Little bird
de Craig Johnson

critiqué par BMR & MAM, le 23 juin 2009
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
Le cri du flocon dans les montagnes ...
Après les polars de William G. Tapply, après ceux de Tony Hillerman, ... on ne pouvait laisser passer la sortie d'un nouvel auteur : Craig Johnson et son bouquin Little Bird.
L'occasion de poursuivre notre théorie (!) élaborée récemment à l'occasion du billet sur James Lee Burke et sa Brume électrique, et qui veut opposer les flics des villes aux flics des champs.
Walt Longmire, le shérif de Craig Johnson est un flic des champs.
Ou plutôt des montagnes : celles du Wyoming et Walt Longmire c'est un peu l'autre côté, le côté "blanc", de Leaphorn, le flic navajo de Tony Hillerman - Walt Longmire côtoie les indiens cheyennes.
Walt, est un shérif un peu nonchalant qui traverse le roman sans trop y croire et on espère avec lui que l'enquête chaotique continuera d'avancer toute seule, le laissant savourer la paix de ses montagnes enneigées depuis sa véranda.
Un flic des champs, on vous le dit.

[...] À un moment, plongé dans mes réflexions, je vis un petit flocon tout rond traverser mon champ de vision, se poser contre l'un des blocs de ciment et disparaître. Il y en avait d'autres, maintenant, qui flottaient doucement dans la fraîcheur de l'air nocturne. Les scientifiques disent que les flocons, en tombant dans l'eau, font un bruit, comme le gémissement d'un coyote; le son atteint son apogée puis décroît, le tout en environ un millième de seconde. Ils ont découvert ça quand ils ont utilisé un sonar pour repérer les migrations des saumons en Alaska. Les flocons de neige faisaient tellement de bruit que les signaux émis par les poissons étaient inaudibles et l'expérience dut être abandonnée. Le flocon flotte sur l'eau, et il y a peu de bruit en dessous; mais dès qu'il commence à fondre, l'eau monte par capillarité. On suppose qu'il y a des bulles d'air qui sont émises par le flocon, capturées par l'eau qui monte. Chacune de ces bulles vibre en essayant d'atteindre l'équilibre avec son entourage et émet des ondes sonores, un cri si faible et si aigu qu'il est indétectable par l'oreille humaine.

Mais bien sûr un crime vient troubler la paix des montagnes.
Un blanc est assassiné. Un blanc qui avait violé une jeune indienne il n'y a pas si longtemps. Vengeance ?
Oui, vengeance, puisque le titre en VO c'est Cold dish ... mais bien sûr, une vengeance peut en cacher une autre.
La prose de Craig Johnson est simple et directe, sans fioritures et avec pas mal d'humour.

[...] Je lui avais posé des questions sur Jim et elle m'avait dit qu'il était parti dans le Nebraska chasser avec des amis, chasser l'oie. Son ton était hésitant et j'étais certain qu'il y avait quelque chose à creuser, là. Alors, j'avais utilisé un de mes vieux truc de flic et je lui avais demandé s'il n'y avait pas quelque chose qu'elle voudrait me dire. Elle avait utilisé un de ses vieux trucs de mère et m'avait répondu non. Les trucs de flics ne font pas le poids devant les trucs de mère.

Ou encore :

[...] - Lucian, fais moi plaisir, ne descends personne.
Il actionna la pompe du Remington et fourra une balle de calibre .12 dans la chambre.
- Y'a rien de mal à descendre des gars, tant qu'on descend les bons.

On reste juste un petit peu sur notre faim - à force de lire que du très bon, on devient difficile - vu qu'on a moyennement adhéré au personnage de Walt Longmire, le shérif. Autant les personnages secondaires sont plutôt bien dessinés, le héros semble, lui, comme manquer d'épaisseur (même s'il a un peu d'embonpoint).
Rien à voir avec les flics de Tony Hillerman, par exemple, qu'on serait prêt à reconnaitre dans la rue si on les croise.
C'est le premier épisode (en français du moins) et on espère que tout cela gagnera en maturité.
Une premier essai de lecture prometteur, à suivre.
Premier opus Walt Longmire 9 étoiles

