La Cellule de Zarkane
de Joseph Lubsky, Patrick Sébastien

critiqué par Killeur.extreme, le 30 mars 2009
(Genève - 43 ans)


La note:  étoiles
Ne pas devenir fou
Présentation de l'éditeur
Aux assises, un homme écope de vingt-deux ans de prison pour le meurtre d'une mère et de sa fille. Zarkane, l'œil noir et sec, contemple, sans le moindre signe d'émotion, ceux qui viennent de la condamner. Une descente aux enfers qui l'amène à dérouler le fil de son histoire : celle-ci débute dans une caravane, dans un camp gitan du Sud de la France, puis dans une famille d'adoption, avant que Fernand, le parrain de la Côte d'Azur, ne décide de prendre Zarkane sous son aile, pour en faire un caïd et un homme riche. Une vie noire et violente que cet homme envoûtant va abandonner pour ne plus se consacrer qu'à la peinture et à l'amour. Un bonheur qui ne durera pas : les tarots de Mamma Lisa l'avaient prédit.

Joseph Lubsky est un pseudonyme de Patrick Sébastien, son éditeur lui a conseillé, car, selon lui, s'il l'avait signé "Patrick Sébastien" les critiques ne l'auraient pas ouvert, mis à part quelques exceptions par curiosité et/ou ne s'arrêtant pas au nom de l'auteur. Mais Sébastien a été plus loin non seulement il a pris un pseudo, il aurait pu le signer de son vrai nom, Patrick Boutot, pour montrer que ce thriller est différent de ce qu'il fait habituellement, il a également choisi de créer de toute pièce ce personnage de Lubsky, pas seulement comme d'autre écrivains, en lui inventant une vie, une famille, mais en l'incarnant, voir en "devenant" Lubsky, voir le documentaire passé sur France 2 et l'émission "On n'est pas couché", Sébastien s'est rasé la tête, a perdu du poids, a changé de voix, adopté une nouvelle démarche et même des gens le connaissant bien ne l'ont pas reconnu (ou fait semblant de ne pas le reconnaître, puisque les internautes, eux, l'ont reconnu). Sébastien n'est pas le seul à avoir publié sur un pseudo, Sébastien Japrisot (de son vrai nom Jean-Baptiste Rossi) a publié son premier polar sur ce pseudo pour le différencier de livres plus personnels, moins commerciaux, finalement, il a publié tous ses romans suivants et les scénarios qu'il a écrit sous ce nom, Romain Gary (sous le pseudonyme Emile Ajar) a obtenu son deuxième prix Goncourt (limité normalement à une seule récompense par écrivain) avec "La vie devant soi", Stephen King a utilisé le pseudonyme Richard Bachman pour publier certains de ses romans (Running Man), il a même créé une fausse biographie de Bachman, une famille, une mort, mais aucun n'a été aussi loin que Sébastien qui l'a rendu vivant.

Le roman est-il à la hauteur de la publicité? La réponse est OUI, mille fois OUI, outre l'intrigue qui est vraiment originale, les rebondissements s'enchaînent et chaque chapitre apporte une révélation qui permet de comprendre dans son intégralité l'histoire. Je ne cacherai pas que les personnages et la description du "Milieu" sont des stéréotypes des films policiers des années 60-70 ou déjà vus chez Simenon, MAIS le traitement fait par l'auteur les rend vraiment attachants et ce qui aurait été un défaut chez un autre ne l'est pas dans ce roman, ce serait même, pour moi, une qualité, c'est la même chose quand on voit un film de Belmondo (ou Delon, ou Gabin, etc.) ou un James Bond, on sait à quoi s'attendre (la James Bond girl finira toujours par coucher avec Bond, quelque soit sa personnalité et ses préférences sexuelles, il détruira toujours sa voiture, pourtant indestructible ou peu s'en faut) mais si le travail est bien fait, le spectateur prend toujours le même plaisir, c'est ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.

Comme quoi il ne faut pas juger un livre sur le nom de l'auteur, d'ailleurs il y a un code qui prouve que c'est bien Patrick Sébastien l'auteur, je révèlerai le code dans le forum quand plusieurs autres personnes l'auront lu et critiqué. Ce qui est sûr c'est que j'ai été agréablement surpris (je l'ai surtout acheté pour la publicité et pour voir si vraiment Patrick Sébastien était digne d'être lu), un de mes coups de cœur 2009.
Pourrait être adapté au cinéma 9 étoiles

Tout comme Yann35, quand j'ai su qui se cachait derrière le pseudonyme de Joseph LUBSKY, j'avoue que j'ai été peu emballée par la lecture de ce livre. Ma soeur m'a convaincu du contraire. Je reste cependant sceptique , je n'imagine pas une seconde SEBASTIEN prenant sa plume et écrire ce roman.

Qui que ce soit qui a écrit ce roman, je le conseille vivement, on ne s'ennuie pas, on se laisse emporter par l'histoire.

Cette histoire pourrait parfaitement être adaptée pour le cinéma.

A lire.

Kikounette - Nîmes - 52 ans - 21 août 2011


Attachant 6 étoiles

C'est le mot qui me reste à la fin de ce livre, attachant.
Zarkane nous enferme avec lui dès le premier chapitre, au départ de sa plongée. Les quatre murs de sa cellule sont nos œillères, il ne faut pas trop en (sa)voir - pour ne pas devenir fou.
Petit à petit, palier par palier de son apnée symbolique, nous descendons, alors que le passé remonte et avance. Sa force, ses faiblesses à travers les terribles épreuves de sa vie, le passé et le présent ont rendez vous pour une ultime confrontation. Le moment approche, on ne lâche plus zarkane !
Ce personnage s'est construit dès l'enfance une dualité psychologique en s'inventant un autre "moi" qui sera la partie méchante et dure de son être, un peu comme l'auteur a donné "corps et âme" à Joseph Lubsky et malgré l'horreur de ses actes, le petit garçon qu'il était n'est jamais vraiment absent, c'est ce qui le rend si attachant au fil des pages.
J'attends avec impatience la révélation du code, au travers duquel je suis passé, ne connaissant pas très bien Patrick Sébastien.

Philippov - - 48 ans - 15 décembre 2009


Agréablement surpris 6 étoiles

J'avoue, sachant que Patrick Sebastien était l'auteur de ce livre, j'étais quand même sceptique... Honte sur moi, car voilà une bien belle leçon : et oui, il ne faut pas se fier aux apparences.

Ce livre est un roman de genre, du genre policier et dans son genre, c'est un très bon livre ! C'est bien écrit, parfois un peu caricatural et stéréotypé mais le scénario assez captivant nous fait oublier les quelques faiblesses de style. D'ailleurs c'est globalement bien écrit. Lubsky maîtrise le genre.

Bref j'ai passé un bon moment en compagnie de ce livre que j'ai lu d'une traite.

Personnellement, j'apprécie moins le tapage médiatique autour du happening de Sebastien après la sortie du bouquin. Je pense que la qualité du livre était suffisante pour se passer de tout cela. Et s'il avait vraiment besoin de se transformer et de s'enfermer, il n'était pas obligé de se filmer et d'en faire un documentaire. Pas même obligé d'en parler...

Dans tous les cas, ça ne retire rien aux nombreuses qualités de ce polar. Je lui mets donc 3 étoiles ce qui pour moi est une très bonne note.

Yann35 - - 48 ans - 19 juillet 2009