Enterrez-moi sous le carrelage
de Pavel Vladimirovič Sanaev

critiqué par Sanchan, le 22 juin 2009
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Souvenirs d'enfance
Sacha vit avec ses grands-parents, échangé par sa mère contre un nabot génial et alcoolique. Sacha n'est pas comme tous les enfants, c'est un monstre, qui suce le sang et l'amour de sa grand-mère. Il paye pour les péchés de sa mère, et se trouve tout le temps malade. Heureusement que sa grand-mère est là pour prendre soin de lui, pour l'empêcher de suer, de courir, d'avaler sans mâcher sa nourriture, d'oublier ses médicaments ou d'ôter son collant de laine bleue.
Grand-mère c'est la vie, sans elle il ne serait rien. Alors pourquoi rêve-t-il à maman qui est le bonheur, accordé quelques heures par mois?
Un jour le bonheur pourra-t-il prendre sa vraie place, celle de la vie?

Entre rires et larmes.
Ce livre est un pur bijou. Quel régal! Le début est truculent. Le personnage de la grand-mère, Nina, est théâtrale! Vraiment magistral! Ses monologues sont extraordinaires! Quel plaisir de lire ce livre!
Et puis, progressivement on découvre la réalité sous la surface des mots. Sacha, dans sa naïveté d'enfant nous fait passer des drames familiaux de manière naturelle et enjouée. On découvre alors l'horreur, les malheurs, les ressentiments face aux échecs de sa vie.


Un moment de lecture délicieux! Tellement bien écrit! Je le conseille vivement!
Sacrée Grand-mère ! 8 étoiles

Sacha semble être le petit garçon le plus fragile qui existe si l'on en croit sa grand-mère Nina ! Il possèderait toute une palette de maladies : un staphylocoque doré, de l’asthme, une pancréatite, une sinusite chronique et puis serait accessoirement débile. Il est difficile de grandir dans un univers où la figure maternelle est absente puisqu'elle a quitté le domicile pour vivoter avec un artiste alcoolique et où la grand-mère qui prend le relai est exécrable. Elle jure, parjure, se montre dure dans ses propos aussi bien avec Sacha qu'avec son époux. Elle excelle dans la vulgaité. Elle connaît tout un chapelet d'insultes et malgré tout cela elle est un peu touchante. Cette agressivité, cette manière qu'elle a d'étouffer le pauvre garçon cache sans doute des failles et une certaine tendresse, qu'elle manifeste maladroitement je vous le concède.

Ce roman est grave, tragique, parfois amusant ( scène du bain ). Cette histoire de famille ne laisse pas insensible et touche la bizarrerie des sentiments et la manière dont l'homme les manifeste. J'aime beaucoup le titre de ce roman, surtout lorsque l'on comprend dans le contexte de quoi il retourne.

Un roman poignant !

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 9 septembre 2012


L’agneau sacrificiel 9 étoiles

Les anecdotes cruelles - mais non moins savoureuses- de Sacha sont de petits bijoux. Pourtant, le destin n’est pas tendre pour ce pauvre enfant russe souffreteux. Sa mémé tortionnaire le maintient dans un constant état de confusion en le nourrissant de ses peurs et superstitions.

La vieille détestable n’est pas consciente des dommages psychologiques qu’elle cause. Pour cette raison, sans excuser sa méchanceté, on lui pardonne. D’autant plus, qu’elle peut faire preuve d’amour véritable

L’auteur réussit longtemps à garder l’équilibre sur le mince fil de la tragi-comédie. Il se laisse porter vers le drame à la fin, en nous dévoilant la personnalité complexe de cette grand-mère possessive excessive et finalement pathétique. Une déviation inévitable pour compléter son brillant portrait de cette famille dysfonctionnelle.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 28 juillet 2009