C’est donc par cet ouvrage (2005) que Craig Johnson a entamé et mis en scène les personnages qui allaient ravir tous ceux qui suivent la série Walt Longmire.
De quoi s’agit-il ?
Le lieu ; les terres désolées du Wyoming, dans les Rocheuses, au nord des Etats-Unis, au pied des Big Horns, dans le Comté imaginaire d’Absaroka. Wyoming peuplé (? Si l’on peut dire ; la population du Wyoming c’est 580 000 habitants pour un territoire de 253 000 km²…) en partie d’Amérindiens.
Walt Longmire est le shérif, élu comme de bien entendu aux Etats-Unis, ou au moins dans cet Etat du Wyoming. Et ça fait vingt-quatre ans ! Plus tout jeune, ancien du Vietnam, avec pour meilleur ami Henry Standing Bear, alias « la Nation Cheyenne », référence amérindienne locale. Ils ont grandi ensemble et se sont retrouvés aussi au Vietnam ensemble. Ruby est la réceptionniste-secrétaire du poste du shérif, la boussole de Walt qui lui permet de garder les pieds sur terre. Cady, sa fille chérie est partie exercer la profession d’avocate à Philadelphie, à son grand désarroi. Vic, l’adjointe de Walt, est un cas à part :

»Vic faisait carrière dans la police, comme la plupart des membres de sa famille installée à South Philadelphia. Son père était flic, ses oncles étaient flics, et ses frères étaient flics. Le problème était que son mari n’était pas flic. Il était ingénieur minier chez Consolidated Coal et avait été muté dans le Wyoming pour travailler sur un site qui se trouvait à peu près à mi-chemin entre chez nous et la frontière du Montana. Quand il avait accepté ce nouveau poste il y avait un peu moins de deux ans, elle avait tout lâché pour le suivre jusqu’ici. Elle avait écouté le bruit du vent et joué à la femme d’intérieur pendant environ deux semaines, puis elle avait débarqué dans mon bureau pour poser sa candidature. »

Le monde est petit dans le Comté d’Absaroka et la nature y est plus qu’envahissante. Dès ce premier opus, Craig Johnson a su établir une relation de connivence et d’empathie avec les personnages et transmettre son amour pour la beauté du Wyoming. Ca se situe dans la démarche au niveau de James Lee Burke pour la Louisiane, Michael Connelly pour Los Angeles ou Tony Hillerman pour le territoire Navajo.
Cette première enquête est tout à fait convaincante et nous immerge directement dans la partie amérindienne de la population.
Cody Pritchard, blanc bon teint, à l’âge de sortie de l’adolescence, a été retrouvé abattu près de la réserve cheyenne. Il avait participé deux années auparavant, en compagnie de trois autres adolescents blancs, à l’agression et au viol de Melissa Little Bird, la fille de Little Bird, cheyenne, et accessoirement la nièce de Henry Standing Bear.
Il semblerait assez rapidement que ce meurtre soit en relation avec cette ancienne affaire et tout ceci va se compliquer rapidement.
Craig Johnson est doué pour nouer des intrigues crédibles, pas trop tirées par les cheveux et cette première enquête nous familiarise agréablement avec la nature particulière du Wyoming, la population pas vraiment gâtée des Amérindiens et les personnages récurrents qui vont graviter autour de Walt Longmire. Histoire de nous mettre sous dépendance pour lire les suites.
Une lecture heureuse.

Tistou - - 68 ans - 3 juillet 2021


Good novel 7 étoiles

Présentation éditeur: "Une plume posée près du cadavre, au fond d'un ravin, fait remonter les souvenirs du shérif Longmire : l'homme assassiné n'est autre que Cody Pritchard. Deux ans plus tôt, il a été très légèrement condamné pour le viol collectif de Little Bird, une jeune Indienne. Walt Longmire songe aussitôt à une vengeance communautaire. Quitte à devoir suspecter ses propres amis..."


L'intrigue met du temps à se dessiner, il y a quelques longueurs. Le roman est bien écrit. Il y a du style, un climat.

Ravenbac - Reims - 59 ans - 31 août 2019


Polar indien 6 étoiles

L'univers de Craig Johnson est basé dans l'Ouest américain, où se côtoient les indiens et les blancs au milieu des grands espaces. Entre plaines et montagnes, il introduit Walt Longmire un shérif désabusé en fin de carrière, qui va devoir se remotiver pour enquêter sur un meurtre teinté de vengeance.
Longmire est un personnage intéressant par son caractère rustre et les relations particulières qu'il entretient avec les autres, principalement avec Henry, son acolyte cheyenne. L'enquête est plaisante, mais le passé malsain de la victime et des futures cibles du tueur, ne m'ont pas réellement donné envie de connaître les motivations du coupable (que je comprenais) et je n'ai donc pas été emballé par la recherche de la vérité. Ceci dit l'esprit et les croyances indiennes donnent une dimension particulière à ce roman, qui est un certain reflet des relations encore difficiles entre les communautés de ces régions des États-Unis.
Malgré une écriture travaillée, il me reste un sentiment mitigé: ma première expérience de Craig Johnson n'a pas été transcendante, mais l'atmosphère et les protagonistes ont peut-être droit à une seconde chance...

