Les naufragés de l'île Tromelin
de Irène Frain

critiqué par Madame Charlotte, le 28 mars 2009
(Argelès sur mer - 48 ans)


La note:  étoiles
Nécessaire
Comme beaucoup en ce moment j’ai lu le dernier Irène Frain, proposé par Chezlesfilles.com. Plus ça va, moins j’accepte, par manque de temps ou d’intérêt, et j’essaie de résister à l’appel de la découverte gratuite qui apparait dans la boîte aux lettres. Je n’accepte donc plus que des livres qui a priori m’emballent vraiment. Ce fut le cas pour celui-ci, car j’avais lu Le Nabab il y a des années, et j’étais tombée sous le charme de l’auteur, un vrai voyage ! J’ai donc vu là l’occasion de me plonger dans un univers qui m’attire depuis toujours mais que bizarrement je n’ai pas encore tellement lu. Les récits de marins, les romans historiques, j’aime ! Donc voilà, je n’ai pas résisté et j’en suis bien aise !

Tout d’abord, je m’attendais à un livre plus porté sur le romanesque, à l’image de mon souvenir du Nabab, tout en me demandant comment Irène Frain avait bien pu s’y prendre pour broder autour de faits dont finalement on sait trop peu de choses. Et très vite j’ai compris, elle a opté pour l’historique à tout pris, en utilisant le présent et beaucoup de conditionnel. Elle prend tout d’abord le temps de nous présenter l’île, comme un personnage à part entière et on plonge ainsi dans l’ambiance très vite. Ses descriptions sont saisissantes et on imagine bien le cadre hostile qui attend les futurs protagonistes.

À partir des rares archives elle relate sous une forme sobre et passionnante cet épisode honteux, ni tout à fait un roman, ni tout à fait un document. Elle se penche plus sur l’évolution des Blancs (en tous cas certains) qui finissent par voir les Noirs comme des humains, que sur ce qui aurait pu passionner les foules en manque de sensations. En s’en tenant principalement aux faits connus, on assiste à un drame dont l’étendue ne pouvait être appréhendée que par des marins de l’époque. Faire naufrage, loin de tout, sur une île qui n’a même pas d’existence officielle, est synonyme de mort certaine. Sans doute moins de nos jours, mais à l’époque du récit, une rencontre avec un récif inattendu pouvait tourner au cauchemar. Bref, voilà pour l’ambiance, ajoutez à cela un îlot franchement pas accueillant et des hommes pas très scrupuleux, et le tout donne une situation des plus oppressantes, géographiquement et humainement.

Suite au naufrage de l’Utile les Blancs et les Noirs vont se retrouver dans le même bateau (attention jeu de mot !), et chacun devra gérer à sa manière son traumatisme du naufrage, puis la tentative d’évasion de l’île. Deux peuples, l’un opprimant l’autre, qui partagent un même instinct de survie, ça laisse des traces. Les personnages principaux des événements (les acteurs dont on en sait le plus) se verront transformés par l’expérience. Castellan, le premier lieutenant, le héros qui revint de l’île avec son équipage mais laissa les Noirs derrière lui, n’aura de cesse de tenir sa promesse de revenir les chercher. Malgré ses efforts et son insistance il faudra quinze ans pour que quelqu’un s’intéresse à ce bout de corail menaçant. Quinze ans pour sauver les derniers naufragés, sept femmes et un bébé.
L’auteur ne brode rien non plus autour des quinze ans de solitude des Noirs laissés sur l’île. On ne saura que ce qui a été découvert lors des missions archéologiques menées sur l’île. Bien peu de choses donc, mais suffisamment pour rester admiratif devant tant de persévérance et d’espoir.Les quelques indices laissés par les naufragés suffisent à deviner leur étonnant instinct de survie, leur volonté et leur dignité d’hommes et de femmes livrés à eux-mêmes loin de tout.

