Petit abécédaire d'un Français incorrect... et quelques joyeuses impertinences
de Charles-Henri d' Elloy

critiqué par Fabrice ROUDERIES, le 28 juillet 2009
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Des billets d'humeur plaisants à lire
Je sais qu’il attend ma critique avec impatience mais il le sait, "Patientia animi divitias occultas habet".
L’exercice n’est pas aisé lorsque l’on connaît l’auteur personnellement et qu’on l’apprécie mais il s’en doute, ma critique sera libre.

Charles-Henri d’Elloy n’est pas qu’un joyeux drille qui, lors de visites d’un mémorial Vendéen au Puy du fou n’hésite pas à se tapir dans l’obscurité et surgir sur ses collègues en singeant un vampire…non !, Charles-Henri est aussi un Directeur de Cabinet sérieux et un écrivain de talent amoureux de la langue française, et particulièrement de sa formidable capacité de précision.

Dans ces billets d’humeur, il pourfend les impostures de langage, les mystifications intellectuelles, qui polluent le quotidien de notre société française et font le terreau d’une pensée unique au travers de l’utilisation de néologismes disgracieux, de locutions clichés, d’anglicismes et d’un mystérieux mal français qui touche particulièrement les administrations françaises… la "siglite". (utilisation d’abréviations comme CCAS, CISPD, SDF, ADS, CUCS, etc…)

Sous la forme d’un abécédaire, qui je l’avoue, est agréablement aisé à parcourir, il jette son dévolu avec acidité sur la langue de bois des politiques de gauche comme de droite, ou bien encore celle des médias.
Observateur critique de notre société, il commence par dénoncer la couardise de certains qui ont transformé des locutions sous la pression de bien-pensants. A ce titre je retiendrai le chapitre sur les arts premiers dont le qualificatif a remplacé « primitif » au motif qu’il évoquait la brutalité de l’être sauvage. Alors même que primitif signifie littéralement né le premier. Du même acabit, je retiens le chapitre sur les « gens du voyage ». Exit (oh pardon, voilà un anglicisme que l’auteur ne me pardonnera pas) les bohémiens, les gitans, les nomades ou les romanichels…
On emploi au nom du « politiquement correct » une appellation vague et erronée en français. En effet, on pourrait appeler ainsi les pilotes de ligne, les hôtesses de l’air, les chauffeurs routiers ou routards en tout genre.

J’ai apprécié son billet d’humeur sur la communication tant je partage l’idée que les politiques usent et abusent de communication pour dissimuler la perte d’un réel pouvoir depuis plus de 30 ans.
La communication est pourtant essentielle, elle est un moyen de montrer l’action…le problème est qu’aujourd’hui elle est plutôt devenue une fin. Elle devient l’action.

Sous son côté un peu « aristo-réac », l’auteur m'apparaît comme un fin limier de la réflexion bien argumentée, parfois agrémentée de quelques références historiques.
Il nous invite, sinon à nous méfier, tout au moins à prendre constamment du recul avec les notions ou locutions à la mode.

Le Développement Durable en est, à mon sens l’exemple parfait dont je me méfie désormais.
On exploite avec empathie de bons sentiments: se rapprocher de la nature, sauver la planète, protéger les générations futures et préserver les espèces animales.
Bien sûr, sous ces poncifs empreints de naïveté et de bons sentiments se cachent une espèce de dictature écologique qui a tendance à vouloir nous faire avaler de nouvelles augmentations, de nouvelles taxations « vertes » (la dernière en date, la taxe carbone), de nouvelles obligations ou interdictions…et le tout en essayant de nous culpabiliser (et oui, ceux qui ne pensent pas comme cela sont des vilains qui vont nous conduire à un cataclysme…).
Je vois dans le développement durable un formidable avantage pour notre économie nationale, la naissance d’un écolo-business juteux (panneaux photovoltaïques, géothermie, aérothermie, isolants verts, etc.).

Quelques reproches quand même sur ce livre, certains thèmes souffrent de raccourcis intellectuels trop courts et auraient mérité que l’auteur complète une argumentation un peu faible. Je pense à mariage, à IVG ou bien encore à mère porteuse.

D'autres chapitres me semblent tout à fait superflus et ne présentent aucun intérêt d'analyse; je pense là à: sur, look, numéro vert et privilégié.

En bon critique, j’ai cherché à piéger l'auteur en allant sur le site internet de la ville dont il est le directeur de cabinet du Maire pour voir si y figuraient quelques expressions vilipendées dans son œuvre (citoyenneté, proximité, senior, etc…).

Malheureusement pour moi je n’y ai rien trouvé qui vaille que je poursuive ma critique.

Je concède donc à l'auteur une honnêteté intellectuelle sans faille.

Un livre divertissant à commander cet été !

Fabrice ROUDERIES