J'ai l'impression que Jorge Volpi, en rédigeant ce roman, s'est un peu installé dans la peau d'un Tolstoï du 21ième siècle. Le résultat est hélas très loin d'être à la mesure de cette ambition.
Le contexte historique prend ici le pas sur l'intrigue romanesque sans que cela nous apporte grand chose: Volpi accumule les descriptions des grands moments historiques de la seconde moitié du 20ième siècle (à titre d'exemples: la mort de Staline, la révolution hongroise de 1956, la chute du mur de Berlin etc.) avec pour seul résultat de diluer l'intérêt du lecteur qui perd ainsi de vue les protagonistes de ce qui, après tout, est censé être un roman.
La toile de fond est en effet si envahissante qu'elle semble enrober et étouffer les personnages qui, par comparaison, apparaissent traités de façon extrêmement sommaire. Il y avait pourtant matière à faire un roman extrêmement riche (ainsi que le montrent un peu les dernières pages du livre qui, elles, me semblent assez réussies) car ce dont il est ici (trop peu) question, c'est l'ambition personnelle, la cupidité, la responsabilité individuelle, le désir sexuel etc.
Que dire par ailleurs des tics de style qui parsèment l'oeuvre: qu'apporte en effet le recours à ce procédé homérique consistant à qualifier les personnages ou les villes au moyen d'expressions stéréotypées? Gorbatchev "pasteur d'hommes", Elstine "aux bras forts", Washington "axe du cosmos", Berlin "île entourée de cannibales", cela passe une fois, deux fois...mais à la dixième l'indigestion menace.
Bref, si vous voulez découvrir Volpi, lisez plutôt "à la recherche de Klingsor" qui est réellement un livre passionnant.
Guermantes - Bruxelles - 77 ans - 19 avril 2010 |