Le goût de Paris, tome 1 : Le mythe
de Jean-Pierre Arthur Bernard

critiqué par Veneziano, le 20 août 2009
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Eléments sublimés d'une imagerie irrationnelle
Paris enflamme l'imaginaire, particulièrement face à son histoire et la grandiloquence, parfois un brin arrogante, des grands maîtres de la littérature française. Cette petite anthologie qui cumule de grands noms de plume nous rappelle les raisons d'être fier de l'histoire nationale et de la capitale. Mais tout n'est pas sublime dans la capitale, souvent irrespirable, anxiogène et dangereuse aux XVIIIème et XIXème, dans ce laboratoire révolutionnaire, insalubre et bruyant, comme le rappelle notamment Rousseau.
Victor Hugo, Alphonse Daudet, Charles Baudelaire, Jules César, notamment, sont conviés à vous livrer leur impression sur une ville oh combien mouvante et changeante au fil des siècles. Le tout est impressionniste et emportant, en bien et en mal.
Paris aimé, Paris détesté 8 étoiles

La "Ville-lumière", ville tentaculaire, ville centralisatrice de tous les pouvoirs, cristallise bien des fantasmes : Babylone moderne où le vice est partout, ville refuge des arts et de l'intelligence, et quelques idées bien pires homophobes ou antisémites. Elle semble engendrer aussi beaucoup de complexes d'infériorité, sociaux et culturels, de certains provinciaux ou des banlieusards de la grande couronne - pris pour des parisiens en province ! - qui pensent indispensable de rivaliser absolument avec la capitale. On peut reconnaître à cette ville qu'elle brasse les milieux et les origines plus facilement qu'ailleurs en France, mais comme Lille certes. Il est certainement plus facile d'être différent que dans d'autres endroits.

Quant à moi, je ne saurais être objectif, aimant passionnément Paris, de Montmartre à Bastille, du canal Saint-Martin aux Champs Elysées.

C'est la raison pour laquelle je me suis précipité sur ce petit recueil de textes d'auteurs de toutes époques, de Baudelaire à NTM en passant par Céline.

Beaucoup de ces auteurs n'aiment d'ailleurs pas du tout Paris : Flaubert ne voit que son immense bêtise, Maxime du Camp sera plus mesuré, lui-même préférant Rouen, Léon Bloy préfère se rappeler de la Lutèce de l'âge d'or et se moque des goûtes bourgeois en matière artistique, Verlaine ne lui trouve rien d'extraordinaire. Baudelaire parlera des personnages pittoresques qu'il y croise, en particulier les petites vieilles, se rappelant certainement de dessins de Daumier. Et NTM se propose même de raser la ville, refuge des riches et des puissants selon eux. Peut-être dans les prochains recueils peut-on lire des extraits de Marcel Aymé, Maupassant ou Huysmans ?

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 24 mai 2013