Le Cap-Vert
de Jean-Philippe Dugault

critiqué par Garance62, le 29 juin 2009
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Mes impressions de voyage : j'y retourne dès que je peux !
Nous connaissons tous Césaria Evora, nous avons tous des idées de paysage, de gaieté, de musique, de nostalgie "Sodade" et aussi de pauvreté quand nous évoquons les îles du Cap-Vert. J'avais envie d'en découvrir plus sur cette île qui m'attire mais dont je connais un habitant qui en parle comme d'un endroit où le seul combat à y mener est celui de la recherche d'eau.

L'auteur a eu un grand coup de cœur pour ces îles et moi un grand coup de coeur pour son livre qui me donne encore plus envie d'aller découvrir ces terres de contrastes : pauvreté, sourires, sècheresse, ténacité des habitants, exil d'autres habitants (2 tiers de la population émigrée à l'étranger), cuisine locale, marchés, pêche, volcan, habitations, paysages grandioses, scolarité au rabais...

J'ai aimé l'esthétique littéraire du livre, faite de prose poétique : "Le soleil a gercé ces pentes boursoufflées aux pierres volcaniques de sienne et d'ambre", de narration imagée sans être alambiquée, une belle écriture qui se veut à la fois descriptive au gré des endroits visités, explicative, proche du lecteur avec lequel il partage les anecdotes qui lui sont arrivées, les rencontres qu'il a faites. Car ce livre est avant tout un récit qui donne sa place à l'humain.

Cet humain exilé de force sur ces terres inhospitalières et si belles : "Personne ne vivait ici au commencement. Que nos ancêtres soient Portugais ou Africains, c'est la contrainte qui nous a amenés là."
Une réalité bien décrite qui ne tombe pas dans l'apitoiement ou le misérabilisme mais qui décrit le quotidien à la fois riant et douloureux où le manque d'eau revient régulièrement.
L'auteur et le photographe sont, à n'en pas douter, des hommes aux grands coeurs. Ils ont su regarder, gouter, nous transmettre en faisant la part des choses.

Le récit est en partie écrit avec une police qui fait penser à une frappe de vieille machine à taper, les pages déchirées d'un carnet posées, toujours avec une belle esthétique, sur des pages de papier à base de feuilles de bananes ou de tabac, où l'on devine en filigrane les fibres végétales, les photos comme collées avec du sparadrap... on s'y croit, en voyage, à bricoler son carnet de souvenirs !

Quant aux photos, j'aime que les protagonistes regardent le plus souvent l'objectif. Pas de voleur d'âme ici ! Un échange, un partage comme il est indiqué sur la 4ème : "nous empruntons les chemins de traverse pour retrouver les racines du pays et mieux comprendre la culture et l'art de vivre".

A la fin de l'ouvrage, quelques pages plus descriptives donnent des renseignements plus pratiques, comme celui de se rapprocher de la cuisinière de la pensao ou de l'hôtel..

Bon voyage de papier...