Les dix femmes de l'ingénieur Rauno Rämekorpi
de Arto Paasilinna

critiqué par Septularisen, le 27 juin 2009
( - - ans)


La note:  étoiles
UNE FABLE RABELAISIENNE
Rauno Rämekorpi est un très riche capitaine d’industrie en Finlande. Il possède une grande usine et produit des pompes hydrauliques, des saunas et des cabines pour bateaux de croisière.

Aujourd’hui, le 7 septembre, il fête, comme le veut la tradition, en très grande pompe son soixantième anniversaire. Une grande réception a lieu dans sa maison, et les invités affluent nombreux, les bras chargés de cadeaux, mais surtout de fleurs, des montagnes de bouquets ! Mais, manque de chance, sa femme Annikki est allergique au pollen, et Rauno n’a donc d’autre choix, à peine le dernier convive parti d’aller jeter toutes ces fleurs à la décharge.

Rauno téléphone donc à un taxi, y charge toutes les fleurs et se dirige vers la décharge pour s’en débarrasser… Mais là soudain, voilà notre homme d’affaires qui change d’idée. Pourquoi ne pas offrir les bouquets à ses nombreuses maîtresses.
C’est parti pour un périple fou d’une journée et d’une nuit, accompagné de son chauffeur de taxi, où notre noceur passe d’une femme à l’autre, d’un lit à l’autre, d’une aventure à l’autre, d’une libation à l’autre, d’une alcôve à l’autre, le tout dans un déluge de bière, champagne, caviar, et autre bonne chère.

Le succès est tel que Raumo décide de réitérer sa virée à l’occasion de la fête de Noël, cette fois déguisé en Père Noël, toujours avec le même chauffeur de taxi, déguisé lui en lutin. Le voilà donc reparti avec une besace pleine de magnifiques cadeaux, vers le domicile de ses nombreuses maîtresses…
Mais, ce que Raumo ignore encore, c’est que ses maîtresses, à qui il avait fait croire que chacune est la seule, ont, durant l’automne, entendu parler les unes des autres, et décidé de jouer «collectif» pour se venger de celui qu’elles appellent désormais le «gros porc»…

Comme tous les ans depuis 1989 et «Le lièvre de Vatanen», nous arrive donc de Finlande le nouvel opus d’Arto PAASILINNA, (toujours traduit par Anne COLIN DU TERRAIL), le «roi» de la littérature finlandaise. Comme toujours celui-ci a le don d’emporter le lecteur dans un monde d’imaginaire, de folies, de démesure, d’excès, de magie. Le style est simple et rapide à lire, les pages se tournent très vite, et surtout comme toujours on rit beaucoup, presque à chaque page!

Il y a là du RABELAIS, du Marcel AYME, dans l’écrivain scandinave, vraiment du génie, à tel point que parfois je me demande ce qu’il peut encore aller chercher au tréfonds de son imagination … Seul bémol que j’ai pu trouver à ce livre, la deuxième partie beaucoup trop courte et l’action beaucoup trop rapide par rapport à la première, alors que celle-ci justement se trainait quelquefois des longueurs inutiles.
Mais au fond au fond, rien à redire, un livre d’Arto PAASILINNA cela reste toujours un grand moment de lecture, un grand moment de franche rigolade et un grand moment de plaisir… Enfin, cerise sur le gâteau, les lecteurs habituels de l’écrivain finnois, retrouveront, pour leur plus grand plaisir, un personnage déjà connu, puisqu'on a déjà suivi ses aventures dans d’autres livres de l’écrivain…
Un meilleur Paasolina tu liras 8 étoiles

On retrouve dans ce livre ce que l'on aime chez cet auteur : un côté loufoque, une quête particulière du plaisir, la Finlande et un regard grinçant sur notre société (et d'autant si on est finlandais).
Malheureusement, même si on passe un bon moment de lecture, le charme de cette aventure s'étiole quelque peu et le souffle retombe.
Cet ouvrage demeure néanmoins un bon roman. Toutefois, cela peut être décevant quand on a lu d'autres ouvrages de Paasolina (Le lièvre de Vatanen ou la cavale du géomètre par exemple) ou très déroutant si on le découvre par ce roman.
Reste quand même l'univers d'un auteur et des péripéties saugrenues et réjouissantes.

