Letendre et l'homme de rien
de Pierre Caron

critiqué par Gilles1949, le 10 mai 2009
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Un excellent début d'une série
Je connaissais Pierre Caron pour avoir lu son Promenades à Québec (un livre que je vais relire cet été et dont je vous parlerai à ce moment là). J'ai hésité à me procurer Letendre et l'homme de rien car je ne suis pas un grand "fan" des auteurs québécois (j'imagine que je devrais en avoir honte, je vais y penser, promis); finalement je l'ai fait, attiré par le titre, le quatrième de couverture, l'opportunité de me le procurer à un prix intéressant et le fait que ce roman est le premier d'une série et j'aime vraiment beaucoup les séries.

Résultat? J'ai bien aimé. J'ai même été agréablement surpris. L'écriture est limpide et agréable, la lecture ne nécessite pas le recours constant à un dictionnaire, l'histoire est intéressante et bien racontée et les descriptions sont tantôt intéressantes, tantôt amusantes.

Il faut quelques pages pour enfin sentir que l'auteur a réussi à nous intéresser et après quelques chapitres il est impossible de ne pas se rendre à la dernière page (une dernière page fort réjouissante).

On aime beaucoup certains personnages, moins certains autres et on demeure prudent avant d'accorder notre confiance à Marion (en fait, la mérite-il?) et même à Monique (qu'il est difficile de faire confiance à une femme jolie, gentille, aimante et autonome...).

Letendre est un collectionneur et un commerçant de livres anciens; suite à une transaction il se retrouve (non, en fait, il décide de se retrouver) mêlé à un meurtre et à l'enquête policière qui s'ensuit. Pourquoi? Pour mettre la main sur le tome un de l'édition originale de 1776 des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Sa quête va le placer face à de graves dangers et va l'amener jusqu'à Prague. Le roman, étant un bon roman, l'intrigue ne se résout qu'à la toute fin.

Vous allez sourire en comparant des descriptions très différentes :

À Prague... Vers la droite, les clochers perçaient un léger brouillard cuivré et vaporeux, et composaient avec différents dômes et toitures d'ardoise un tableau coloré d'un remarquable équilibre esthétique. Plus loin, le pont Charles, avec ses lourdes tours qu'il avait aperçues depuis la voiture, s'imposait entre deux rives aux quartiers manifestement riches en architecture classique.

À Québec et à Montréal... Mon père était concierge chez Laliberté. À l'époque, c'était le grand magasin à rayons de la rue Saint-Joseph. […] Ma mère nous disait que c'était des vantardises et la première chose que j'ai apprise en arrivant, c'est qu'elle avait raison : mes deux oncles étaient le plus souvent au chômage et ma tante travaillait à temps partiel comme vendeuse au Kresge de la rue Notre-Dame. J'ai donc fait pas mal de petits métiers. Vendeur moi aussi chez Morgan, aide-mécanicien dans un garage de la rue Dominion – une rue qui n'existe plus -, ouvreur au cinéma Rialto sur Saint-Denis et d'autres jobines encore.

Aux pages 248 et 249, Letendre est à Prague et il rencontre un couple avec deux enfants; il demande une information à l'homme qui décide de la lui écrire; Il [l'homme] inscrivit le nom de la boutique en caractères d'imprimerie et détacha le feuillet. Il y a alors l'échange suivant :

Voilà. (Ici, évidemment, c'est l'homme qui parle)
Je ne sais comment vous remercier. (Ici, c'est Letendre qui répond)
Ce n'est rien. Vous vous plaisez à Prague? (Ici c'est l'homme)
C'est le bonheur ! Nous y venons régulièrement, car ma femme est d'origine tchèque.
Celle-ci, blonde comme sa fille, fit un signe poli de la tête. (??? Ici c'est l'homme qui a répondu à l'homme au lieu de Letendre).)

Le détail qui précède ne gâchera pas votre plaisir. Letendre et l'homme de rien est un très bon livre. J'ai hâte de lire la suite. L'Être et le Néant y seront-ils (ce sont les chats de Letendre)? Et, saurons-nous ce qui est arrivé à sa femme?