50 dates-clés de l'histoire de Belgique
de Alain Destexhe

critiqué par VLEROY, le 14 août 2009
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Un résumé objectif destiné au grand public
Le sénateur Alain Destexhe est parti d'un constat : les Belges (y compris les responsables politiques) ne connaissent pas beaucoup l'histoire de notre pays et celle-ci est parfois "arrangée" à des fins communautaires. Il met d'ailleurs les choses au point dès l'introduction :

"Les Belges ont, en grande partie du moins, une vieille histoire commune qui remonte au XVème siècle et aux ducs de Bourgogne. L'appartenance linguistique ou communautaire n'y a longtemps joué aucun rôle. Comme le souligne Jean Stengers, les peuples flamands et wallons sont des sous-produits de la Belgique. Il y a bien eu des Belges qui se sont sentis comme tels bien avant 1830. Le mouvement flamand ne naît qu'après la révolution et il reste pendant longtemps, au moins jusqu'à la première guerre mondiale, profondément belge et patriotique. Les termes "Flamands" et "Flandre" ne s'imposent peu à peu qu'à partir de la seconde moitié du XIXème siècle pour désigner une entité plus large que l'historique comté de Flandre. Loin d'être un Etat formé de toute pièce par les puissances européennes en 1830, la Belgique est le résultat d'une révolution dont les conséquences ont été imposées à ces mêmes puissances. Aux yeux des Belges nouvellement indépendants, l'Etat artificiel, c'était le royaume des Pays-Bas réunifiés de Guillaume d'Orange qui n'était rien d'autre qu'une reconstruction d'une union alors disparue depuis plus de 200 ans".

L'auteur commence par nous raconter l'époque préhistorique, l'invasion romaine (Jules César : "De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves"), les mérovingiens (Clovis est proclamé roi des Francs à Tournai) et l'essor des villes.

Furieux de l'alliance de son vassal le comte de Flandre avec l'Angleterre, Philippe le Bel (roi de France) l'emprisonne et occupe le comté. Soutenus par des troupes namuroises, les bourgeois et artisans remportent la victoire le 11 juillet 1302 contre les chevaliers français. A cette époque, le terme "Flamand" désigne les habitants du comté de Flandre, qu'ils parlent français ou la langue locale. L'unification de notre pays a lieu au XVème siècle : les principautés, duchés et comtés se regroupent progressivement au sein d'un même Etat sous l'impulsion des ducs de Bourgogne.

Au XVIème siècle, nos provinces intègrent le grand empire de Charles-Quint (né à Gand en 1500) qui nomme sa tante Marguerite d'Autriche, puis sa soeur Marie de Hongrie gouvernantes des Pays-Bas. Les choses se passent moins bien sous le règne de Philippe II avec la répression de son gouverneur le duc d'Albe. Le traité d'Utrecht en 1713 nous attribue aux Habsbourg d'Autriche. Capitale des Pays-Bas autrichiens, Bruxelles profite de la construction de la place Royale, de l'église Saint-Jacques sur Coudenberg, du palais de Charles de Lorraine, de la place des Martyrs, etc. C'est lors de la révolution brabançonne de 1789 en opposition à la politique de Joseph II que le noir, le jaune et le rouge sont affichés pour la première fois et qu'on proclame les très brefs Etats-Belgiques-Unis. De 1794 à 1815, les provinces belges et la principauté de Liège sont annexées par la France qui transforme radicalement nos institutions. Suite à la bataille de Waterloo, la Belgique est offerte au roi Guillaume d'Orange qui crée la Société Générale, les universités de Gand et Liège. Mais le mécontentement monte chez les Belges.

Suite à la révolution belge de septembre 1830, les Hollandais quittent notre pays et la Belgique devient indépendante. Alain Destexhe souligne : "Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les grandes puissances qui ont désiré la formation du nouvel Etat, mais ce sont les Belges, indépendants depuis peu, qui ont incité les puissances à admettre cet état de fait". Notre nouvelle constitution est l'une des plus modernes de l'époque. Léopold Ier, le premier roi des Belges, prête serment le 21 juillet 1831.

Au fil de ce livre très agréable à lire et très facile à consulter ultérieurement, l'auteur revient sur le développement industriel et la question ouvrière au XIXème siècle (la Belgique est la 2ème puissance industrielle mondiale entre 1810 et 1880!), la colonisation du Congo, les deux guerres mondiales, la Question Royale, le pacte scolaire, l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958 (45 millions de visiteurs), l'immigration italienne et marocaine, la fédéralisation du pays, la marche blanche de 1996, etc. Alain Destexhe termine par l'historique des symboles nationaux (drapeau, lion, devise, monnaie, hymne et fête nationale). Cet ouvrage de 170 pages devrait être lu par tous les étudiants de secondaire et se trouver dans toutes les bibliothèques. J'espère aussi qu'il sera un jour traduit en néerlandais.