Mémoires du large
de Éric Tabarly

critiqué par Dirlandaise, le 25 juin 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
L'ivresse de la victoire
Voilà, je viens tout juste de refermer ce livre et l’émotion que je ressens me laisse une boule dans la gorge. Je me suis attachée d’une façon incroyable à cet homme et surtout, il m’a touchée profondément avec son amour de la mer, de ses bateaux et de la vie sur l’eau. En effet, Éric Tabarly n’était pas fait pour la terre mais c’était un homme de mer, un véritable marin jusqu’au plus profond de son âme. Et ses écrits reflètent bien cette passion débordante qui a fait de sa vie une course incessante, un combat contre les éléments, une soif de partir qui l’a mené sur toutes les mers du globe et qui a fini par l’engloutir. Mais, une telle fin n’est pas triste puisque Tabarly a eu la vie qu’il avait toujours désirée et la mer a repris en son sein son enfant chéri. Pouvait-il en être autrement… je ne crois pas. Cette fin me fait penser à Robert Capa qui ne pouvait s’empêcher de courir d’une guerre à l’autre et dont une mine en Indochine a scellé le destin aventureux. Ce sont des hommes d’action qui ne peuvent s’adapter à une vie ordinaire. L’appel de l’aventure est toujours le plus fort.

Dans ce livre, Éric Tabarly relate son enfance, ses années d’études, son entrée à l’école aéronavale, l’obtention de son brevet de pilote, son entrée à l’école navale, son métier d’enseigne de vaisseau dans la marine, sa passion pour les voiliers transmise par son père. Car son premier voilier « Pen Duick » lui a été donné par son père. Les autres ont été construits spécialement pour lui avec les caractéristiques spécifiques qu’il voulait pour les différentes courses auxquelles il désirait participer. Car Tabarly était de toutes les grandes courses et il gagnait presque tout le temps. Il nous offre donc un survol de plusieurs de ces courses, certaines en solitaire, d’autres avec équipage. Ces régatiers sont les meilleurs au monde, ils raflent toutes les victoires pendant longtemps. Mais évidemment, il y a les avaries, les malchances, le gros temps qui leur en enlèvent quelques-unes mais c’est une équipe imbattable dirigée par le meilleur skipper au monde.

Le livre est passionnant mais il ne comporte pas de glossaire ni de cartes ce qui est impardonnable à mon avis. J’ai compris presque tout car je me suis familiarisée avec les termes du sport de la voile dans un livre précédent mais une personne qui n’y connaît rien aura besoin d’un dictionnaire pour décrypter les différentes manœuvres, le nom des voiles et de l’équipement d’un voilier ainsi que les différentes allures. Pas de photos non plus ce qui est vraiment dommage. Mais, il y a celle de la couverture et je ne me lassais pas de contempler le doux visage de cet homme.

Avec Tabarly, on ne s’ennuie pas une seconde. Il nous entraîne dans ses périples et impossible de lui résister. Vivre une tempête avec lui sur son voilier, c’est une expérience grandiose, magnifique, inoubliable ! Un homme superbe qui n’a pas su résister à l’appel du large, et dont le destin était lié à cette mer qu’il a tant aimée et qui l’a repris.

« J’aime les effort physiques, et aussi me mesurer à la violence des éléments, comme les vents et les océans. La vie à terre, pendant longtemps, m’a semblé peu intéressante et même décevante. La vie à terre n’est pas vraiment mon affaire. Le bateau exige de la discipline et de la volonté, requiert certaines vertus antiques, peut-être désuètes, mais qui correspondent à mon caractère. »

« Il est là, superbe, sous son gréement aurique, humant le vent, évaluant la force de la mer, frissonnant dans l’attente de la première risée : objet d’art, précieux, exigeant, sensuel, vif, capricieux, tel est Pen Duick, mon bateau. »