Plus qu’une histoire de naufrage, ou de marins, c’est une histoire de trahison involontaire de la part d’un homme qui découvre une humanité chez des individus jusque là considérés comme du bétail. Une histoire d’espoir et de volonté de vivre, malgré la trahison, l’isolement et le dénuement total
Bien. 6 étoiles

Pour mon premier contact avec Irène Frain , je ne peux pas me plaindre, je ne me suis pas ennuyée ...
L'histoire est bien triste, et pour les esclaves laissés sur l'île et aussi pour Castellan, le premier lieutenant, l'homme aux yeux couleur de pluie comme l'appellent les "noirs". En effet, (attention spoiler!) cet homme a dû regretter tout le reste de sa vie de n'avoir pu tenir sa promesse de venir les rechercher... Malheureusement on n'en sait pas beaucoup plus sur ce que fut sa vie après...

Palmyre - - 62 ans - 30 juillet 2015


Le fond et la forme 5 étoiles

Livre très intéressant, au contenu passionnant, ce qui m'a permis de le terminer. Contrairement à certains, je ne me suis pas ennuyé, j'ai aimé avoir les détails sur le contexte historique et politique, j'ai apprécié les descriptions permettant de vivre le naufrage, d'en comprendre les raisons ainsi que de découvrir l'endroit où se trouvaient les naufragés.

C'est un documentaire, un livre historique et non pas un roman ou un livre sentimental. Sur ces derniers points, je trouve que là aussi l'auteur a su trouver un juste équilibre, ce livre n'est pas froid comme un témoignage historique pur et dur.

En dehors de son contenu, il est vrai que ce livre sera marqué d'une croix dans ma carrière de lecteur. J'ai rarement rencontré jusqu'alors un livre aussi mal écrit, d'ailleurs peut on parler d'écriture ? Aucun respect de la structure grammaticale ! Les coordinations et les pronoms relatifs, tout ce qui est connecteur logique est utilisé sans logique. Il faut revenir sans cesse sur la phrase pour essayer de la comprendre. Une catastrophe sur ce point... mais le livre reste à lire cependant. Il faut faire l'effort.

Peut être faut-il y voir un sens second ? L'écriture est un naufrage et il faut s'accrocher pour survivre, à l'image de ces fameux naufragés ?

Ma note... je vais la scinder en deux parties
Le fond (contenu, trame, recherche) : 15
La forme (écriture) : 5

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 1 janvier 2014


L'honnêteté intellectuelle doit être saluée ! 10 étoiles

Pour apprécier ce livre (que j'ai trouvé passionnant) il faut admettre une chose fondamentale : c'est une histoire vraie mais ancienne dont les traces documentaires et matérielles étaient rares ou inaccessibles. L'auteur a voulu reconstituer me semble-t-il, avec la rigueur intellectuelle d'une archéologue, une aventure humaine et inhumaine d'intérêt philosophique sans trahir la vérité et sans trop la romancer. Bravo, Madame Irène Frain, pour votre rigueur intellectuelle et votre belle "plume"!
Coup de chapeau au Capitaine de vaisseau Max Guérout, signataire de la postface sur la mission archéologique, pour sa décisive contribution.
Enfin, UN CONSEIL AUX FUTURS LECTEURS qui donneraient une certaine priorité au "suspense", NE PAS LIRE L'AVANT-PROPOS au début, mais APRES la postface.

Gilles-Valentin2 - - 78 ans - 20 janvier 2013


mou 2 étoiles

Malheureusement je n'ai pas réussi à aller au bout de cette histoire. J'ai malheureusement écourté cette découverte à plus de la moitié du livre; je n'ai pas accroché au style de l'auteur et je trouve que l'histoire ne décolle jamais.
Pourtant le sujet m'attirait et j'ai essayé à maintes reprises de reprendre goût mais en vain !

