Jolie Blon's Bounce
de James Lee Burke

critiqué par Tanneguy, le 22 juillet 2009
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Un Robicheaux sans surprise...
...et toujours agréable à lire. Le district de New Iberia est toujours là, ses habitants toujours pittoresques, les moeurs violentes et primitives. Cette fois c'est le viol et le meurtre d'une jeune fille dans des conditions atroces qui agite la région et motive Robicheaux. Les choses ne sont pas si simples qu'elles paraissent de prime abord ; elles s'expliquent aussi par des évènements survenus au moment de l'abolition de l'esclavage, que l'auteur nous contera de façon remarquable. Les bagarres, inévitables, sont homériques, comme la lutte du héros contre l'alcoolisme. Les descriptions de la nature, bien qu'un peu répétitives, sont toujours remarquables ; on aurait presqu'envie de s'y retrouver...

Une interrogation sur la longévité de l'auteur : comment fait-il ? Quel âge peut avoir Robicheaux et comment fait-il pour survivre aux corrections sévères qu'on lui inflige ? Je l'ai trouvé un peu désabusé, mais un personnage de 74 ans est encore plus étonnant.

Rassurez-vous, tout finira bien, même si le dénouement est parfois obscur !

A ne pas manquer (pour les amateurs, bien sûr), ne serait-ce que pour la description de la vie vers la fin du XIXème au pays des confédérés.
Je m'appelle Legion 10 étoiles

Les précédents avis, ici, sur ce 12ème cru de Burke concernant Robicheaux sont pour le moins positifs, et je ne peux qu'être d'accord. "Jolie Blon's Bounce", que pour une raison étrange j'ai eu un petit peu de mal à trouver en poche (obligé de l'acheter d'occaze plutôt que neuf, suite à une rupture de stock concernant ce livre sur le site que je privilégie pour mes achats), est une très belle réussite, avec un méchant épouvantablement méchant et une intrigue certes moins complexe que d'ordinaire, mais entremêlant cependant, avec brio, passé et présent. Je n'ai pas vu passer le temps ni les 480 pages du bouquin, lues en une journée harassante de chaleur ; mais lire à l'ombre, avec une boisson rafraîchissante à portée de main, qu'est-ce que c'est bon... surtout quand on a affaire à un polar aussi réussi que ça !

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 5 août 2024


Dave Robicheaux : onzième acte 9 étoiles

Une fois n'est pas coutume, il me semble que cette histoire est moins complexe que les précédentes. Les personnages qui jalonnent le récit sont certes nombreux mais les relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres m'ont paru bien plus simples qu'à l'accoutumée. Peut-être est-ce pour cela que je l'ai tant apprécié et qu'il me parait être un des tous meilleurs de la série.
Même si James Lee Burke use et abuse de quelques phrases à rallonge qu'il faut parfois relire pour en saisir parfaitement le sens, son style inimitable fait forte impression et nous plonge directement dans les bas-fonds de la Louisiane, où règne en permanence une violence induite le plus souvent par un immense désœuvrement.

Ayor - - 52 ans - 21 août 2011


C’est une chanson … 8 étoiles

C’est une chanson, « Jolie Blon’s Bounce ». Un blues que reprend à son compte Tee Bobby Hulin, musicien noir aussi doué pour chanter le blues qu’il parait démuni dans la vie courante. Il est de la catégorie des pauvres, pauvres noirs qui plus est, catégorie qui semble hanter abondamment les lieux de New Orleans à en croire James Lee Burke.
Mais d’abord, commençons par le début, il y a … évidemment … Dave Robicheaux, l’enquêteur de New Iberia, ancien flic de New Orleans déchu, rescapé de l’alcool, qui gère dorénavant son affaire de location de bateaux pour pêcher, à mi-temps de son boulot d’enquêteur pour le shérif de New Iberia.
Et voilà que Amanda, une jeune fille blanche, est retrouvée dans un champ de cannes à sucre, attachée, exécutée au fusil et violée, tant qu’à faire. Comme souvent dans les épisodes Dave Robicheaux, il va falloir remonter loin dans l’histoire sudiste pour extirper les racines qui ont conduit à ce drame. Beaucoup de violence, encore une fois, mais je ne doute pas que la Louisiane soit un monde violent, des caractères affirmés, surannés (esclavage pas si vieux), et des considérations sur la nature habituelles sous la plume de James Lee Burke.
Ca reste un bonheur de lecture intelligente. On va naviguer entre riches propriétaires qui n’ont pas l’air au courant que la Guerre de Sécession a eu lieu, de pauvres gens, des gens de loi à la moralité élastique, des caïds de la pègre … On n’est pas volé avec James Lee Burke !

« Nous entrâmes dans la boîte de nuit par une porte latérale. A l’intérieur, bruit et chaleur régnaient en maîtres, l’air était dense et brumeux de fumée de cigarette, épaissi par les relents de whisky, de crabe bouilli et de suée de bière. Tee Bobby était au micro, sa chemise lavande à longues manches plaquée sur son torse comme une seconde peau, une guitare électrique rouge suspendue à son cou. Il but à même le goulot d’une bouteille à long col de bière Dixie, essuya ses yeux mouillés d’un revers de manche et attaqua « Breaking up is hard to do » en vacillant légèrement derrière son micro. Il chantait paupières fermées, le visage empreint d’une émotion qui, de prime abord, pouvait paraître factice et fabriquée pour la circonstance, mais lorsqu’elle résonnait dans le micro, sa voix était chargée d’un sentiment de perte irrévocable. »

A noter que la traduction est, classiquement, de Freddy Michalski et qu’elle me parait plus en accord avec les ouvrages précédents de Burke que celle de « L’emblème du croisé » qui n’était pas, exceptionnellement (?), de lui.

Tistou - - 68 ans - 29 mai 2011