Le Hasard sauvage - Des marchés boursiers à notre vie : le rôle caché de la chance
de Nassim Nicholas Taleb

critiqué par Béatrice, le 14 mai 2009
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Trois réflexions en prenant ma douche
Bavard, manquant de structure et chargé de banalités. Le propos aurait pu être réduit sur 20 pages. Deux idées dignes d’intérêt dans ce bouquin :
1/ C’est plus aléatoire qu’on ne le pense. Plus souvent qu’on ne le pense, un phénomène est le fruit du hasard et non du déterminisme.
2/ Les humains présentent des défauts et des limites dans leur manière de raisonner, ce qui fait qu’ils ont du mal à poser et à résoudre les problèmes de probabilités.
Voilà, c’est tout. Deux cent pages de blabla.

Par exemple il parle de la différence entre les scientifiques et les littéraires dans un paragraphe d’une banalité affligeante ; il évoque un gadget, le test de Turing inversé, mais cela reste totalement hors sujet dans le contexte. Ou alors il étale ses préjugés : “les MBA sont des personnes dépourvues de toute réflexion”.

Dans la préface, Taleb avoue que des lecteurs et des éditeurs lui ont demandé d’étayer ses affirmations en montrant des données, graphiques et diagrammes. Il ne l’a pas fait, il a choisi de fournir des réflexions fondées sur la pensée logique. Hélas, il y a peu de réflexion, mais un océan d’anecdotes futiles qu’on oublie le lendemain.

“Trois réflexions en prenant ma douche” – c’est le titre de la postface. Cela aurait bien collé à l’ensemble du bouquin.
L'égocentrisme sauvage 4 étoiles

L’idée au cœur de cet ouvrage est que nous sommes mal préparés à reconnaître et gérer le hasard, cherchant souvent à trouver des explications dans certains phénomènes dont le ressort interne est essentiellement aléatoire. Ce biais s’exerce aussi bien au niveau des destins personnels (réussite ou échec) que des événements collectifs (bourse, guerre…).

Le livre pourrait être passionnant et instructif :
1) si il contenait plus de faits et d’analyses sur les cas de mauvaise application ou d’ignorance du hasard dans la société moderne, notamment hors de la sphère financière et boursière. N Taleb fait souvent référence à des expériences ou études sans les décrire ce qui est peu instructif. Il manque à cet ouvrage le côté concret et imagé qui fait la force de ce type de livres aux US.
2) si N Taleb nous infligeait moins ses états d’âme (le lecteur n’est pas intéressé par l’auto-justification de ses choix personnels et professionnels) et montrait moins d’animosité, d’aigreur et de mépris vis à vis des traders ses semblables, des titulaires de MBA ou vis à vis des journalistes. Le fait qu’il pense avoir compris et réussi à maîtriser le hasard ne l’autorise pas à être insultant et condescendant.

Dans sa préface, N Taleb balaie toute critique en partant du principe que ceux qui (comme moi) n’ont pas apprécié le livre sont précisément ceux qu’il dénonce et notamment ceux qui sont convaincus que leur réussite personnelle est le fruit de leurs qualités et non du hasard (je suis donc obligé de préciser que je ne suis pas trader, n’ai pas de MBA et ne suis pas journaliste). Dommage que des problèmes d’égo le conduisent à adopter cette attitude facile qui lui évite toute remise en cause alors qu’il aurait vraiment pu écrire quelque chose de vraiment intéressant sur le sujet ! Seuls méritent peut-être d’être lus les chapitres centraux (9, 10, peut-être 11).

Romur - Viroflay - 50 ans - 5 juillet 2009