La chimie de l'amour : Quand les sentiments ont une odeur
de Regine Dee, Hanns Hatt

critiqué par BONNEAU Brice, le 6 juillet 2009
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Une belle surprise !
A vue de nez, on ne penserait pas à la lecture de la couverture que ce livre pourrait être passionnant. On s’attend plutôt, Editions du CNRS oblige, à une publication très scientifique, qui ne passionnerait que les chercheurs et les fétichistes de la science. Et pourtant, croyez-moi, on aurait bien tort, car ce livre est une petite merveille de vulgarisation scientifique, et a réussi à passionner le néophyte que je suis !

Le nez et l’odorat sont passablement sous-exploités, c’est en gros ce que nous explique ce captivant ouvrage aux allures scientifiques. L’homme, qui fait partie de l’espèce animale, a perdu la conscience et les capacités de son olfaction, alors que les autres espèces animales en font leur sens privilégié, et l’on pensera notamment aux chiens ou aux papillons, capables de sentir une très légère trace d’hormones à des kilomètres !

Pourtant, si nous utilisons peu notre nez, nos capacités restent encore l’objet d’un vaste domaine de recherche encore inexploré ! Souvent considéré comme secondaire après la vue et l’ouïe, l’odorat n’en reste pas moins important : les patients atteints d’anosmie (perte de l’odorat) pourraient en témoigner, de même que les aveugles qui redécouvrent ce sens sous-exploité. Les odeurs nous entourent et commandent beaucoup de nos décisions et d’émotions. Agréables ou répugnantes, nous sentons tout et catégorisons les odeurs : celles des voisins de métro après une journée de travail en été, qui nous écoeure ; celle du jeune homme croisé dans le couloir de la photocopieuse, qui nous excite ; celle de Proust et de sa madeleine, qui nous ouvre l’appétit ; celle de la fumée, qui nous alerte d’un danger ; celle de cette viande un peu passée, qui nous incite à la prudence et nous évite de manger une viande avariée ; celle de son bien-aimé, qu’on cherche sur l’oreiller un soir d’absence…

Saviez-vous, par exemple, que les spermatozoïdes étaient sensibles à l’odeur du muguet, que les ovules dégageaient ? Ou que nous étions capables de déceler la peur dans l’odeur de la transpiration ? C’est dans ce travail colossal, extrêmement accessible (vous ne vous y casserez pas le nez !) et ne manquant pas d’humour que le chercheur allemand Hanns Hatt et sa collègue Regine Dee vous plongent au pays des odeurs, dans un livre enivrant qu’avec un peu de nez, vous auriez senti venir de loin ;) C’était facile !