Chemin de quoi
de Catherine de Garate

critiqué par Spiderman, le 11 mai 2009
( - 62 ans)


La note:  étoiles
Drôle de dame, drôles de drames
Un style qui émoustille, titille, un récit qui énerve ou qui ravit : un défi !
Mais à quoi ça rime ? Un roman qui met la prose en bouts rimés, qui ose les amants aux moeurs brimés avec humour. Une file de personnages reliés par l'amour ou le hasard. Et où lesbiennes et homos sortent du placard : on les suit avançant en âge au fil du monde qui s'égare. On s'enfile, on file, on défile, plutôt en ville.

Girafon, Cigalon et Carafon côté garçons, Marlène, Armelle et Isabelle côté femelles : les destins s'entrecroisent, des festins où l'on dégoise aux matins où l'on angoisse.

L'auteure remet nos pendules à l'heure : éditée à compte d'auteure, elle ne va sans doute pas faire son beurre. Qu'importe ? Elle nous emporte sur son chemin. Chemin de quoi ? De vies aux abois, d'amours hors la loi, où les portes des coeurs n'ouvrent pas sur le bonheur à chaque fois.

Journaliste à Lesbia Magazine, elle travaille chaque phrase comme à l'usine. Tourneuse de mots, fraiseuse de phrases, linguiste en embuscade, gay-teuse en bleu de chauffe, chimiste de l'allitération, chauffeuse de voûte palatine, cascadeuse de la rime.

Avec de tels instruments, pas de pitié pour le sentiment : l'objectif narratif reste distant. Grand angle sur les gens et zooms sur les fragments intéressants. Du ras du sol au firmament, Catherine vise sang pour sang, dans un style toujours distant à la fois percutant et caressant. C'est au lecteur de finir le labeur, elle suggère et moi je gère, selon l'humeur.