Vinmont - - 50 ans - 25 juillet 2019


Je m'ennuie 4 étoiles

Je crois que c'est le bouquin que j'ai extorqué à Blue lors de la rencontre CL du 23/5 à Paris. J'aurais mieux fait de m'abstenir.
Comme Sahkti, mais plus rapidement, j'ai trouvé que l'écriture tournait au procédé. Loin de moi l'idée de donner des leçon d'écriture, mais le récit aurait gagné en efficacité, s'il avait été plus court. Cent à cent-cinquante pages, voire moins, auraient suffi à décrire les "turpitudes" (qui me semblent bien vénielles) de l'ingénieur et la vengeance qu'elles déclenchent. D'ailleurs, il n'est pas clairement établi selon moi que l'ingénieur ait déclaré une flamme unique à chacune de ses maîtresses. Deux ou trois épisodes de la première partie trouvent grâce à mes yeux et guère plus dans la deuxième. Rien en tout cas qui justifie la dithyrambe de la quatrième de couverture : je n'ai jamais été hilare dans ma lecture et les "accents rabelaisiens" m'ont semblé bien fades.

Minoritaire - Schaerbeek - 64 ans - 11 juin 2015


Du Paasilinna pur jus 6 étoiles

Un des derniers romans de Paasilinna traduit en français qui renoue avec l’humour et la description de personnages truculents et dénués de toute morale, comme dans beaucoup d’histoires de l’auteur finlandais.

Si le récit part très bien, le caractère un peu répétitif et trivial du déroulement des faits pourraient lasser le lecteur peu habitué à cet écrivain, sur un sentiment mitigé.

Tenant pour acquis l’absurdité des récits du finlandais, on pourra qualifier cet opus de bon, mais sans doute pas à la hauteur de ses ouvrages plus anciens dès lors que le schéma reste un tant soit peu éculé et donc sans surprise pour les adeptes de l’auteur.

J’ai tout de même apprécié les quelques bons passages et réflexions sur l’alcoolisme ou les croisières.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 12 août 2014


Délirant 8 étoiles

Délirant au premier sens du terme tellement les romans de Paasilinna ne ressemblent à aucun autre. Il a le don rare de créer des situations totalement loufoques sans que cela nous paraisse tiré par les cheveux. On croit en effet volontiers à son histoire de sexagénaire en surconsommation de maîtresses, même si, comme l'ont dit les autres lecteurs, l'écrivain fait tout de même rapidement le tour de la question et laisse la deuxième partie quelque peu à l'abandon. Ce que j'aime dans l'œuvre de Paasilinna c'est qu'il nous transmet sans détour sa vision de la vie: épicurisme forcené, liberté totale prise par le héros après une sorte de "révélation" dans le roman et abandon de toute les normes, règles qui constituent la vie société.
En cela même si l'auteur finlandais ne soutient pas longtemps la comparaison il y a du Bukowski dans ses livres. Cet humour et cette idée que nos sociétés modernes ne marchent pas si bien pour les individus, qui eux aspirent peut être à autre chose que l'idéal conçu par nos politiques (notamment concernant la question du travail pour Paasilinna).
De même, ce livre m'a fait penser au film "Broken Flowers" par l'inévitable Jim Jarmusch qui traite le sujet de l'ancien amant rendant visite à de vieilles connaissances à travers un parcours en voiture.

Un livre riche d'enseignement donc, et qui même s'il se concentre plus sur la forme ne néglige pas le fond, laissant à chacun le droit de réfléchir sur sa condition, son but dans la vie mais toujours sans prise de tête inutile

Rafiki - Paris - 33 ans - 8 décembre 2011


Le Père Noël est un chafouin 8 étoiles

Voilà plus d'un an que j'ai lu ce livre, mais rien qu'en y repensant j'en rigole.

Paasilinna distille une bonne dose d'humour dans ce livre à lire absolument en période de grise mine.
L'histoire de ce riche industriel au sens du collectif très développé m'a bien fait rire. Sacré Rauno Rämekorpi, quel vieux chafouin! J'aimerai bien avoir dans le futur une aussi belle retraite que la sienne, quoique fatigante tout de même...
Bien entendu il faut lire ce livre au second degré, ce n'est certes pas de la grande littérature mais là n'est pas l'objectif.

En tout cas je recommande chaleureusement ce livre, un très bon anti-dépresseur contre cette chienne de vie.

Sundernono - Nice - 41 ans - 11 mars 2011


Amour, humour et fantaisie 9 étoiles

Un sexagénaire aux forces productives étonnantes!

Encore une fois Arto Paasilinna nous offre une farce réjouissante... du plaisir, rien que du plaisir.
Dommage que ces romans mettent tant de temps à être traduits et publiés en français.

