L'Opéra de Vigàta
de Andrea Camilleri

critiqué par CptNemo, le 19 mai 2009
(Paris - 50 ans)


La note:  étoiles
Tragi-comédie sicilienne
Nous sommes en Sicile à la fin du XIXème siècle. Le nouveau préfet de la ville de Vigata décide de faire jouer un opéra obscur "Le Brasseur de Preston". Il soulève une tempête de protestations dans la petite ville, la représentation sera cataclysmique et se terminera par l'incendie du théâtre. Pourquoi et comment on en est arrivé là c'est ce que nous dévoilera l'auteur au fil d'un court roman à la construction apparemment anarchique et pas du tout chronologique.

L'Opéra de Vigata est rempli de personnages hauts en couleur (le préfet florentin qui tient absolument à son opéra, le "mafieux" local, les républicains romains, le questeur milanais), tour à tour tragiques et ridicules. L'histoire tirée d'un fait divers oublié mettra en lumière les tensions sociales et politiques de la Sicile de l'époque.

La langue fait partie intégrante du texte, chaque personnage étant caractérisé par des particularités de vocabulaire en fonction de sa région d'origine, de son origine sociale. Chapeau au traducteur au passage.

A mi chemin de la comédie et de la tragédie, Camilleri signe un roman court, très intéressant et plutôt représentatif de cette magnifique île.
Un tableau impressionniste 6 étoiles

Sous une apparence d'enquête sur l'incendie du tout nouveau théâtre de Vigàta, c'est un portrait de la société de cette ville de Sicile que l'auteur nous dessine. Jusqu'aux niveaux de langue qui servent à caractériser les personnages, malgré les écueils que cela présente pour le traducteur. Ceux-ci sont esquissés à grands traits car ils sont les couleurs qui assemblent le tableau impressionniste de ce village.

Le récit est présenté d'une façon non linéaire, ce qui accentue l'image d'un tableau. Au lecteur de reconstruire le déroulement des événements. Mais c'est aussi le ton adopté par l'auteur qui ajoute à l'originalité. Les traits sont accentués, quasi caricaturaux. Sans être rabelaisiens, les personnages ont quelque chose de San Antonio. Certaines scènes sont hilarantes. Pourtant l'ensemble atteint son but: le portrait cru mais - croirait-on, réaliste de la société sicilienne de l'époque.

Dans le registre adopté, c'est une lecture agréable, habilement pilotée par l'auteur.

Angreval - Brossard - 78 ans - 10 août 2012