Thèra
de Zeruya Shalev

critiqué par Maylany, le 28 mars 2009
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Beaucoup de qualités !
Vibrant, profond, vrai, alpaguant, fort, saisissant, … les qualificatifs qualitatifs ne manquent pas pour parler de Thèra.

Certes l'écriture est très déstabilisante au début du livre : la ponctuation est réduite aux uniques points et virgules ; pas de tiret ou de guillemets pour les dialogues, ni même de paragraphes distinguant les évènements ou le temps qui passe. Alors, on a un peu de mal à rentrer dans l'histoire aux premières pages et même à chaque fois qu'on reprend la lecture car il faut se réhabituer à ce style littéraire mais très rapidement on se laisse complètement empoigner et emporter par le flot des mots et par cette histoire.

L'histoire est celle d'une rupture ou plutôt de la vie après la rupture … Tellement bien écrite que toute personne ayant vécu cet évènement se retrouve dans chacun des mots de l'auteur, dans chaque tourment que traverse Ella, chaque doute qui l'assaille. Les sentiments sont extrêmement bien retranscrits, de même que la personnalité des personnages ou les différentes phases psychologiques qu'ils traversent. De plus il a la subtilité de ne jamais être prévisible et de ne jamais tomber dans les clichés.

Tout le temps de la lecture de Thèra, je suis devenue complètement boulimique, lisant à des moments et des endroits auxquels je ne lis jamais habituellement.

Avec ce livre, on se dit qu'un bon livre est un livre dont on a envie de connaître la fin alors qu'un très bon livre, tel que Thèra, donne envie de le lire à tout instant mais sans jamais arriver à la fin.
qu'il est difficile d'aimer... 4 étoiles

"Thèra" est écrit comme un long monologue, celui d'une jeune femme juive, Ella, habitante de Jérusalem. Son couple se défait, après une dizaine d'années de vie commune avec Amnon, qu'elle n'aime plus. Très attachée à son fils Guili, âgé de six ans, elle va longtemps hésiter, puis se décider, et revenir sur sa décision lorsqu'il sera malheureusement trop tard. Il y a bien sûr une suite à cette histoire assez banale, que le lecteur (patient) découvrira au fil de ce long, très long récit. Zeruya Shalev décrit par le menu toutes les sensations qui accompagnent une vie qui se cherche, au fil des rencontres, de l'attachement aux être chers, mais aussi des rancœurs et des meurtrissures qui s'accumulent au cours du temps. Une très fine analyse psychologique des rapports entre les êtres humains, qui atteint à l'universel. Hélas, quel ennui à la lecture de ce récit à une voix qui démontre au final, mais sans jamais l'avouer, que le mal-être provient souvent d'un profond égoïsme...

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 31 mars 2012