A la scène, à la ville
de Régine Crespin

critiqué par Jefopera, le 30 avril 2009
(Paris - 61 ans)


La note:  étoiles
Mémoires d'une diva
Régine Crespin nous a quittés l’an dernier, à l’âge de 80 ans. Parus une première fois chez Fayard sous le titre "La Vie et l’Amour d’une femme" (1982), ses souvenirs ont été réédités, sous une forme enrichie, chez Actes Sud, qui les présente aujourd'hui dans sa collection de poche Babel sous le titre "A la scène, à la ville".

De son enfance marseillaise, on retiendra le beau portrait de sa grand-mère italienne, auprès de laquelle se forgea sa vocation de chanteuse. Sans fausse pudeur, avec beaucoup de naturel et de simplicité, dans un style direct, « cash » comme disent les jeunes, Régine Crespin évoque des pans très intimes de son existence, sa famille, ses amis, ses maris, sa vie sexuelle et ses amants… Dans des pages émouvantes, elle raconte sans apitoiement sa lutte courageuse contre le cancer.

Entre un exposé technique un peu long sur la technique du chant et une évocation finale de ses lectures spirituelles, la diva dresse le portrait des gens qu’elle a croisés sur son chemin, notamment les grands artistes avec qui elle a travaillé, Karajan, Solti et bien d’autres.

Régine retrace ses années d’apprentissage, la montée à Paris, ses joies et ses désillusions. Sans amertume, elle évoque ses rapports difficiles avec l’Opéra de Paris, faits de hauts et de bas : comme celle de son ami marseillais Maurice Béjart, sa carrière illustrera une fois de plus que nul n’est prophète en son pays. C’est en effet de l’étranger que Régine Crespin garde ses plus beaux souvenirs de scène, San Francisco, New York, Buenos Aires et Bayreuth, Bayreuth où, après Germaine Lubin, elle fut la seule française à avoir triomphé de façon absolue.

En refermant ce joli livre, on n’a finalement qu’une envie : se précipiter sur les enregistrements de celle qui fut la plus grande cantatrice française du XXème siècle.