Pour le pire
de Karine Tuil

critiqué par Zoom, le 8 décembre 2001
(Bruxelles - 70 ans)

La note: étoiles

une descente aux enfers

Ce qui est parfaitement incroyable, c'est que ce livre soit écrit par une femme de 28 ans . Non seulement elle écrit au masculin, je veux dire dans la peau d'un homme, ce qui me paraît déjà un tour de force :
je sais bien qu’elle n'est pas la seule, ou le seul pour l'inverse (Dalva, par exemple), mais cela me paraît toujours aussi impressionnant, un auteur qui se met dans la peau de l'autre sexe, avec une sensibilité qu'on jurerait authentique, vécue... Qui plus est, dans ce cas-ci, dans la peau d’un quadragénaire fatigué de sa femme, que dis-je : ulcéré, éreinté, dégoûté à vomir, méprisant, haineux, et gagné par des pulsions assassines. Décrivant sa moitié avec tant de hargne qu'on en attraperait la nausée. Décrivant les affres du vieillissement avec si peu d'humanisme qu’on a peine à croire, vraiment, qu’une femme de 28 ans puisse imaginer illustrer ce titre optimal : " pour le pire "... Cela se lit vite et sans interruption, ce qui est toujours bon signe : la haine appelle son dénouement. La mise en scène de ce protagoniste reste cependant terriblement humaine. Il est tout sauf attachant, son histoire est tout sauf du rêve, et la haine est tout sauf payante. Aux messieurs qui en auraient marre de leur dame, je le conseille vivement...

Phallocratie de base
A travers le personnage de Paul Epstein, c'est toute la gente masculine qui en prend pour son grade. Lire sa lettre-tueuse, c'est assister au summum de la mauvaise foi, de l'égocentrisme à outrance et même, j'oserais dire, de la bêtise crasse et assez monstrueuse. (Il s'oppose à l'adoption pour ne pas "payer" ce qu'il peut "faire lui-même gratuitement") Le reste de ses réflexions est à l'avenant, et on peut s'étonner que cela ne lui revienne pas sur le coin de la tête plus rapidement.... En dehors de ça, qui m'a plutôt amusée, je me suis beaucoup ennuyée dans ce livre. C'est désagréable de tourner des pages en calculant combien il en reste encore, va-t-il se passer quelque chose qui va retourner le roman, qui me fera revenir sur mon impression ?.... Eh bien non. Dommage ! Cuné - - 57 ans - 26 septembre 2005

karine tuil
Cette jeune femme fait des débuts prometteurs, je viens de finir Pour Le Pire, une plume trempée dans du vitriol chez une aussi jeune auteur pour mon plus grand bonheur, Du Sexe Féminin, l'humour, un style excellent pour décrire une famille juive, le narrateur étant la fille, Interdit, un vieux juif qui aurait aimé que sa nationalité ne lui porte pas préjudice dans sa vie aprés avoir survécu aux camps, KARINE TUIL est à mon avis une future grande auteure, mieux qu'Amelie Nothomb, je vais lire le dernier TUIL dès demain en espèrant le savourer comme les autres Hermine - - 73 ans - 26 décembre 2004

Etonnant !
C'est vrai qu'il est toujours un peu étonnant de voir à quel point un écrivain peut être capable de se mettre si bien dans la peau d'un être du sexe opposé. Un des sommets se trouve sans doute dans "Madame Bovary", mais ceux à qui j'ai fait lire "Dalva" m'ont dit la même chose. Cela semble aussi le cas ici et cela dénote d'une grande connaissance de l'autre et d'une grande capacité d'analyse de l'autre. Je crois que ce n'est certainement pas donné à tous... Jules - Bruxelles - 80 ans - 12 décembre 2001