Vingt ans
de Yvon Le Men

critiqué par Sahkti, le 2 juin 2009
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Le temps qui inquiète
Dans le cadre de ses dix ans d'existence et afin de fêter ce cap comme il se doit, la maison d'édition La Passe du Vent lance une nouvelle collection de poésie, à un tarif abordable (10 euros), avec une nouvelle ligne graphique et un format à la française. Chaque recueil de cette collection contient un entretien avec l'auteur.

Les textes présentés dans "Vingt ans" sont des écrits de jeunesse d'Yvon Le Men, rédigés pour la plupart entre 1971 et 1976.
Jean-Luc Steinmetz, dans la préface, revient sur cette période et le travail d'Yvon Le Men.

"Vie" ouvre ce recueil, série de poèmes basés sur la vie, l'avenir, le temps qui passe, l'évolution de tout un chacun... un fleuve sanguin pour aborder ce fluide qui anime le poète et les mots, qui guide le monde et nos existences.

"poème échangé
à voix basse entre lui et moi
à nous de le crier à voix haute"
(page 8)


Une certaine forme d'inquiétude sourd de ces textes poétiques, rédigés à la fin d'une période sociétale dite de libération. Libération rime avec tourments, car si les repères sont ébranlés, sur quoi s'appuyer pour continuer d'avancer? L'exploration de l'inconnu se fait à tâtonnements et cette fragilité transparaît bien des fragments poétiques d'Yvon Le Men qui s'interroge sur son devenir et le nôtre.
Une poésie de la vie, animée, rythmée, dotée d'un solide esprit de répartie mais aussi d'humour et de vivacité, à l'image des bouleversements qui nous traversent au cours de notre vie.

"En espoir de cause" et "Dis, c'est comment la Terre?" poursuivent ce parcours interrogatoire qui ouvre grandes les portes du monde qui nous entoure, nous façonne pendant que nous le créons. Pas forcément à notre image car quelle est notre place exacte dans tout cela?

Outre ces questionnements existentiels, Yvon Le Men pointe également du doigt nos dérives identitaires et économiques, nos errances sociales avec les dégâts que de tels comportements peuvent provoquer. Guerre au Vietnam, fermeture d'usines ou prise d'otage, autant d'éléments qui viennent bousculer ces méandres poétiques pour leur donner les couleurs de la vraie vie, celle avec laquelle nous devons composer.
L'insouciance a cédé le pas à l'inquiétude... nous sommes-nous jamais remis de cette période de trouble?