L'usine à rêves
de François Rivière

critiqué par Le pingouin, le 28 juin 2009
( - 35 ans)


La note:  étoiles
Style doux et agréable à la lecture
Tout commence dans une ambiance très nostalgique: la vie d'un acteur déchu d'une série pour enfants à succès, qui vit seul dans une grande villa. De nombreux personnages sont introduits au début, installant une certaine confusion chez le lecteur, qui est incapable de les assimiler tous, et surtout de les cerner. Mais c'est voulu. On s'interroge, on se demande pourquoi telle relation est ainsi, on se pose des questions. Et c'est justement ces interrogations qui nous pousseront au bout du roman sans même s'apercevoir que le temps passe.
Le récit est construit dans un rythme intéressant. D'une part, la vie actuelle du personnage, dans toute sa solitude. D'autre part, son ancienne vie, qu'il nous raconte, au fur et à mesure d'une rencontre avec un protagoniste de cette ancienne vie. Ces passages sont mis en alternance et donnent un dynamisme au récit.
Peu à peu, on avance dans la lecture, alléchés par l'attente d'une révélation: pourquoi n'a-t-il pas continué sa carrière d'acteur? On est tenu en haleine jusqu'à la fin, jusqu'à la révélation qui finalement n'est pas aussi bouleversante que l'on s'y attendait
Toute une psychologie des personnages est développée, et c'est sans doute cela qui donne un tel attrait à ce texte, en passant des intrigues amoureuses d'un garçon qui préfère les hommes, à l'absence de parents, de famille, d'affection, etc. La solitude des gens de notre société est clairement exprimée et montrée dans tout ses aspects.
Découvrez dans ce roman un style qui vous promène lentement au gré d'un voyage dans le passé, dans le présent, en Europe et aux États-Unis...
Lonesome Charlie 7 étoiles

Charles Dulac est un homme mature et solitaire, vivant dans une vieille demeure de Charente Maritime. Il reçoit un jour une lettre d’une vieille connaissance, Nilo Pharel, l’invitant à venir le rejoindre dans sa maison de Bruxelles pour une dernière discussion avant sa mort. Hésitant d’abord, décidé ensuite à retrouver celui qui reste davantage un "ancien ennemi", Charles entame d’un même élan un retour dans son passé de jeune acteur fétiche d’une série américaine…

"L’usine à rêves" est un roman teinté de tiraillements et de nostalgie. Dans un style souple, proposant une narration baignée de culture US, l’auteur nous emmène dans les méandres mnésiques du narrateur qui revient vers son double, Little Charlie, petit détective à succès, lui ayant ouvert les portes d’un monde à la fois merveilleusement irréel et cruellement terre-à-terre.

Pris en charge précocement par sa grand-mère Maud, l'orphelin Charles se fait un jour repérer par une scénariste en vogue, Donnie Bliss. C’est elle qui l’emmènera dans les couloirs d’Hollywood, sous le regard méfiant de Maud dont les réticences ne sont néanmoins pas mues par l’affection envers son petit-fils mais par le carcan de ses préjugés sociaux.

Ému très vite par la beauté des jeunes hommes, Charles se réfugie sous l’identité de Little Charlie pour prendre confiance en lui et s’émanciper. C’est avant tout de Teddy, l’ami aujourd’hui perdu on ne sait comment, que Charles s’éprend et n’aura de cesse de percer la retenue. Le secret reste présent tout au long du roman, Nilo Pharel, le détesté, composant la pierre d’angle des révélations finales.

"L’usine à rêves" est un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir, l’intrigue étant construite comme un film à flash back ouvrant peu à peu les portes du fondement existentiel de son personnage central. Un voile de suspense se pose dès les premières pages et il n’est jamais lassant de suivre le fil.

Quelques déjà-vus dans la manière d’amener les éléments du récit mais, en dehors de cela, une lecture captivante.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 27 octobre 2012