Les futurs mystères de Paris, tome 3 : L'odyssée de l'espèce
de Roland C. Wagner

critiqué par CC.RIDER, le 21 août 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
SF humoristique
A Paris en 2063, Tem, de son véritable nom « Temple Sacré de l’Aube Radieuse, détective privé vaguement mutant, se fait surprend à côté du cadavre d’un professeur renommé dont les travaux sur la psychosphère étaient tout proches d’aboutir. Il est immédiatement arrêté et accusé du meurtre par le suffisant et antipathique inspecteur Trovallec, surnommé « Le Dénébien ». Relâché une première fois grâce à l’intervention d’avocats de son groupe, il est rapidement repris et accusé d’un second meurtre qu’il n’a évidemment pas commis. Il parvient à s’échapper de prison grâce à l’aide d’une entité capable de traverser les murs et de briser les serrures. Il ne lui reste plus qu’à mener l’enquête pour faire éclater au grand jour une vérité qui lui permette enfin de se disculper.
Ce bref résumé montre que ce livre fonctionne selon la trame classique et ultra-éculée du roman policier traditionnel. Wagner ne cache pas avoir repris les thèmes et schémas d’intrigue de ses prédécesseurs : Léo Malet (« Les nouveaux mystères de Paris ») et Frédéric Dard (« Les derniers mystères de Paris »). Il sous-titre d’ailleurs ce livre « Les futurs mystères de Paris » car Tem n’est autre qu’une sorte d’avatar de Nestor Burma et de San Antonio, mais sans la faconde du premier ni la gauloiserie du second. Avec son chapeau vert fluo pour qu’on ne l’oublie pas, Tem n’a gardé que l’anarchisme désenchanté de ses deux prédécesseurs littéraires. Bien que l’intrigue soit assez faible, le suspens inexistant et le style pas toujours très léger, on lit quand même ce livre avec plaisir surtout pour son côté humoristique et pour sa description d’un univers où les gens marchent sur la tête, sous l’emprise de toutes sortes de drogues et d’addictions (sexe, drogue, rock n’roll, wèbe, sectes, etc.) Le nôtre déjà ? Après tout, les auteurs de SF ne nous décrivent-ils pas notre monde en nous le montrant par le petit ou le grand bout de la lorgnette ?
Informatique et linguistique 9 étoiles

Dans L'Odyssée de l'espèce Roland Wagner postule l'existence d'une "psychosphère", une dimension télépathique produite par les consciences humaines. Pour se débarrasser de "celui-qui-voit-dans-les-ténèbres", une créature archaïque issue de la Psychosphère, les personnages reconstituent grâce à des milliards d'heure de calcul informatique la langue des origines de l'humanité, celle qui a coïncidé avec l'apparition de cette psychosphère, de manière à connaître son vrai nom, celui qui lui a été attribué lorsqu'il a commencé à croître en se nourrissant des pulsions violentes de l'humanité. Une fois le mot reconstitué, n'importe qui peut l'employer contre l'Archétype, pour briser l'influence qu'il exerce sur le cerveau d'un homme donné. Ici, c'est le nom en lui-même qui compte, considéré comme une suite de sons associée à une signification profonde, refoulée en quelque sorte dans l'inconscient préhistorique de l'humanité. Wagner propose une rationalisation de la magie antique, qui utilise des formules et des conjurations : certaines formules, faisant appel à des archétypes évoluant dans la psychosphère, pourraient avoir un effet réel sur le monde des Futurs Mystères de Paris. Grâce à l'informatique appliquée à la linguistique, la magie incantatoire devient un objet scientifique, c'est-à-dire aux effets calculés et explicables.

Pat LLD - - 43 ans - 4 septembre 2009