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 22 mars 2014


Magique 9 étoiles

Longmire est un ours mal léché. Sheriff élu d'une petite ville du Wyoming, ses journées sont d'habitude jalonnées de petits larcins et de bagarres à la sortie des bars.
Mais la mort d'un jeune homme va tout faire basculer. Ce dernier s'est fait tirer dessus par une arme ancienne ; l'accident de chasse est donc rapidement écarté. Le mobile est tout trouvé puisqu'il a participé au viol collectif d'une jeune indienne mentalement retardée, "Little Bird".

Notre pauvre sheriff va remonter fausse piste sur fausse piste. témoins de sa galère, nous nous attachons rapidement au personnage, d'autant qu'il est bien entouré. Il forme un duo quasi-mystique avec un indien, Henry dit "Standing Bear".

J'ai trouvé ce roman très beau, malin et complexe à la fois.
Il y a beaucoup de grâce dans la description des paysages et de certains personnages féminins (Vonnie en particulier, à travers les yeux de Longmire).
Longmire est également un vieux briscard à qui on la raconte pas. Blasé par la vie en général et la sienne en particulier, beaucoup d'ironie et de cynisme se dégagent de Longmire, mais toujours teinté d'humour.
Dernier point, j'ai trouvé que ce roman exigeait une lecture attentive car pleine de sous-entendus. Autant dire que si vous êtes un peu fatigués, vous loupez plein d'informations ou devez relire votre page à plusieurs reprises.

Pour conclure, un excellent roman plein de promesses pour les autres épisodes.

Lejak - Metz - 49 ans - 26 janvier 2014


du sang dans la réserve... 10 étoiles

Le Wyoming, ses grands espaces, ses plaines à bisons (sans bisons, hélas), ses réserves indiennes où on n'a rien trouvé mieux que mettre côte à côte sioux et cheyennes. Dépaysement garanti, loin du bruit et de la fureur des grandes métropoles. Pourtant, un vent de panique va souffler lorsque le cadavre du jeune Cody Pritchard est découvert, parmi les buissons de sauge. Tué d'une balle provenant d'une arme sacrée, une "Sharps" datant de l'époque héroïque des guerres indiennes. L'enquête menée par le shérif Walt Longmire va être difficile, au milieu de ces indiens silencieux, peu désireux de coopérer avec la police. D'autres coups vont être tirés avec la même arme, jusqu'au dénouement final, inattendu, avec pour toile de fond le viol d'une jeune indienne, commis deux ans plus tôt et resté quasiment impuni. Les esprits des morts, les "Vieux Cheyennes", vont se mettre de la partie, pour le plus grand bien des vivants. Le récit, puissant, nous entraîne dans une contrée sauvage, où l'homme et la nature mêlent inextricablement leurs destins, souvent funestes et marqués par la fatalité. Craig Johnson, le Giono américain ? En tout cas un grand, très grand...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 20 avril 2013


In God we Trust ! 8 étoiles

Ecrivain américain (principalement des romans policiers), né en 1961, Craig Johnson a exercé des métiers aussi divers qu'officier de police, professeur d'Université, cow-boy, charpentier et pêcheur professionnel. Il est l'auteur de la série Walt Longmire, qui compte huit titres à ce jour. Il vit dans un ranch sur les contreforts des Big Horn Mountains, dans le Wyoming.

Walt Longmire, shérif du comté d'Absaroka (Wyoming) aspire à finir sa carrière en paix dans un décor de carte postale (Les Big Horn Montains d'un côté et la Powder River de l'autre ...)
Malheureusement, la réalité en décide autrement. Il se trouve confronté à la mort violente de Cody Pritchard.
Ce Jeune homme- condamné (avec sursis) 2 ans plus tôt pour le viol d'une jeune Cheyenne retardée; Melissa Little Bird, a-t-il subi la vengeance d'une famille, d'une Nation humiliée ?
Walt doit-il orienter ses recherches vers la plus vieille motivation de tous les temps; la vengeance ?
Doit-il reconstituer les vies- souvent malmenées- de ses connaissances et amis du comté ?

Une enquête sans grand piment et dont le dénouement ne surprend pas outre mesure.
L'intérêt du roman est ailleurs.
L'auteur aborde avec tact (et sans concession) l'inadaptation des indiens dans une société organisée par les Blancs et pour les Blancs.
Quelques épisodes sur la croyance indienne font basculer le roman dans le Fantastique.
Mais, ce sont également des hommes psychologiquement détruits (Vétérans du Vietnam) que nous voyons évoluer. Des vies privées en lambeau, prêtes à basculer à tout moment.
Tous ces maux tentent d'être atténués par une Nature omniprésente et magnifiée par l'auteur.
Les personnages sont des écorchés vifs.
On pourrait ne retenir qu'une phrase:
" Personne ne peut se faire un gilet pare-balles contre les émotions, alors, on ne peut que trimbaler les éclats d'obus avec soi".

