Une enquête de Mary Lester, tome 33 et tome 34 : Il vous suffira de mourir
de Jean Failler

critiqué par Shelton, le 17 mai 2009
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une semaine de vacances...
Voici le nouveau roman policier de Jean Failler qui sort et c’est encore une grande joie de lecteur que de retrouver cette chère Mary Lester, en Bretagne, certes, mais, surtout, en compagnie de son cher fiancé que l’on ne voyait pas souvent même si on en parlait dans de nombreux romans… On ne l’évoquait que par des lettres ou des coups de téléphone, alors que cette fois il est bien là en train de travailler… et d’embrasser Mary… Ils font même la sieste ensemble ! Enfin, âmes pudibondes, soyez rassurées, nous sommes bien dans un roman policier et non dans un écrit érotique…
Le romancier, Jean Failler, nous fait tous arriver sur les bords du lac de Guerlédan, mais il bouscule un peu le pauvre Lilian, le fameux fiancé de Mary. En effet, c’est par un accrochage matériel avec un pick-up conduit par un « cow-boy » alcoolique et violent que le pauvre jeune homme se retrouve immobilisé à Saint-Gwénécan… Mary l’y rejoindra rapidement car nos deux tourtereaux devaient passer une semaine de vacances ensemble… Ils se retrouvent bien en amoureux, dans un motel au bord du lac. Le lac de Guerlédan est un lac artificiel qui l’été est un lieu touristique recherché pour sa verdure et son calme. Mais en dehors de la saison, ce n’est pas si folichon…
Alors, me direz-vous, comme nous sommes dans un roman policier, que se passe-t-il ? Un cadavre ? Non, en fait, Mary Lester découvre que la tenancière du motel des Forges, Claire Aubenard, reçoit des coups de téléphone d’une violence extrême… Des intimidations, des menaces de mort… Touchée, elle ne peut pas résister… C’est le côté touchant de Mary, toujours prête à aider le faible, la victime…
Elle entre dans un monde en équilibre fragile, un monde d’hommes de la campagne, de piliers de comptoirs et de braconniers en tout genre. Elle y entre comme un éléphant dans un magasin de porcelaine et cela va faire du bruit jusqu’à Saint-Brieuc, jusqu’à Quimper… Mais elle obtient, au moins, de prendre en charge une enquête avec la gendarmerie, la recherche des « assassins » de deux gardes chasse disparus depuis deux ans déjà. Pas de corps, pas d’indices, pas de plainte, pas de traces…
Deux volumes très rythmés pour raconter les difficultés de cette enquête délicate avec des gendarmes qui ne souhaitent que de la voir chuter, enfin, dans un travail presque impossible à mener. Une multitude d’affaires semblent s’ouvrir les unes après les autres, avec, parfois, des liens entre elles. Mais le lien principal dans la vie de ce village où tout le monde se connaît est l’instituteur, celui qui a eu l’occasion de découvrir les caractères de chaque élève…
Heureusement, Mary est aidée dans son travail par la police scientifique, celle qui peut déterminer les liens du sang même quand le silence ancestral, les secrets de famille et la misère imposent la méconnaissance de ce qui est évident aux yeux du vieux maitre en retraite. Il savait tout, il sentait tout, mais il se tait… sauf si on lui pose la bonne question…
Pour la première fois, Mary Lester sera confrontée à un cas de conscience : toute vérité est-elle bonne à dire ? Elle devra faire un choix crucial, pour l’une des affaires, se taire, passer pour une mauvaise… ou parler, inculper et ne pas dormir en paix pour le reste de sa vie !
Ce roman, en deux volumes, est aussi l’occasion pour Jean Failler, de donner un peu plus encore d’humanité à son héroïne, une jeune femme qui ose affirmer sa place dans le couple, un couple qui n’est pas, si on peut dire, un long fleuve tranquille… Lilian et Mary n’avaient pas souvent l’occasion de vivre ensemble et on a l’impression que le romancier les a réunis pour tester ce qui serait possible de faire si, un jour, il les mariait… Le métier d’officier de police et celui d’architecte de maisons dans les arbres ne sont pas très compatibles et il y a fort à parier que le jour où Jean Failler sera lassé d’écrire des romans policiers avec Mary Lester, il lui donnera une envie d’un enfant et il clôturera la série sur une maternité désirée et épanouie… Mais, il est possible, aussi, que cet événement ne se produise jamais et que nous puissions continuer à lire, de nombreuses années encore, les enquêtes de cette brillante Mary Lester…
Cet épisode des aventures de Mary lester est très bien construit, profondément humain, avec des séquences pleines d’émotion, de musique… Mary au piano laissant aller sa passion pour la musique, Claire chantant un de ses succès et laissant, le lecteur lui-aussi, sous son charme… Ah ! Monsieur Jean Failler, quel bonheur de pouvoir vous lire !

Une série policière à découvrir, lire et offrir sans aucune modération !!!
Plongée dans un univers semblant maintenant révolu 9 étoiles

On retrouve avec plaisir tout ce qui fait un roman de cette série "Mary Lester", à savoir l'immersion dans une partie de la Bretagne, une situation qui n'a pas trouvé de solution ou dont les autorités se désintéressent, une Mary toujours à la recherche de la vérité dans le souci que la justice soit rendue pour les personnes lésées et toujours prête à forcer les protocoles pour faire bouger les choses et trouver les réponses.

Cette fois, Mary se trouve dans un milieu villageois vivant dans une sorte d'autarcie dans lequel il est bien difficile de se faire admettre. Elle va encore rencontrer des difficultés avec la gendarmerie mais saura contourner les problèmes.

L'intrigue est complexe, la résolution difficile immerge le lecteur dans ces milieux campagnards vivant un peu en autarcie.
Plusieurs pistes convergent et le cheminement de Mary est réellement très plaisant tant par la démarche déductive que par le fait que cela permet à l'auteur de dresser des portraits, des situations bien particulières.
A la lecture, les personnages ont une présence, une personnalité, les paysages, les lieux sont réellement présents.

Un excellent Mary Lester, un excellent roman policier. Jean Failler a encore amélioré son écriture, toujours aussi agréable à lire mais encore plus riche en images, en force.


On se trouve ici à l'opposé d'un genre policier avec psychopathes, et scènes de crime très spectaculaires (genre que je renie pas), ce que certains critiqueront et qualifieront de gentillet ou fleur bleue ou eau de rose mais il n'est nullement question de cela ! Il s'agit d'un réel roman policier tel qu'il peut se dérouler dans la vie réelle et même certainement bien plus souvent que pour l'autre genre évoqué. Moins spectaculaire mais totalement efficace.
Mary reste fidèle à son caractère : indépendante, fouineuse, humaniste, obstinée et un brin rebelle. C'est peut-être là ce que certains n'aimeront pas mais c'est aussi cela qui fait une grande partie du charme de cette série.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 16 septembre 2021