Bitterroot
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 24 avril 2009
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Bitterroot Valley, dans le Montana
James Lee Burke mais pas de Louisiane cette fois-ci. Il ne s’agit pas d’un épisode Robicheaux mais de Billy Bob Holland, l’avocat texan. C’en est d’ailleurs le troisième épisode. Et Billy Bob Holland a beau être texan, c’est au Montana que se déroule intégralement ce roman. Et James Lee Burke s’avère très fort aussi pour célébrer les splendeurs de cet état des Rocheuses.
Billy Bob Holland a, en effet, pris deux mois de congés pour venir assister ( ?) son ami Doc Voss, confronté à divers problèmes : entre la surexploitation minière qui détruit ce bel environnement du Montana, et certains regroupements humains aux fins étranges comme les USA en ont la spécialité …
Et puis très vite le drame. (Et chez James Lee Burke, le drame ça ne fait pas semblant !), la fille de Doc Voss est agressée sauvagement et cela semble très vite en rapport avec les différentes inimitiés que s’est attiré Doc Voss. Billy Bob Holland « aidera » l’enquête à rester dans le droit chemin (là aussi aux USA … ?) au prix de multiples frictions.
Ca reste du James Lee Burke dans toute sa splendeur avec beaucoup d’empathie pour la contrée ; le Montana donc, une absence de dichotomie bienvenue vis à vis des personnages et une belle imagination. Et quelques pensées avec lesquelles il est difficile de n’être pas d’accord :

« - Elle est terrifiée. Sois indulgent avec elle, Lucas. Ellison avait assassiné son petit frère.
Eh ben, il méritait son sort. Pourquoi elle laisse accuser Doc, alors ?
Je savais que mes mots ne changeraient rien à sa colère ni ne diminueraient le sentiment qu’il avait été trahi. Il finirait par pardonner à Sue Lynn. Un jour. Et ce ne serait pas le fruit d’un choix mûrement réfléchi ou un moment de sagesse philosophique. Mais le jour viendrait où il se remémorerait tout cela au travers de la grosse lunette du télescope qu’était le temps, qu’il la verrait alors aux prises avec les mêmes fragilités morales que lui, et à ce moment-là, le souvenir qu’il aurait d’elle deviendrait une partie de sa vie qu’il pourrait enfin accepter.
Mais ce moment-là était encore loin et ces certitudes ne sauraient être transmises à un homme plus jeune que soi, surtout quand cette personne est votre fils. »

« Bitterroot » m’a irrésistiblement évoqué « Le boogie des rêves perdus », le premier roman de Burke si je ne m’abuse qui se déroule lui aussi dans … le Montana.
Billy Bob Holland : acte 3 9 étoiles

Une fois de plus James Lee Burke propose une histoire complexe dans laquelle se croisent des personnages qui ressemblent trait pour trait à ceux utilisés dans les deux précédents volumes, ainsi qu'à ceux de la série des "Dave Robicheaux". Il utilise ce mélange de violence, de lutte des classes, de corruption, d'argent sale et autres, qu'il dénonce systématiquement dans ses romans.

Comme à son habitude, l'auteur soigne son style, décrit les paysages de rêve du Montana dans lesquels les protagonistes entretiennent des relations complexes et parsemées de dialogues toujours aussi ambigus et allusifs, ce qui ne rend pas toujours aisée la lecture.

Avec une vingtaine d'œuvres du même acabit, l'on pourrait légitimement reprocher à Burke de ne pas se renouveler, pourtant il nous embarque à nouveau et magistralement dans son roman empreint d'une multitude de sentiments, et surtout d'une grande profondeur psychologique.

Ayor - - 52 ans - 31 mai 2015


billy bob se fâche 8 étoiles

Il ne fait pas bon s’installer dans la Bitterroot Valley, ce coin tranquille du Montana, au nom pourtant prémonitoire. Malgré la magnificence du paysage l’amertume est au rendez-vous, et le danger guette pour tous ceux qui n’acceptent pas de se mettre sous la protection de la milice néo-fasciste de Carl Hinkel, un vieux "sage" à barbe blanche au nom directement hérité (à un "y" près) du célèbre "Dictateur" de Charles Chaplin. Opposé à un consortium minier qui va ravager la région, Tobin "Doc" Voss se voit coller sur le dos un meurtre, qu’il n’a bien entendu pas commis, pour lequel le shérif va devoir le mettre aux arrêts, même s’il est parfaitement conscient qu’il s’agit d’un piège tendu par notre vénérable gourou, bénéficiaire de hautes protections. Son ami, l’avocat Billy Bob Holland, appelé au secours, va devoir le tirer d’affaire et s’installer le temps nécessaire dans la vallée aux racines amères. Tel est le départ d’un bras-de-fer mettant aux prises le Bien avec le Mal. De style plus western que polar (il y a même des indiens et des cow-boys), ce roman hanté accrochera le lecteur le plus blasé tant l’action tient en haleine, si on a le cœur bien accroché. Pour ma part je préfère Dave Robicheaux (un autre héros désenchanté de James Lee Burke), mais Billy Bob est vraiment très fort…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 5 octobre 2014