J'ai davantage apprécié l'étude psychologique des quelques personnages principaux que l'énigme policière.
J'en garde pourtant un excellent souvenir.

Frunny - PARIS - 59 ans - 28 mars 2013


une révélation 10 étoiles

L’histoire se passe dans le Wyoming, dans le comté d’Absaroka. Un jeune homme est retrouvé abattu près de la réserve indienne. Ce jeune homme avait été jugé 2 ans auparavant pour le viol de Melissa Little Bird, jeune cheyenne attardée. Le shérif du coin, Walt Longmire, part en quête du tueur du jeune homme qu’il n’appréciait pourtant pas, en compagnie de son meilleur ami, Henry Standing Bear.

Pour moi, l’intrigue policière n'est vraiment pas le coeur du roman. Elle sert simplement de fil conducteur à la découverte de la vie dans le Wyoming, l’environnement/le décor est un personnage à part entière du livre, qui ne manque pourtant pas de personnages hauts en couleur et attachants. A chaque fois que j’ai ouvert ce livre, j’avais l’impression de retrouver mes meilleurs copains. J’ai une envie folle de manger au Busy Bee, de trinquer au Red Poney, ou tout simplement de trainasser sur la terrasse de mon copain Walt, voire de papoter avec l’irrésistible mais si énigmatique Henry.
C’était juste merveilleux, une parenthèse de 432 pages que j'aurais aimé ne jamais finir.

Ellane92 - Boulogne-Billancourt - 49 ans - 27 avril 2012


Un souffle d'air frais 8 étoiles

Le shérif Walt Longmire doit découvrir le meurtrier d’un jeune homme, impliqué, jadis, dans le viol d’une jeune indienne. Par son enquête, il va réveiller de bien mauvais souvenirs… Outre l’intrigue policière bien menée et passionnante, ce roman est aussi un roman des grands espaces du Wyoming où cohabitent avec plus ou moins de difficultés les descendants des pionniers et les descendants des tribus indiennes. Dans la lignée de Tony Hillerman, C.J Box ou William Tapply, lisez cet excellent roman dépaysant aux personnages particulièrement attachants.
Un grand souffle d’air frais….Par temps de canicule, ce n’est pas à négliger !

Alud - - 48 ans - 1 juin 2011


Polar associant "page turner" et bonne écriture 8 étoiles

Un personnage très attachant ce Walt Longmire dans sa première enquête. Personnage à la fois vulnérable au repos et combatif dans l'action.
Cette première enquête permet de faire la connaissance avec l'environnement montagneux et une galerie de personnages peuplant cette petite ville dans l'état le moins peuplé des USA. Il ne s'y passe habituellement pas grand chose, mais le Shérif doit faire face à un règlement de comptes. Est ce les indiens qui se vengent? Sans doute le meilleur des trois volumes existants à ce jour, on a un vrai plaisir à la lecture de ce livre qui tient bien en haleine.

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 11 avril 2011


bof 6 étoiles

fervente lectrice de livres policiers, j'ai été attirée par le résumé inscrit au dos du livre.
Certes, ce " roman policier" est bien écrit, les personnages sont attachants, il y a de l'humour, mais j'ai trouvé l'intrigue un peu plate, très longue à démarrer et finalement j'ai été très déçue par le dénouement.
Si la révélation de l'identité du coupable des meurtres est une réelle surprise, j'ai été frustrée par l'absence d'explications plus poussées sur les raisons qui ont poussé le tueur à commettre ces crimes.
Globalement, j'ai apprécié ce livre, mais sans plus.

Sandrine45 - LAILLY EN VAL - 46 ans - 23 janvier 2010


Chouette promenade mais pas que 8 étoiles

Un roman charmant, au sens premier du terme, par l'ambiance qu'il dégage: des personnages attachants, des dialogues percutants et malins, un humour omniprésent.
L'intrigue, elle, est plutôt conventionnelle mais on s'intéresse davantage à tout ce qu'il y a autour, des interrelations entre les gens, en passant par le quotidien d'un shérif local, du cru, à qui on ne la fait pas, mais qui gère son équipe d'une main ferme mais toujours amicale.

On aimerait c'est vrai avoir plus de détails sur les raisonnements de l'enquête, mais là n'est pas l'intérêt principal de ce livre, dont je recommande la lecture pour une évasion dans la campagne ricaine. Et la scène de la traque en montagne, ahh, cette scène... succulente.

El grillo - val d'oise - 50 ans - 3 novembre 2009