Qui a dit qu'à soixante ans on avait le pied dans la tombe et que les grands plaisirs sensuels de la vie faisaient partie des MMS ( mes meilleurs souvenirs) ?
L'industriel du roman qui vient de fêter son anniversaire possède des capacités hors normes et c'est à la suite de plusieurs rapports accumulés qu'il prend un cachet de viagra !
Quelque peu « partageux » il décide d'aller offrir les bouquets reçus et des victuailles à quelques femmes méritantes, c'est ainsi qu'il va rendre visite à neuf femmes. 
Les élues sont de toutes les conditions et chacune possède un charme et des attraits insoupçonnés pour l'industriel rabelaisien, qu'elles aient trente ans ou même soixante-dix ans.
L'une veut un enfant de lui, une autre ne l'avait jamais rencontré et une troisième, militante communiste se voit confier une place d'ingénieure.... Elle n'est que soudeuse, certes, mais qu'importe:
les militants de cette trempe sont les plus aptes à occuper des places de responsabilité car « ils comprenaient les notions de coût et de résultat et connaissaient mieux les méthodes capitalistes que n'importe quel ingénieur débutant ou économiste novice. En Finlande on avait toujours surestimé la formation théorique. »
L'histoire est délirante et l'auteur n'hésite pas .... C'est ainsi qu'il nous fait part des réflexion de son héros qui, partant d'une étude américaine prouvant qu'une exécution hydraulique coûterait 32 % moins cher que n'importe quelle autre méthode employée , propose que l'on fasse des économies sur les frais d'enterrement:
« On avait constaté, lors d'expériences menées sur les animaux, que le cadavre d'un individu exécuté par compression tenait dans un porte document. »
Pris au premier degré, en dehors du contexte du « style » de l'auteur, le lecteur pourrait être scandalisé... Mais nous sommes ici emportés dans une histoire extravagante où l'humour reste le fil conducteur principal.

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 19 septembre 2010


Trop lisse à mon goût même si prometteur au début 4 étoiles

J'avoue m'être pas mal ennuyée dans le dernier tiers du texte, non seulement parce que l'histoire commence à tirer en longueur mais aussi parce que je n'y ai plus retrouvé la verve du début du roman. L'idée est pourtant bonne mais l'auteur n'évite pas l'écueil du catalogue, de la liste descriptive des errances sexuelles de son héros.
Un héros pas vraiment attachant, comme aucun des personnages du bouquin d'ailleurs, à l'exception peut-être du chauffeur de taxi, si dévoué sans pour autant être louche.
Bref, autant Paasilinna a pu me surprendre et me séduire dans certains de ses romans, autant ici, j'ai trouvé l'ensemble lisse et convenu. Ce qui aurait pu donner naissance à un récit ample et théâtral retombe trop vite à mon goût, comme un soufflé et une histoire dont l'auteur ne sait plus trop comment sortir. D'où sans doute l'aspect bâclé de la fin, vite expédiée, pas très intéressante, une vengeance qui n'a ni queue ni tête et ne ressemble à rien.
Pas vraiment pour moi cette fois.

Sahkti - Genève - 50 ans - 15 septembre 2010


Grandeur et décadence d’un décathlonien du sexe 8 étoiles

Le Paasolina nouveau est arrivé : un conte libertin dont l’action principale est un décathlon du sexe accompli par le conseiller à l’industrie Raumo Rämekorpi , une sorte d’ épopée loufoque constituée d’une compilation de rencontres amoureuses .

Un décathlon, c’est beaucoup et même si chaque visite débouche sur des péripéties différentes et si la gamme de ses maîtresses est large ( on croise ainsi une soudeuse neurasthénique, une journaliste qui lui a fait un enfant , une directrice de musée battue par son ex-mari jaloux, une psychologue ex-stalinienne, une veuve d’évêque aux armées , une technicienne de surface …….) l’issue de ses rencontres est prévisible et ne varie pas …..Un heptathlon du sexe aurait peut-être suffit ….

Enfin, j’aurais mauvaise grâce à bouder le plaisir que j’ai rencontré à la lecture de cette odyssée qui, après avoir présenté les performances du décathlonien en montre, selon un schéma classique, la déconfiture . La morale de ce conte est que les femmes sont bien ingrates ......Pourtant comblées , elles s’unissent pour fomenter une vengeance contre ce Père Noël qu’ elles finissent par considérer comme une ordure ……

Alma - - - ans - 4 août 2009