Je dois dire que j’ai eu un peu de mal avec ce roman. Pour deux raisons, d’abord mon mode de lecture , qui consiste à toujours lire plusieurs livres à la fois , et ensuite -et surtout- la manière dont cet écrivain a raconté l’histoire de cette famille, allers et retours, mais surtout morcellement d’histoires individuelles, toutes racontées au présent, qui concernent pourtant bien l’histoire de personnages très proches puisque sur trois générations ( grands parents -parents- enfants) qui se sont bien connus, mais qui donnent l’impression, à la lecture, de n’avoir que peu de liens entre eux. Ou plutôt de les rejeter. De ne surtout rien vouloir savoir.

Philipp , qui hérite, bien malgré lui, de la maison de ses grands parents, ne connaît rien, par exemple de l’histoire du boulet de canon sur la rampe d’escalier, qui a pourtant toujours été là. Seul le présent l’intéresse : Avec le temps tout est décrépit, bousillé, superflu, inutile , et les affaires de la grand-mère vont finir à la poubelle.

C’est un roman que j’ai trouvé très dense et complexe, parce que tout est raconté de façon fragmentée, et qu’en fait ce n’est qu’à la fin que commencent à se rassembler les morceaux épars de cette famille. Enfin, ceux qui restent et racontés par ceux qui veulent le faire.

C’est-à-dire une seule personne, Alma, la grand-mère . Qui aimerait bien parler avec son mari de choses qu’il a tenues secrètes toutes ces années. Des secrets qu’il a bien gardés. Et pour qui? Pour qui? Pour personne. Pour ne même plus pouvoir se les avouer à lui-même un jour ou l’autre. Des trésors, mais il ne sait plus où il les a enterrés. Des arbres comme points de repère. Les rivières, je crois, Richard, se sont creusées un nouveau lit. Des fleuves. Débordés. Des lacs. Asséchés. Ce qui était un fleuve est un lac. Comme des excréments de poisson les évènements partent par le fond, le fond, c’est-à-dire la mer.

Elle ne peut guère faire autrement que de laisser couler, Alma , son mari est atteint de la maladie d’Alzheimer, son fils est mort à la guerre et sa fille s’est noyée, et personne n'en a reparlé, de ces deux enfants morts..

Quant aux petits enfants, l’aînée est partie très tôt aux Etats-Unis sans donner de nouvelles, et le garçon , ce Philipp donc , pense , après qu’une phrase importante ait été prononcée ( par quelqu'un d'étranger à la famille, bien sûr..) : -Tout être raisonnable regarde droit devant, et pour pouvoir regarder devant soi, il faut savoir ce qu’on a derrière soi. Tu ne peux pas te raconter des histoires et prétendre le contraire.- qu’il n’a pas beaucoup d’histoires à se raconter que ça tiendrait sur un timbre poste.. même la mort de sa mère.

Un roman, oui, qui parle d’amnésie, volontaire ou non. Il faut sans doute plus que j’ai pu le faire, savoir mettre en relation cette volonté de non- mémoire avec l’histoire de l’Autriche , un pays où , toujours selon Alma, sitôt entré, on doit ou on peut déposer le passé, selon la situation dans laquelle on se trouve .

Il me semble que c’est un roman qui doit rentrer en résonance avec culture et histoire autrichiennes et qu'il aurait sans doute fallu que je la connaisse mieux! Je ne pense pas que mon commentaire confus puisse encourager à lire ce roman, et pourtant... pourtant il y a des pages magnifiques.

Paofaia - Moorea - - ans - 7 janvier 2014


La mémoire et l’oubli 6 étoiles

Une histoire de famille sur trois générations, à Vienne, de 1938 à 2001. Les thèmes : la mémoire et l’oubli, l’empreinte de l’histoire sur le destin individuel, la fragilité des rêves de jeunesse, le conflit de générations. La voix du narrateur reste neutre et nous rappelle le poids des non-dits. En s’appuyant sur des scènes situées à dix ans d’intervalle, il m’a rappelé ‘La pluie avant qu’elle tombe’ de Coe, où les photos de famille donnent la structure.
Je me souviens du deuxième chapitre : nous faisons connaissance avec les grands-parents, Richard et Alma. Le dentier de Richard, le rêve d’Alma, où elle voit sa fille disparue ; les abeilles essaiment et, tout à coup, Alma trouve les bons réflexes.

Béatrice - Paris - - ans - 17 mai 2011