Vers un monde sans pauvreté
de Muhammad Yunus, Alain Jolis (Co-auteur)

critiqué par Septularisen, le 16 août 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
PRIX NOBEL DE LA PAIX 2006
Le Bangladesh un des pays les plus pauvres de la planète, où des catastrophes naturelles – cyclones, inondations, famines, malaria, raz de marées, érosion -, font périodiquement des ravages… 90% des Bangladais sont analphabètes, 40% souffrent de malnutrition, et comme si cela ne suffisait pas, avec les problèmes insurmontables d’un pays à la démographie galopante (le Bangladesh a plus de 153 millions d’habitants et une densité de 1.045 habitants au Km², soit, comme si on mettait plus de la moitié de la population des Etats-Unis d’Amérique ou la totalité des habitants de l’Allemagne, de la France et de la Suède, dans un territoire à peu près aussi grand que la Floride ou la Bavière…).

Et pourtant, c’est ce pays qui pourrait venir en aide au reste du monde, y compris au pays nantis et industrialisés de l’Occident, grâce à un «transfert de technologie» sans précédent du tiers monde vers les pays développés… et ce qui est transféré, n’est rien d’autre qu’une façon de faire disparaître à jamais la pauvreté dans le monde…
Son découvreur? Le professeur Muhammad YUNUS, (né en 1940), Prix Nobel de la Paix 2006 et inventeur du micro crédit.

On suit dans ce livre le parcours de ce brillant professeur d’économie depuis ses premières expériences agricoles, à Jobra en 1974 jusqu’à la création de la Grameen Bank et son développement en de nombreuses sociétés (Pisciculture, Téléphonie, Énergie…).
Il s’agit ici de sa biographie, mais les éléments autobiographiques que nous livre l’auteur sont très anecdotiques, et dispensés au compte gouttes, Muhammad YUNUS nous parle quand même un peu de sa famille, de ses frères morts en bas âge, de son mariage et de son divorce, toutefois ces détails restent très rares.

Le reste du livre est surtout consacré à son histoire, à la découverte de la pauvreté, à ses expériences dans l’agriculture, la pisciculture dans son pays, à ses combats pour changer la vision qu’ont les banques et les banquiers sur «les pauvres», à ses démêlés avec les grandes institutions mondiales (Banque mondiale, UNESCO…) à ses démarches pour la création d’une banque pour les pauvres.
Mais surtout au Micro crédit, à sa découverte, ses applications, ses réussites, ses échecs…

J’ai parfois été très surpris (et parfois carrément contre) certaines des prises de position très peu conventionnelles et très tranchées de l’auteur (p. ex. sur l’inutilité de la formation continue, qu'il ne faut rien donner aux pauvres des centres-villes défavorisés, où bien encore que les indemnités de chômage ne sont pas une solution efficace aux problèmes et ne font qu'ajouter à la détresse des gens...), toutefois, il est à noter que l’auteur défend et argumente toujours admirablement bien son point de vue.
Mais le plus surprenant restent ses prises de positions très peu "politiquement correctes"… ainsi p. ex. à un journaliste américain qui lui demandait ce qu’il ferait s’il était président de la Banque Mondiale il répond : «La première chose que je ferais, ce serais transférer le siège à Dhaka, ainsi la Banque serait au cœur même de la détresse humaine. En vivant véritablement auprès des pauvres, je pense que la Banque serait bien mieux à même de s’attaquer au problème rapidement et efficacement….».

Mon conseil, lire ce livre avec devant soi une carte du Bangladesh pour bien situer les villes dont parle l’auteur. Mon seul regret les chiffres cités, un peu dépassés, et le montants toujours exprimés en francs alors que l’édition de ce livre date d’octobre 2007!

Cette biographie est facile à lire, les chapitres courts, intéressants et à la portée de n’importe quel lecteur, ce livre est avant tout un message d’espoir, une sorte de livre programme qui a pour ambition de reléguer la misère dans un musée.