Gardigor - callian - 46 ans - 27 novembre 2012


l'île flottante, un soufflé qui ne prend pas 3 étoiles

Je fondais beaucoup d'espoir sur cette lecture, le sujet semblait passionnant et on m'avait dit tant de bien d'Irène Frain que je me faisais une joie de me lancer dans ce roman
au bout du compte la déception l'emporte.
Le roman met du temps à démarrer et ne le fait vraiment qu'une fois le naufrage digéré.
La première partie, celle qui nous amène au naufrage, se résume à un gentil conflit entre le capitaine et son premier lieutenant pour savoir quelle carte est la bonne.
Les naufragés sont, parait-il, restés 57 jours sur cette île, 57 jours traités en une petite centaine de pages où ne transparaissent, ni le découragement, ni l'espoir, où on ne discerne à aucun moment les rivalités, les haines ou les jalousies.
Les rapports blancs, noirs sont directement mis de côté et sont donc, pour ainsi dire, inexistants
le vent qui semble être un invité permanent ne rend pas fous les naufragés.
On n'a aucune notion de ces corps poisseux d'eau de mer et de sueur.
Ce roman est traité comme une chronique, où il n'y a de place ni pour les sentiments ni les envolées lyriques, Il me fait l'effet d'être une fausse bonne idée de l'auteur qui n'a pas eu l'inspiration nécessaire pour la traiter mais de peur de se la faire piquer, a préféré écrire ce roman sans envergure , plutôt que de la voir traitée par un autre.
Dommage

Pytheas - Pontoise - Marseille - 59 ans - 4 septembre 2012


Une bien triste histoire mais un style horripilant… 5 étoiles

Je l’avoue j’ai eu beaucoup mal à rentrer dans le livre … Je ne sais pas si cela tient au style d’Irène Frain, auquel j’ai eu beaucoup de mal à adhérer ou si cela tenait au fait qu’on a parfois du mal à éprouver de la compassion pour les naufragés (sauf pour les esclaves bien entendu mais ils sont loin d’avoir la part belle dans ce récit car très peu de pages leur sont consacrées, ce qui est, je trouve fort préjudiciable).
Mais autres temps, autres mœurs et ce qui nous paraît intolérable aujourd’hui (l’abandon des Noirs sur l’Ile alors qu’ils ont activement œuvré à la construction du nouveau bateau … Quelle horreur !) ne l’était pas à l’époque de ce terrible naufrage.
Au final, j’ai parfois trouvé la lecture assez laborieuse car l’auteur nous donne moult détails historiques qui alourdissent son roman (j’ai même quelque fois songé à abandonner ma lecture…), mais je pense que cette page d’histoire peu glorieuse méritait d’être racontée au plus grand nombre.

Monde imaginaire - Bourg La Reine - 51 ans - 9 novembre 2011


A lire 9 étoiles

Après un démarrage un peu lent et un style littéraire puissant auquel il faut un peu s'habituer, ce livre nous emporte sur cet îlot inhospitalier au possible et nous fascine dans le récit du combat de ces naufragés pour sortir de leur isolement. On s'y voit vraiment à chaque instant, on sent presque le vent et les embruns salés sortir des pages. La tragédie des esclaves hante le lecteur longtemps après avoir fermé le livre.

Un roman historique d'une grande qualité. Irène Frain a fait partie de l'équipe de recherches historiques et s'en rendue sur place, ce qui rend le récit hautement réaliste.

J'ai beaucoup aimé.

Sternutatoire - - 55 ans - 28 septembre 2010


Plus un livre historique qu'un roman 8 étoiles

L'auteure romance légèrement certains passages du livre mais ce n'est que pour en faire ressortir le drame humain de toutes les archives qui ont pu être retrouvées sur le sujet. Le classement de ce livre dans la catégorie "roman" peut induire le lecteur en erreur. Ici, il ne s'agit pas d'un énième Robinson Crusoë mais bien d'un évènement historique méconnu et ressorti de l'oubli pour nous rappeler l'horreur, pas toujours très lointaine, de l'esclavage. Certes, on peut regretter qu'il manque certains passages mais il est tout à l'honneur d'Irène Frain de ne pas avoir inventé ce dont elle n'avait pas trace. Pour ma part, ce fut un bon moment de lecture, culturellement enrichissant.

