Terreferme
de Jean-Pascal Dubost

critiqué par Sahkti, le 15 août 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pose le pied et avance !
"Terreferme" est le deuxième volet d'une tétralogie ("La rêverie au travail") entamée avec "Fondrie".
Une terre que l'auteur entend saisir pour "un labourage du réel et pour creuser le décri".
En approchant une agriculture qui a signé sa perte en ayant recours à la modernité industrielle, Jean-Pascal Dubost pose un regard critique, voire cynique, sur certaines de nos activités humaines.

Quelques lignes pour donner le ton:

RETS (une flaupée)
Terre! terre! terre! ferme, terre à quoi, terre à qui, terrir, terre à voir, incognita, sacrée terre, secretum, Segré terre, sûre secrète terre de mon coeur, errer en terre, terrer, terre d'écriture, écriterre, amateur, amaterre, grant mère, grant terre, terra mater, ma terre, ta mère, matière, terre à terre, poésie, terreau, ô terre, auteur, auterre, vers terre, souffrances, terre vaine, vaste lande, google earth, ventre à terre, par terre, pater, terre à mère, ta terre, ta mère, mère, terre, mètre, plein de terre, terrestrement terrien, cul terreux, cul taiseux, sale caractère, autoritaire, terreur, se taire, la ferme, se taire, terreferme !
(page 11)

A partir de cette déclinaison du mot terre, l'auteur entend explorer notre sol dans tous les sens du terme, dans toutes ses variations possibles, allant des travaux de la ferme aux bâtiments agricoles en passant par notre terre nourricière. L'occasion pour le lecteur de se frotter à l'organisation agricole, à l'architecture rationnelle d'un autre temps, aux défigurations d'un paysage ou encore aux portraits de grands propriétaires terriens.
Autant d'éléments qui se marient en apparence peu à la poésie et ne peuvent donner naissance à des structures poétiques autour desquelles danseront les mots. Pourtant, Jean-Pascal Dubost articule autour de ces axes autant de pensées et de questionnements, même si dans sa conclusion intitulée "Speel final", il évoque l'échec et le travail inabouti. On sera ou non d'accord avec ce jugement. L'accepter serait diminuer le gros travail fourni pour donner vie à ces éléments terriens, à ces bâtiments éteints et à ces visages oubliés. Travail étrange et de longue haleine qu'il convient de découvrir à petits pas, tel un cheminement à travers les campagnes.