Dictionnaire du cinéma, tome 3 - Les films
de Jacques Lourcelles

critiqué par Jlc, le 30 mai 2009
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Pour les fous de cinéma et quelques autres(1)
Ne vous fiez pas au titre, ceci n’est pas un dictionnaire au sens exhaustif du terme. C’est bien davantage un répertoire subjectif et donc assumé d’un passionné de cinéma qui a choisi de présenter les quinze cents films (mais il en cite plus de trois mille) qui lui paraissent les plus représentatifs du cinéma. Cet ouvrage, publié dans les années 90, a fait l’objet d’une réédition l’an dernier sans que son auteur accepte de modifier ou enrichir la précédente.
Ce gros livre, paru en poche, est passionnant par la précision des informations, toujours « sourcées », la clarté du résumé, la richesse de l’analyse, la subtilité de l’appréciation et parfois la vigueur de l’opinion. Jacques Lourcelles tente de recomposer au travers « de ses ruptures et de sa continuité, le tissu d’une histoire du cinéma où le Temps a déjà fait son tri ». Pour ce faire, il a revu, pendant la rédaction de cette somme, la plupart des films dont il parle. Ce n’est donc pas « un livre de souvenirs » mais un travail critique de tout premier plan.
Dictionnaire subjectif veut donc dire partial et si Lourcelles aime le cinéma américain ou celui des années trente à soixante, la nouvelle vague et les films récents le laisse au mieux glacial, au pire furieux. C’est parfois frustrant et ainsi « A bout de souffle n’est qu’une pale décalcomanie de film noir américain », « Le guépard de Visconti n’est qu’un pensum assez laborieux » (comparé il est vrai au sublime « Senso » du même réalisateur), etc. Mais une fois connu le parti pris de l’auteur, on peut se balader dans ce dictionnaire à la recherche de films rares ou presque oubliés, découvrir des chefs d’œuvre qu’un passage à la télévision ou une sortie en DVD remet d’actualité. Ainsi c’est grâce à Jacques Lourcelles que j’ai découvert ou redécouvert « La poison » de Sacha Guitry, « Scaramouche » de George Sidney, « Lettres d’amour » de Claude Autant-Lara dont je ne gardais en mémoire que les séniles élucubrations politiques alors qu’il fut un très grand réalisateur.
Ce dictionnaire est un point fixe où le « temps a fait son tri » qui permet de séparer l’essentiel de l’accessoire sans jamais empêcher d’aimer ce que Lourcelles n’apprécie pas car son jugement ne prive en rien de garder son libre arbitre.

Frustrant, oui mais tellement passionnant