MEISATSUKI - - 47 ans - 21 juillet 2010


Soporifide 3 étoiles

Soporifide, néologisme issu de la rencontre du soporifique et de l'insipide.

On peut vouloir faire un roman historique si l'on ne sacrifie pas le roman sur l'autel des faits historiques. Je ne qualifierai donc pas cet ouvrage de "roman". Je ne sais si l'échec narratif est du à l'incompétence de l'auteur ou à la volonté d'insérer des éléments historiques ou géographiques (qui sont donc parfois absolument étranger à la notion de trame ou de dynamique du développement d'un récit...). Toujours est-il que "les naufragés de l'île Tromelin" n'a pas su retenir mon attention ou éveiller ma curiosité.
Si encore les apports historiques étaient passionnants, on pourrait être indulgent avec cette difficulté de créer une fiction captivante en respectant les données documentaires. Mais non. Moults détails sur les positionnements géographiques ou sur l'historique lié à l'île auront eu raison de ma patience et généré un ennui soporifide.

A conseiller à tous les insomniaques !

Oguz77 - - 46 ans - 26 novembre 2009


Quel talent ! 10 étoiles

Si les événements racontés sont eux mêmes extraordinaires, la narration qu'en fait Irène Frain est passionnante.
Son talent m'avait déjà impressionnée dans l'histoire de Dévi, mais dans ce livre, à plus de deux siècles de distance, nous faire partager ou imaginer ce qu'ont pu vivre les naufragés, est formidable.
Entre les recherches historiques et les suppositions des réactions ou des caractères des survivants, on est captivé du début à la fin.
Aller voir les photos sur le site, surtout celle de l'île et des vagues, même si elles nous laissent un peu sur notre faim, permet de mesurer l'exploit de ces hommes du XVIII°.
Bravo Madame Frain.

Marvic - Normandie - 65 ans - 28 juillet 2009


Bof 6 étoiles

Synopsis de l'éditeur :

Un minuscule bloc perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves.
Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir. Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher.
Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.


Mon avis :

Une jolie couverture qui m'avait attiré un peu comme un hameçon. "Mais non, Marco, c'est une ancre !". En lisant le quatrième de couverture, je m'attendais à lire le récit romancé de la survie des esclaves... Que nenni : j'ai eu plutôt droit à un compte-rendu assez insipide sur la découverte de cette île par des explorateurs successifs, des précisions interminables sur les positionnements géographiques dont je me fichais totalement et surtout un historique de naufrages où je me suis moi-même un peu noyé.

Le vocabulaire est très fouillé, on sent qu'on parle de marins et de leurs équipements mais j'avais plutôt l'impression de découvrir un documentaire que de lire un roman. A cela s'ajoute un 'tic' énervant (à mes yeux, of course) : les phrases sans verbe du genre "Sacro-sainte, la parole d'un capitaine", "Insoutenable, cette idée", etc. Une fois de temps en temps, pourquoi pas, mais lorsque cela devient récurrent, c'est tout de même un peu agaçant et cela appauvrit le style.

Quant à la survie des esclaves, elle est mentionnée. Point barre. On ne saura jamais comment ont fait ces huit personnes pour survivre tant d'années. Pas un mot sur ce qui se passe sur l'île au retour des Blancs, juste les tractations concernant la recherche d'une aide pour aller chercher les Noirs.

Bref, je n'ai pas aimé : trop plat et narratif pour moi. J'avais d'autres attentes. J'ai trouvé qu'il y avait trop de remplissages.

En conclusion, je dirais que Les naufragés de l'île Tromelin est une sorte de documentaire sur la découverte d'une île et l'abolition de l'esclavage qu'un naufrage sur ses rivages aura favorisée.

A la fin du bouquin, l'auteur nous donne accès à des photos : http://www.lesnaufragesdeliletromelin.fr

Marc Florian - - 54 ans - 30 mai 2009