L'amant sans domicile fixe
de Carlo Fruttero, Franco Lucentini

critiqué par Gilles1949, le 10 mai 2009
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Une énigme et du mystère enrobés de tendresse.
Lorsque vous ouvrez le livre de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, vous acceptez de vous faire raconter une histoire : une histoire d'amour aussi belle qu'originale avec Venise, en hiver, comme toile de fond; comme si les deux auteurs s'installaient devant vous et vous la racontaient eux-mêmes.

Au début, un avion arrive; trois jours plus tard, un bateau part. Trois jours c'est peu mais le temps est un « accessoire » important dans ce roman.

Une princesse romaine – une princesse moderne cependant – venue à Venise à la recherche d'œuvres d'art y rencontre l'énigmatique Mr. Silvera, guide d'un groupe de touristes – enfin, peut-être… Les deux personnages vont, attirés l'un par l'autre, se rapprocher, se fréquenter, être aux mêmes endroits, au même moment, à y faire ensemble les mêmes choses. Tout au long du livre lui c'est Mr Silvera ou David ou… et elle c'est… elle; juste elle; pas de nom.

Mais, Mr Silvera est-t-il vraiment un guide pour touristes ou ne serait-il pas plutôt un escroc, voire un espion? Les résultats de l'imagination fertile de la princesse vous feront sûrement sourire. Pourquoi, à la page 143, ne l'accompagne-t-il pas au cocktail? Et lorsqu'il part et qu'il la laisse seule dans un café du Rialto, à la page 314, va-t-elle le revoir?

Vous l'avez déjà deviné : L'amant sans domicile fixe c'est une histoire d'amour et de tendresse, teintée de mystère ainsi que d'humour et d'ironie – assez mais pas trop. On y découvre une Venise que l'on ne connaît pas ou si peu – la Venise non touristique; l'art, le vin, les mondanités y sont présents comme le sont les canaux et les gondoles; les personnages, certains attachants, tous originaux, nous font sourire, nous émeuvent, nous déçoivent parfois; l'histoire qui, au début semble simple et banale, l'est de moins en moins au fur et à mesure que s'approche le dénouement qui ne déplairait pas à l'écrivain Dan Brown.
Même si je n'ai aucun doute concernant la supériorité du texte original en italien, la traduction est tout de même excellente et la version française est aussi vivante que le sont les personnages.

Les chapitres, courts, sont regroupés en sections dont le titre reprend et annonce les premiers mots du premier chapitre de chacune d'elle.

À la fin, avant la table, il y a un Index sentimental des noms des lieux et des faits notables avec une note explicative.

Avec tout près de 400 pages et à ce prix, que dire d'autre que : Ah! (Ce Ah! étant, presque, un personnage du roman...).

« Je m'éveillai sans vague à l'âme ni langueur, tout à fait lucide. Et, aussitôt, je me rendis compte que l'émotivité de la nuit ne m'avait pas quittée, ne s'était aucunement évanouie, mais après avoir accompli une sorte de rotation astronomique, me présentait maintenant sa face diurne, c'est-à-dire pratique, disposée aux compromis utilitaires, tout en gardant le même pouvoir absolu sur moi. À peine avais-je ouvert les yeux que, déjà, elle me dictait sa règle fondamentale : ne pas perdre une seule minute, ne pas gâcher un seul instant.
Très lucide, je fis le bilan de la situation.
De l'homme qui dormait auprès de moi, avec un souffle imperceptible, je continuais, dans la lumière méfiante du matin, à ne rien savoir, sinon ceci : qu'il devrait repartir dans peu, très peu de jours, et qu'ensuite nous ne pourrions nous revoir qu'à grand-peine. La seule autre information -ou promesse- que j'avais pu lui arracher était que nous aurions de toute façon le temps de nous dire adieu, qu'en aucun cas il ne partirait sans me prévenir.
Quant au mystère qu'il y avait derrière tout cela, j'avais déjà épuisé, sinon toutes les hypothèses imaginables, du moins les plus plausibles : à commencer par celle qu'il n'y eût aucun mystère, et que David Silvera fût, simplement, un homme décidé à ne pas se laisser accrocher par aucune femme. Ou qui, au contraire, était déjà irrémédiablement accroché par une autre. Ou qu'il se trouvât embourbé dans quelque affaire, commerce, trafic, de nature douteuse. Ou qu'il fût tout de bon (pour romanesque, trop fantaisiste que l'idée me parût) un agent des services secrets israéliens en mission, et attendît ici, à Venise, quelque chose ou quelqu'un : un signal, un appel, un ordre. » (Extrait : pages 169 et 170).
Très décevant 4 étoiles

Une lecture décevante. Le roman démarre bien mais très vite s'enlise dans une romance non pas inintéressante, mais gâchée par de nombreuses longueurs et une intrigue brinquebalante... Autre déception, Venise peu décrite malgré son omniprésence. Évoquer le nom des ponts, places et autre est insuffisant pour s'imprégner de son atmosphère : dommage.

Heureusement l’intrigue autour du fameux M. Silvera permet de stimuler quelque peu l’intérêt du lecteur mais que dire de son épilogue… Franchement… Je ne peux en dire plus sous peine de retirer le peu d’intérêt de cet amant sans domicile fixe.

Bref, je n’ai pas été accroché, c’est le moins que l’on puisse dire.

Sundernono - Nice - 41 ans - 4 février 2022